Guinée-Bissau

République de Guinée-Bissau
CAPITALE : Bissau
SUPERFICIE : 36 125 km²
POPULATION : 1,5 million
CHEF DE L’ÉTAT : Henrique Pereira Rosa, président par intérim
CHEF DU GOUVERNEMENT : António Artur Sanhá, Premier ministre par intérim, remplacé par Carlos Gomes Júnior le 10 mai
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : signé

En raison de leurs activités, des défenseurs des droits humains ont été arrêtés et maltraités. Interpellés à la suite du coup d’État de septembre 2003, des soldats et des civils ont été maintenus en détention durant plusieurs mois dans des conditions déplorables, sans même avoir été inculpés. Les militaires appréhendés en décembre 2002 et accusés de tentative de coup d’État ont été remis en liberté au mois de juin en attendant d’être jugés. La police a fait un usage excessif de la force et des armes à feu dans le but la tenue d’élections législatives en mars, le pays demeurait en proie à l’instabilité politique. Celle-ci s’est encore accrue en octobre, à la suite d’un soulèvement militaire au cours duquel le chef d’état-major des armées a été tué.

Contexte
Comme les précédentes, cette année a été marquée par une situation économique et sociale désastreuse. Le non-paiement des salaires a entraîné des mouvements de grève durant le premier semestre. D’autres débrayages ont pu être évités grâce à la conclusion d’un accord entre gouvernement et syndicats, après que la Banque mondiale et d’autres donateurs eurent accepté de fournir une aide d’urgence. Une partie des rémunérations a de ce fait pu être versée.
Des mesures ont été prises afin de rétablir l’indépendance du pouvoir judiciaire. En janvier, la nomination d’un président de la Cour suprême a marqué le retour à un régime constitutionnel fortement ébranlé sous la présidence de Kumba Yalá.
Au mois de février, non loin de la frontière septentrionale, des soldats se sont heurtés à un groupe armé issu, semble-t-il, du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, mouvement sénégalais). Quatre militaires de Guinée-Bissau auraient été tués et au moins une dizaine d’autres blessés.
Si les tensions étaient quelque peu apaisées au début de l’année, la situation politique demeurait fragile et compromettait le processus de démocratisation. En mars, le Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde (PAIGC, Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert) a remporté les élections législatives, mais sans obtenir la majorité absolue. Après plus d’un mois de négociations stériles avec les autres partis, c’est un gouvernement formé exclusivement de membres du PAIGC qui est entré en fonction en mai.
En juin, le Bureau d’appui pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau (UNOGBIS), établi par les Nations unies, a averti d’un risque de nouvelles crispations. En octobre, un groupe de soldats s’est rebellé et a tué le chef d’état-major des armées ainsi qu’un autre officier. Les militaires réclamaient le versement intégral des soldes qui leur étaient dues en rémunération d’une mission de maintien de la paix effectuée au Libéria. Ils demandaient également une réorganisation des forces armées. La mutinerie a pris fin après qu’un accord eut été conclu avec les autorités sur ces deux points. Cet accord prévoyait également l’amnistie pour les infractions commises par les militaires depuis 1980 et la nomination d’un nouveau chef d’état-major, dont le nom avait été proposé par les soldats.

Agressions de défenseurs des droits humains
Des membres de la Liga Guineense dos Direitos Humanos (LGDH, Ligue guinéenne de défense des droits humains) ont été pris pour cible par les autorités parce qu’ils avaient dénoncé des violations des droits humains commises par les forces de sécurité.
En mars, João Vaz Mané, vice-président de la LGDH, a été détenu durant plusieurs heures. Au cours d’une émission de radio, il avait révélé que, quelques jours plus tôt, un jeune homme avait été blessé d’une balle par un policier à Belem, un quartier de Bissau (la capitale), et que trois autres personnes avaient été arrêtées et maltraitées (voir ci-après). Arrêté au siège de la LGDH par des policiers qui ne possédaient pas de mandat, João Vaz Mané aurait été frappé et menacé de mort, puis conduit successivement dans deux postes de police de Bissau. Il a été libéré sans inculpation.
Au mois de juin, Carlos Adulai Djaló, un militant de la LGDH de Bafatá, dans l’est du pays, aurait été frappé par l’ancien chef d’état-major adjoint des armées, selon toute apparence en raison des activités menées par la LGDH.

Détention sans inculpation ni jugement
Au moins dix personnes, dont des militaires et des partisans de l’ex-président Kumba Yalá arrêtés au lendemain du coup d’État de septembre 2003, ont été maintenues en détention durant toute l’année sans avoir été jugées ni même inculpées. Elles étaient détenues au secret dans la caserne de Mansôa, au nord de Bissau. Placé en résidence surveillée à la suite des événements, Kumba Yalá a été remis en liberté en mars.

Recours excessif à la force et aux armes à feu par la police
Au mois de mars, la police a fait un usage excessif de la force afin de disperser une manifestation pacifique organisée par des élèves d’établissements secondaires de Bissau qui protestaient contre une grève de leurs enseignants. Des dizaines d’élèves auraient été arrêtés après avoir tout saccagé sur leur passage lorsque les policiers ont donné l’assaut en tirant des coups de feu en l’air et en utilisant des gaz lacrymogènes.
Également au mois de mars, un policier a délibérément tiré dans les jambes d’un jeune homme, semble-t-il parce que ce dernier refusait de monter dans un taxi auquel il avait fait signe de s’arrêter. L’agent aurait frappé le jeune homme et l’aurait jeté à terre alors que celui-ci tentait de lui expliquer que le taxi n’allait pas dans sa direction. Le policier l’a ensuite visé aux jambes avec son arme. Trois personnes qui essayaient de s’interposer, Leonel Pereira João Quade, Nestó Fonseca Mandica et Malam Sani, ont été appréhendées et détenues au poste de police n°2 durant cinq jours. Elles auraient reçu des coups pendant leur détention.

Mise à jour
Accusés de tentative de coup d’État et détenus depuis décembre 2002, 11 soldats en instance de jugement ont bénéficié au mois de juin d’une libération conditionnelle. En octobre, leur procès a été reporté sine die à la suite d’un soulèvement militaire.

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