Kirghizistan

RÉPUBLIQUE KIRGHIZE
CAPITALE : Bichkek (ex- Frounzé)
SUPERFICIE : 198 500 km_
POPULATION : 5,1 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Askar Akaïev
CHEF DU GOUVERNEMENT : Nikolaï Tanaïev
PEINE DE MORT : maintenue, mais un moratoire sur les exécutions est en vigueur depuis 1998
CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR L’ÉLIMINATION DE TOUTES LES FORMES DE DISCRIMINATION À L’ÉGARD DES FEMMES : ratifié

Des femmes qui manifestaient pour obtenir justice en faveur de membres de leur famille, victimes en 2002 de violences policières, ont été arrêtées par les forces de sécurité et auraient été maltraitées. Cette année encore, les tribunaux ont condamné pour diffamation des journaux indépendants critiques envers le gouvernement, leur ordonnant de verser d’importantes sommes à titre de dommages et intérêts. Un journaliste qui enquêtait sur une affaire de corruption présumée est mort dans des circonstances suspectes.

Contexte
Le président de la République a remplacé en janvier le Conseil des réformes constitutionnelles par un groupe d’experts chargé d’accélérer la rédaction des modifications de la Constitution. Un référendum national portant sur ces modifications s’est déroulé deux semaines plus tard, début février. Cette consultation aurait donné lieu, selon certains, à de graves irrégularités. Des observateurs auraient notamment été victimes d’actes d’intimidation dans les bureaux de vote.
Le chef de l’État a entériné en novembre une série de modifications du Code pénal qui visaient à reconnaître en la torture une infraction à part entière. Le moratoire sur la peine de mort, décrété en 1998, a été prolongé jusqu’à la fin de 2003. En novembre, la Cour suprême a officiellement interdit le Hizb-ut-Tahrir (Parti de la libération), parti politique islamiste qu’elle a qualifié d’« extrémiste ».

Usage abusif de la force par la police
En mai, la police de Bichkek a dispersé une manifestation pacifique organisée par le Comité des mères et des épouses des victimes d’Aksy, de création récente. Les manifestantes entendaient protester contre l’acquittement en appel de trois membres des forces de sécurité, condamnés en décembre 2002 à des peines d’emprisonnement pour leur participation à la fusillade qui, au mois de mars précédent, avait fait plusieurs morts lors d’une manifestation tenue dans le district d’Aksy. Une commission gouvernementale avait pourtant conclu que le recours à la force par les organes responsables de l’application des lois avait été une « erreur ». Les femmes arrêtées, âgées pour la plupart, ont été retenues au poste de police pendant une dizaine d’heures. Elles auraient été menacées et humiliées par des policiers. L’une d’elles au moins aurait été frappée. À leur libération, 18 de ces femmes ont entamé une grève de la faim, exigeant de rencontrer le président Askar Akaïev pour lui demander directement que justice soit faite. Elles ont mis fin à leur mouvement après avoir reçu l’assurance, de la part du secrétaire général de la Présidence, que leur requête serait transmise au chef de l’État.

Attaques contre la presse
Les tribunaux ont, cette année encore, condamné pour diffamation des journaux indépendants qui avaient formulé des critiques à l’égard du gouvernement ou publié des allégations de corruption ou d’abus de pouvoir. Ces journaux ont dû verser des sommes importantes à titre de dommages et intérêts. L’imprimerie de l’État aurait refusé de tirer plusieurs journaux indépendants parce qu’ils exprimaient des opinions considérées comme hostiles au gouvernement. Un journaliste qui enquêtait sur une affaire de corruption présumée est mort dans des circonstances mystérieuses.
Le journal indépendant Moïa Stolitsa Novosti a été contraint de fermer en juin, après avoir été poussé à la faillite à la suite d’une décision de justice. Jugé pour diffamation, il avait été condamné à verser une forte somme d’argent à titre de dommages et intérêts. Le Moïa Stolitsa Novosti avait fait l’objet de plus d’une trentaine de plaintes en diffamation pour une série d’articles critiquant de hauts responsables gouvernementaux ou dénonçant des affaires de corruption ou d’escroquerie présumée, tant dans la fonction publique que dans le secteur privé. Au mois de janvier, la journaliste Alexandra Tchernykh, fille de la responsable de la rubrique politique du journal, Rina Prijivoït, avait été agressée et violemment frappée. En juin, la voiture d’Alexandre Kim, directeur de la publication et rédacteur en chef, a été incendiée.
Le corps d’Ernis Nazalov, vingt-sept ans, correspondant du journal Kirghiz Roukhou, aurait été retrouvé le 15 septembre dans un canal de la région de Kara-Suu. Selon le ministère de l’Intérieur (MVD), une première autopsie n’aurait révélé aucun signe de violence et les enquêteurs auraient conclu que le jeune homme était mort accidentellement par noyade. Son père a cependant affirmé que l’une des mains de son fils avait été fracturée et portait des marques de coups de couteau. D’après des collègues d’Ernis Nazalov, celui-ci enquêtait au moment de sa mort sur une affaire de corruption à un haut niveau et s’apprêtait à publier les résultats de ses investigations. Il était à craindre que sa mort ne soit liée à ses recherches. Le ministère de l’Intérieur a confirmé que le journaliste avait été agressé deux semaines avant sa mort par des inconnus qui lui avaient dérobé des documents relatifs à cette enquête.

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