Maldives

RÉPUBLIQUE DES MALDIVES
CAPITALE : Malé
SUPERFICIE : 298 km_
POPULATION : 0,32 million
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Maumoon Abdul Gayoom
PEINE DE MORT : abolie en pratique
CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifiée avec réserves
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : non signé

La répression de l’opposition politique, pourtant pacifique, s’est poursuivie. Cette année encore, des détracteurs du régime ont été placés en détention ou condamnés à des peines d’emprisonnement à l’issue de procès iniques ; certains d’entre eux étaient considérés comme des prisonniers d’opinion. Des mesures ont été prises pour remédier, au moins en partie, aux graves failles de la justice pénale.

Contexte
La liberté de la presse a subi de nombreuses restrictions et les partis politiques n’ont pu exercer leurs activités. Le gouvernement a refusé d’admettre la moindre responsabilité dans les très nombreuses violations des droits humains qui ont été commises. À la fin du mois de septembre, des manifestations sans précédent ont mis en évidence la colère croissante de la population face à l’absence de respect des libertés fondamentales. Maumoon Abdul Gayoom a été élu président pour un sixième quinquennat consécutif à l’issue d’un référendum organisé au mois d’octobre. En décembre, en réaction à la vague de manifestations qui avait eu lieu deux mois plus tôt, la Commission des droits humains des Maldives a été instaurée par décret présidentiel, avec pour mission de protéger et de promouvoir les droits humains dans le pays.

Prisonniers d’opinion et arrestations massives
Au moins six prisonniers d’opinion purgeaient toujours les longues peines auxquelles ils avaient été condamnés à l’issue de procès contraires aux règles d’équité les plus élémentaires. Au nombre de ces détenus figuraient Fathimath Nisreen, dont les dix ans de réclusion ont été réduits à cinq ans et qui a été transférée en décembre sur une île éloignée, où elle a été « mise en résidence forcée » pour le restant de la peine ; Mohamed Zaki et Ahmed Ibrahim Didi, dont les condamnations à la détention à perpétuité ont été commuées en décembre à quinze années d’emprisonnement ; Naushad Waheed, qui purgeait une peine de quinze ans d’emprisonnement, ainsi qu’Ibrahim Fareed, dont Amnesty International ignorait où il se trouvait à la fin de l’année.
À la suite des manifestations d’une ampleur inédite qui se sont déroulées en septembre dans la capitale, Malé, de très nombreuses personnes ont été victimes d’arrestations arbitraires et soumises à des interrogatoires. Ce mouvement de protestation a été déclenché par la mort d’un détenu de la prison de Mafushi, qui a succombé aux coups reçus alors qu’il était entre les mains de la Sécurité nationale, et par le fait que l’on a tenté d’enterrer son corps en secret. Le 20 octobre, de hauts responsables de la police ont affirmé avoir remis en liberté 95 des 121 personnes arrêtées au lendemain des manifestations. Toutefois, d’après certaines sources, le nombre d’interpellations s’élevait à plus de 300 et des enfants se trouvaient parmi les personnes appréhendées, de même que l’artiste et réalisatrice Jennifer Latheef. Cette femme, considérée comme une prisonnière d’opinion, attire l’attention dans son travail sur le caractère endémique des violences sexuelles et s’était montrée critique à l’égard de la politique gouvernementale et de la censure. Jennifer Latheef et les autres personnes appréhendées après les protestations ont recouvré la liberté le 9 décembre, mais la réalisatrice maldivienne s’est vu signifier une interdiction de sortie du territoire.

Torture, mauvais traitements et homicides commis par les forces de sécurité
Des cas d’actes de torture et de mauvais traitements infligés à des personnes privées de liberté ont, cette année encore, été signalés au siège de la police de Malé, au centre de détention de Dhoonidhoo et à la prison de Mafushi. Au moins deux détenus de la prison de Mafushi sont morts des suites de passages à tabac infligés par des agents de la Sécurité nationale. La plupart des prisonniers étaient mal nourris et n’avaient pas accès aux soins médicaux ; selon certaines sources, ils n’osaient se plaindre par crainte d’être frappés. Des détenus ont été violemment battus ou sont restés enchaînés durant plusieurs jours d’affilée. D’autres n’ont pas reçu de soins médicaux alors que leur état de santé se dégradait.
Hassan Evan Naseem est mort le 19 septembre après avoir été frappé par un membre de la Sécurité nationale à la suite d’une altercation avec un gardien de prison. C’est la nouvelle de sa mort qui a déclenché une émeute à la prison de Mafushi puis les manifestations à Malé.
Abdulla Amin est mort à la prison de Mafushi après que des membres de la Sécurité nationale eurent ouvert le feu sur des détenus qui se rebellaient, le 20 septembre. Des dizaines d’autres prisonniers ont été blessés par balles. Douze détenus blessés, peut-être plus, ont été transférés à Sri Lanka pour y recevoir des soins. Trois d’entre eux sont morts des suites de leurs blessures. Les autres n’auraient pas été soignés comme leur état le nécessitait. Alors qu’ils auraient dû être conduits à l’hôpital, plusieurs d’entre eux ont été retenus à l’aéroport de Malé ou à la prison.
Le président Gayoom a ordonné l’ouverture d’une enquête sur la mort d’Hassan Evan Naseem et sur les coups de feu tirés dans l’établissement pénitentiaire. À la suite de ces investigations, un certain nombre de membres de la Sécurité nationale ont été arrêtés. Le 29 décembre, le chef de l’État a annoncé qu’il avait reçu le rapport de la commission d’enquête qui, a-t-il déclaré, serait publié avant la fin du mois de janvier 2004. Il a affirmé qu’il « étudierait le rapport et adopterait les mesures nécessaires ».

Violence contre les femmes
Le gouvernement semblait avoir reconnu la nécessité d’adopter une loi destinée à protéger les femmes des violences, domestiques et autres. D’après les informations reçues, un avant-projet de loi dans ce sens était en cours de rédaction fin 2003.

Autres documents d’Amnesty International

Maldives : Repression of peaceful political opposition (ASA 29/002/2003).

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