Salomon

Des initiatives internationales ont permis d’amorcer la reconstruction du pays, après cinq années d’un conflit armé qui a pris fin en 2003. Pendant cette période, 1 600 villageois indigènes originaires de l’île de Guadalcanal avaient fui vers la côte nord. Ils sont rentrés chez eux, escortés par une force d’intervention sous commandement australien, afin de reconstruire leurs habitations. Les autorités ont cherché à dissuader les colons malaitans qui souhaitaient se réinstaller dans des régions rurales de Guadalcanal. Plus de 4 000 personnes ont été arrêtées à la suite du conflit. D’anciens policiers, des activistes et un ministre ont été emprisonnés, dans un contexte de surcharge de l’appareil judiciaire.

Îles Salomon
CAPITALE : Honiara
SUPERFICIE : 28 370 km²
POPULATION : 0,491 million
CHEF DE L’ÉTAT : Elizabeth II, représentée par John Ini Lapli
CHEF DU GOUVERNEMENT : Allan Kemakeza
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifié

Suites du conflit
La Regional Assistance Mission to Salomon Islands (RAMSI, Mission d’assistance régionale dans les îles Salomon) a réduit ses effectifs militaires à la suite d’améliorations en matière de sécurité. Cependant, en décembre, 100 soldats de cette mission étaient revenus sur l’île après qu’un activiste malaitan présumé eut abattu un agent de police australien appartenant lui aussi à la RAMSI. En février, près de 2 000 personnes déplacées de villages de Guadalcanal étaient rentrées dans la région de Weathercoast. Une force d’intervention placée sous commandement australien a assuré la protection de la plupart d’entre elles pendant le retour. Toutefois, lors d’une visite effectuée au mois d’avril, des délégués d’Amnesty International ont constaté que beaucoup étaient toujours installées dans des cabanes de fortune sans accès à l’eau salubre.
Le gouvernement et les bailleurs de fonds ayant donné la priorité à la reconstruction de l’économie et des principaux services, les droits fondamentaux des femmes et des villageois des régions les plus touchées par le conflit ont souvent été relégués au second plan.
En réduisant au strict minimum les sessions parlementaires, le gouvernement a évité les demandes d’éclaircissement concernant son rôle dans le conflit. Il a intimé aux colons malaitans contraints, en 1999, d’abandonner leur foyer à Guadalcanal, de ne pas revendiquer leurs propriétés sur cette île, sans tenir sa promesse de créer une commission d’enquête chargée de résoudre les différends de nature foncière qui sous-tendaient le conflit.

Système judiciaire
En décembre, la plupart des chefs activistes, dont un ancien ministre des Affaires étrangères, attendaient d’être jugés. Ils étaient en détention ou en liberté assortie de nombreuses restrictions.
Au mois de juillet, environ 400 policiers, soit plus d’un quart des forces de police, avaient été relevés de leurs fonctions. Selon la RAMSI, 70 d’entre eux, notamment des commissaires adjoints, avaient été arrêtés. Soixante et onze autres ont été inculpés de violations des droits humains, notamment de viol et d’autres formes de torture. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a contribué à la démobilisation de 230 agents de police spéciaux, dont la plupart avaient été recrutés au sein d’anciens groupes d’activistes.
Malgré l’ouverture d’une nouvelle salle d’audience pour la Haute Cour, les autorités judiciaires restaient débordées par la charge de travail résultant de l’après-conflit. Ainsi, des suspects ont passé jusqu’à seize mois en détention provisoire. Au mois d’août, ce type de situation a provoqué une émeute dans une prison de Honiara.
Au mois de février, Daniel Fa’afunua, ancien militant devenu ministre, a été incarcéré pour avoir agressé une femme policier de la RAMSI lors de son arrestation, mais pas parce qu’il avait brutalisé son ex-épouse (le motif initial de l’arrestation). Cette dernière avait retiré sa plainte, bien qu’elle ait dû être soignée à l’hôpital pour ses blessures. Il a également été emprisonné pour avoir ordonné à des hommes armés de soutirer la somme de 800 dollars américains (environ 620 euros) au rédacteur en chef du Solomon Star, après que le journal eut publié un article sur un ministre - sans citer son nom - qui avait agressé publiquement un chauffeur de taxi.

Violences contre les femmes
Des associations de femmes ont exprimé leur inquiétude face à la violence au sein de la famille. Vingt femmes ont été formées, dans le cadre d’un atelier financé par les Nations unies, à la collecte d’informations concernant l’impact du conflit sur les femmes. La police a signalé une augmentation du nombre de plaintes pour viol, y compris pour des agressions commises pendant les hostilités. Amnesty International a interrogé 55 femmes à propos du conflit, dans des villages de la région de Weathercoast. Dix-neuf d’entre elles ont affirmé avoir été violées par des policiers ou des activistes. Contrairement à ce qui était prévu, les autorités n’ont pas mis en œuvre de plan national d’action visant à éradiquer la violence contre les femmes. Par ailleurs, la police a continué de dépendre fortement de la RAMSI. Les pouvoirs publics n’ont pas alloué les fonds destinés à une unité de police spécialisée dans les violences contre les femmes et les enfants.

Visites d’Amnesty International
En avril et en mai, des délégués d’Amnesty International se sont rendus dans des zones ravagées par le conflit, sur les îles de Guadalcanal et de Malaita.

Autres documents d’Amnesty International
. Solomon Islands : Women confronting violence (ASA 43/001/2004).

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