Principaux événements survenus entre janvier et avril 2004

Arabie saoudite

Les violents affrontements entre les forces de sécurité saoudiennes et des groupes armés se sont poursuivis pendant le premier trimestre 2004 dans différentes régions du pays. Plusieurs personnes, dont des agents de police, auraient été tuées ou blessées. Selon certaines sources, un grand nombre d’armes et d’explosifs ont été saisis. En avril, trois attentats-suicides ont eu lieu à Riyad, Djeddah et Yanbu, tuant plusieurs civils, ainsi que des membres des forces de sécurité.
Au cours du premier trimestre également, des centaines de membres présumés d’Al Qaïda auraient été arrêtés à différents endroits. Le 16 mars, des intellectuels réformistes saoudiens ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à publier un communiqué critiquant le processus de réforme. Ils auraient été détenus dans les locaux d’Al Mabahith Al Amma (Renseignements généraux), à Riyad. Plusieurs d’entre eux ont été relâchés depuis, mais au moins trois hommes ont été maintenus en détention. Le 9 mars, le roi d’Arabie saoudite, Fahd bin Abdul Aziz al Saoud, a annoncé la création d’une Association nationale des droits humains. Cet organisme est constitué de 41 membres fondateurs, dont dix femmes.

Iran

Le système discriminatoire du gozinesh (sélection), un ensemble de règlements permettant notamment d’interdire à certaines personnes de postuler pour un emploi dans le secteur public en fonction de leurs opinions politiques présumées, a été utilisé pour exclure des milliers de candidats potentiels des élections législatives du 20 février. Ce système a également été appliqué à des membres et dirigeants syndicaux, et il a provoqué une incapacité générale à désamorcer les conflits d’intensité croissante qui sont survenus dans le monde du travail. L’un de ces conflits a fait au moins quatre morts dans la province de Kerman, lors d’une intervention des forces de l’ordre. Un grand nombre de personnes - souvent des étudiants ou des ouvriers - ont été interpellées à la suite de diverses manifestations dénonçant des problèmes spécifiques d’ordre régional. On ignore si ces arrestations ont été suivies d’inculpations.
Les autorités judiciaires ont continué à restreindre la liberté d’expression et d’association : de nombreux journalistes ont été cités à comparaître, inculpés et emprisonnés. En avril, Ensafali Hedayat a été condamné à une peine de prison à Tabriz, en Azerbaïdjan occidental. Cette sentence a été confirmée au mois de mai. En février, Mohsen Mofidi est mort des suites d’une flagellation. Il avait été condamné à ce châtiment à la suite d’infractions mineures. En janvier, Mohammad Mohammadzadeh a été exécuté pour un meurtre qu’il avait commis alors qu’il était mineur. Il s’agirait de la huitième exécution de mineur délinquant en Iran depuis 1990.

Irak

En avril et mai, des informations ont fait état de nombreux cas de torture et de mauvais traitements pratiqués par les forces de la coalition sur des prisonniers irakiens. Le 7 mai, la secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, a adressé une lettre ouverte au président des États-Unis, George W. Bush, dans laquelle elle déclarait notamment que les violations des droits humains imputées au personnel militaire de la prison d’Abou Ghraib, à Bagdad, constituaient des crimes de guerre. Elle a également demandé au gouvernement américain d’ouvrir une enquête approfondie sur ces faits. La secrétaire générale a en outre écrit le 10 mai au premier ministre britannique, Tony Blair, lui demandant de lui accorder dans les meilleurs délais un entretien afin qu’elle puisse lui communiquer les préoccupations d’Amnesty International au sujet du rôle joué par le Royaume-Uni en Irak. L’intensification des combats entre les forces de la coalition et les individus ou groupes armés opposés à l’occupation a provoqué la mort de dizaines de civils dans plusieurs villes, notamment Bagdad, Fallouja, Ramadi, Al Amara, Kerbala, Kout et Nassiriyah. Au moins 600 personnes ont trouvé la mort dans les affrontements qui ont opposé les forces de la coalition aux insurgés à Fallouja, en mars et avril. La moitié des victimes seraient des civils - avec une forte proportion de femmes et d’enfants. Neuf attaques coordonnées par des groupes armés ont eu lieu à Kerbala et à Bagdad le 2 mars 2004, alors que des millions de chiites observaient le deuil de l’Achoura, la cérémonie religieuse la plus importante du calendrier chiite. Ces attaques ont fait plus de 100 morts et 400 blessés civils. À Bassora, les attaques du 21 avril ont tué au moins 58 personnes, dont de nombreux enfants.

Israël et Territoires occupés

Le 14 avril, le président des États-Unis a apporté son soutien au plan d’Ariel Sharon, le premier ministre israélien. Ce plan prévoyait le retrait de la bande de Gaza, mais le maintien et l’extension de colonies israéliennes en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est. Il nie par ailleurs le droit au retour des réfugiés palestiniens et préconise la poursuite de la construction du mur/clôture de séparation à l’intérieur de la Cisjordanie. Dans une lettre adressée au président Bush, Irene Khan a signalé que ce plan était contraire au droit international et l’a condamné. L’armée israélienne a procédé aux exécutions extrajudiciaires d’Ahmad Yassin, le dirigeant du Hamas, le 22 mars 2004, dans la bande de Gaza, et de son successeur, Abdel Aziz Rantisi, le 18 avril. L’opération de mars s’est également accompagnée d’homicides illégaux, commis sur la personne de sept autres palestiniens, et a fait de nombreux blessés. Le 29 janvier 2004, à Jérusalem, un homme s’est fait exploser dans un bus au cours d’un attentat-suicide. Plus de dix personnes ont trouvé la mort et de nombreuses autres ont été blessées.
Mordechai Vanunu, l’homme qui avait divulgué les secrets nucléaires israéliens, a été libéré le 21 avril après avoir purgé l’intégralité d’une peine de dix-huit ans d’emprisonnement, dont la majeure partie à l’isolement. Toutefois, cette libération a été assortie de restrictions sans précédent de la part des autorités israéliennes : Mordechai Vanunu n’a notamment pas le droit de voyager librement, de quitter le territoire d’Israël ou de prendre contact avec des citoyens étrangers sans autorisation préalable.

Libye

Le 6 mai, six professionnels de la santé étrangers ont été condamnés à être passés par les armes. Ils étaient accusés d’avoir infecté volontairement 426 enfants par le VIH.
En février 2004, Amnesty International a effectué sa première visite en Libye depuis quinze ans. Les membres de la délégation ont eu une grande latitude pour rencontrer des représentants du gouvernement et s’entretenir en privé avec des prisonniers politiques. Leurs enquêtes ont révélé que les atteintes aux droits humains se poursuivaient, que celles commises par le passé ne faisaient toujours pas l’objet d’enquêtes et que le climat de peur régnant dans le pays empêchait la plupart des Libyens de s’exprimer à ce sujet. En avril, le colonel Khaddafi a proposé certaines réformes portant sur le système judiciaire et les droits humains à des représentants du pouvoir judiciaire.

Syrie

Selon les sources, les forces de sécurité ont tué au moins 20 Kurdes de Syrie et arrêté des centaines d’autres dans le Nord et le Nord-Est du pays, à la suite d’affrontements entre des supporters kurdes et arabes lors d’un match de football, à El Qamishli, le 12 mars 2004. Des cas de torture, certains concernant des enfants, ont été signalés et deux personnes au moins seraient mortes en détention. Vingt-sept enfant kurdes entre quatorze et dix-sept ans, accusés d’injures envers le président, ont été présentés devant une juridiction pénale de Damas. Ils sont détenus avec des adultes à la prison de Saidnaya, ce qui est contraire aux droits de l’enfant. Les actes de harcèlement et de répression contre les défenseurs des droits humains ont continué : Aktham Nuaysa, président du Comité de défense des droits humains, a été arrêté et déféré devant la Cour suprême de sûreté de l’État, en raison de son engagement pacifique en faveur de la protection et de la promotion des droits humains dans son pays. Détenu à l’isolement à la prison de Saidnaya, il souffre d’affections rénale et cardiaque et n’est pas autorisé à voir sa famille. Des dizaines d’étudiants ont été arrêtés ou expulsés de leurs universités après avoir participé à des manifestations pacifiques.

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