Honduras

RÉPUBLIQUE DU HONDURAS
CAPITALE : Tegucigalpa
SUPERFICIE : 112 088 km_
POPULATION : 6,9 millions
CHEF DE L’ÉTAT et du GOUVERNEMENT : Ricardo Maduro
PEINE DE MORT : abolie
CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : non signé

Des enfants et des jeunes gens, dont certains étaient placés en détention, ont été tués par des policiers, des gardiens de prison ou des personnes non identifiées ; certains ont pu être victimes d’exécutions extrajudiciaires. Des défenseurs des droits humains ont été menacés, harcelés, voire tués. Des membres de groupes indigènes ont été en butte à des actes de torture et de harcèlement, ainsi qu’à des menaces. Des fonctionnaires de la police nationale ont pris part à des violations présumées des droits humains.

Contexte
Des manifestations populaires de grande envergure ont été organisées pour protester contre les conditions de vie désastreuses, les menaces pesant sur les services publics essentiels, la politique du gouvernement et les nouvelles lois. Diverses études ont montré que plus de 60 p. cent de la population vivait dans la pauvreté et que 36 p. cent des enfants souffraient de malnutrition.
Le Congrès national a approuvé une modification du Code pénal introduite pour apporter une réponse au problème des crimes commis par les « maras » (bandes de jeunes) mais qui, dans les faits, imposait d’importantes restrictions au droit à la liberté d’association, en violation de la Constitution et des instruments internationaux auxquels le Honduras est partie.

Enfants et jeunes gens
Les homicides d’enfants et de jeunes gens, perpétrés dans des circonstances faisant parfois penser à des exécutions extrajudiciaires, se sont poursuivis. Plus de 500 nouveaux cas ont été signalés au cours de l’année. Les autorités ont lancé plusieurs initiatives en vue d’enquêter sur ces homicides. Si elles ont reçu un large écho dans les médias, ces mesures ne se sont pas révélées aussi efficaces que prévu : seuls quelques responsables présumés d’homicides commis dans le passé ont été traduits en justice. Toutefois, la police semblait avoir commencé à prendre des dispositions dans quelques affaires plus récentes. Signe d’une évolution positive, des mesures ont été adoptées durant le second semestre en vue de mettre en place à l’échelle nationale un programme de protection des témoins.
Au mois d’avril, dans la prison El Porvenir, à La Ceiba (département d’Atlántida), 69 personnes ont été tuées. Parmi elles figuraient 29 jeunes hommes et garçons, ainsi que trois visiteurs ; de nombreuses autres personnes ont été blessées. Les autorités ont tout d’abord indiqué que ces événements avaient été déclenchés par une émeute et une bagarre entre les membres d’un gang et d’autres détenus. Selon les informations recueillies, toutefois, 61 des 69 morts appartenaient au même gang. Certaines victimes avaient été décapitées et bon nombre de corps ont été retrouvés carbonisés dans des cellules fermées. Malgré toute une série de promesses et d’enquêtes officielles, à la fin de l’année, personne n’avait été placé en détention ni déféré à la justice dans le cadre de cette affaire.

Défenseurs des droits humains
Un défenseur des droits humains a été tué et de nombreux autres ont fait l’objet de menaces et d’actes de harcèlement. Parmi les personnes visées figuraient des membres du Centro de Prevención, Tratamiento y Rehabilitación de las Víctimas de la Tortura y sus Familiares (CPTRT, Centre de prévention, de traitement et de réadaptation pour les victimes de torture et leur famille), qui enquêtaient sur les morts signalées à la prison El Porvenir, des membres du Comité de Familiares de Detenidos Desaparecidos de Honduras (COFADEH, Comité des familles de détenus « disparus » du Honduras), qui s’était opposé à la Loi relative à lutte contre les « maras », ainsi que la fille du coordonnateur général de ce Comité, âgée de neuf ans.
_En juillet, Carlos Arturo Reyes, un défenseur de l’environnement âgé de vingt-trois ans, a été abattu dans l’arrière-cour de sa maison, dans la municipalité d’El Rosario. Des témoins ont vu trois hommes lourdement armés prendre la fuite. Peu de temps auparavant, l’organisation Pastoral Social, pour laquelle travaillait Carlos Arturo Reyes, avait changé le lieu de son affectation en raison des menaces de mort qu’il avait reçues. D’autres personnes impliquées dans des activités de protection de l’environnement dans le département d’Olancho ont été harcelées et menacées, notamment Gilberto Flores, Orlando Nájera et le père Osmín Flores. Un groupe de personnes influentes issues du secteur de l’exploitation forestière aurait enjoint au père José Andrés Tamayo de quitter le pays.
En novembre, le journaliste Germán Antonio Rivas a été assassiné à Santa Rosa de Copán (département de Copán) par un individu non identifié qui l’a abattu d’une balle dans la tête devant son bureau. Directeur général de la chaîne de télévision Canal 7, de la Corporación Maya Visión, il avait mené une enquête sur une compagnie minière qu’il avait publiquement dénoncée, affirmant que son usine rejetait du cyanure et mettait ainsi à mal l’environnement et l’alimentation en eau de la population de Santa Rosa de Copán. L’entreprise avait alors été condamnée à une amende par le ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles. Germán Antonio Rivas avait échappé à une précédente tentative d’assassinat au mois de février.

Violence contre les femmes
Plusieurs femmes, surtout des femmes jeunes, ont été assassinées, décapitées et démembrées, la plupart à San Pedro Sula (nord du Honduras). Dans certains cas, les victimes ont été abattues d’une balle dans la tête ; dans d’autres, elles ont été tuées à l’aide de couteaux ou d’autres armes blanches. La police a ouvert des enquêtes, qui n’ont guère progressé, et personne n’a été déféré à la justice.
La violence domestique, qui touchait plusieurs centaines de femmes, a coûté la vie à au moins une centaine d’entre elles. Toutefois, les autorités n’ont pas mené d’enquêtes satisfaisantes ni traduit les responsables en justice.
Selon certaines informations, des femmes et des enfants ont été victimes d’une traite d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle tant à l’intérieur du Honduras que dans d’autres pays d’Amérique centrale, aux États-Unis et au Canada.

Populations indigènes
Les communautés indigènes ont été victimes d’atteintes aux droits humains, dont des actes de torture.
_Au mois de janvier, des policiers et des civils armés, faisant usage de gaz lacrymogène et tirant en l’air et sur la maison de Marcelino Miranda, sont venus chercher les frères Marcelino et Leonardo Miranda, dirigeants indigènes du Consejo Cívico de Organizaciones Populares e Indígenas (COPIN, Conseil civique d’organisations populaires et indigènes), dans la communauté lenca, à Montaña Verde (département de Lempira). Leurs proches, dont une fillette, auraient été menacés avec des armes à feu lors de cette interpellation.
Tandis qu’ils étaient conduits à la prison de Gracias, les deux frères auraient été battus. Leonardo Miranda a été frappé d’un coup de couteau à la tête, et on leur a écrasé des cigarettes sur les oreilles. Les policiers auraient menacé de les tuer tous les deux. Plus tard, ils ont immergé plusieurs fois la tête de Leonardo Miranda dans de l’eau. En avril, ils ont de nouveau été torturés par trois membres de l’unité Cobra, groupe d’élite de la police nationale. Au mois de juin, un policier aurait visé de son arme à feu Leonardo Miranda à la tête, menaçant de le tuer s’il n’« avouait » pas les faits qui lui étaient reprochés. Il a apparemment placé devant lui une feuille de papier vierge, que Leonardo Miranda aurait refusé de signer.
Au mois de septembre, les chefs d’inculpation pesant sur 21 policiers pour torture, abus de pouvoir et coups et blessures n’ont pas été retenus, en dépit de rapports médicaux attestant de violences physiques. Le 16 décembre, les deux frères ont été condamnés à vingt-cinq ans d’emprisonnement. Amnesty International craignait qu’ils n’aient pas bénéficié d’un procès équitable. De février à septembre, leur avocat, Marcelino Martínez Espinal, a été en butte à divers actes d’intimidation.

Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres
Les lesbiennes, les gays et les personnes bisexuelles et transgenres (LGBT) ont été victimes de discrimination et d’atteintes à leurs droits fondamentaux.
Elkyn Suárez Mejía, également connue sous le nom de China, une personne transgenre de la Comunidad Gay Sampedrana (Communauté gay de San Pedro Sula), qui milite en faveur de la défense des droits des LGBT, a été menacée de mort par deux policiers impliqués dans le meurtre d’Erick David Yáñez, alias Ericka, commis en juillet. Le témoignage de China concernant l’homicide avait permis de procéder, fin juillet, à l’arrestation de deux policiers, qui ont été inculpés de meurtre et de complicité de meurtre. China s’était vu accorder une protection policière. L’un des deux agents s’est toutefois évadé à la mi-août, ce qui compromettait la sécurité de China. La protection dont elle bénéficiait a ensuite été levée et, craignant pour sa sécurité, China a quitté le pays. Le procès des deux policiers accusés d’être mêlés à la mort d’Ericka n’avait pas encore débuté à la fin de l’année.

Cour pénale internationale
Au mois de mai, le gouvernement a ratifié un accord d’impunité avec les États-Unis par lequel le Honduras s’engageait à ne pas déférer à la Cour pénale internationale les ressortissants américains qui seraient accusés de génocide, de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité. Ce type d’accord est contraire aux obligations qui incombent à l’État hondurien en vertu du droit international.

Autres documents d’Amnesty International

Honduras. Tolérance zéro ... pour l’impunité. Exécutions extrajudiciaires d’enfants et de jeunes depuis 1998 (AMR 37/001/2003).
Honduras : Amnesty International demands an investigation by the authorities into the murder of a journalist (AMR 37/021/2003).

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