THAÏLANDE

Royaume de Thaïlande
CAPITALE : Bangkok
SUPERFICIE : 513 115 km²
POPULATION : 63,5 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Bhumibol Adulyadej
CHEF DU GOUVERNEMENT : Thaksin Shinawatra
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée avec réserves
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifié

Violences dans le sud du pays
Le Premier ministre, Thaksin Shinawatra, a étendu l’application de diverses dispositions de la loi martiale à certains secteurs des provinces méridionales de Narathiwat, Yala et Pattani, où l’on a enregistré une multiplication des actes de violence depuis le mois de janvier. Plus de 500 personnes ont été tuées pendant l’année. Parmi elles figuraient aussi bien des particuliers et des fonctionnaires de l’administration civile que des membres des forces de sécurité ou de divers groupes armés.
Le 28 avril, 11 postes et antennes de commissariats de police ont été attaqués par des hommes appartenant à la communauté musulmane, équipés essentiellement de couteaux, mais également de quelques armes à feu. Cinq policiers ont été tués. La riposte des forces de sécurité, qui ont ouvert le feu sur leurs agresseurs, a fait plus d’une centaine de morts parmi ces derniers.
En octobre, des musulmans se sont rassemblés devant le poste de police de Tak Bai, dans la province de Narathiwat, pour protester contre l’arrestation de six personnes accusées d’avoir fait parvenir des armes à des insurgés. Les manifestants ont commencé à jeter des pierres et ont tenté de prendre d’assaut le poste. Les forces de sécurité ont alors réagi en faisant usage de gaz lacrymogène et d’armes à feu.

Violations des droits humains
Somchai Neelaijaipit a « disparu » en mars à Bangkok. Cet avocat de renom, musulman, faisait campagne pour la levée de la loi martiale et représentait cinq musulmans qui avaient été torturés après leur arrestation, dans la province de Narathiwat. Cinq policiers ont été arrêtés pour leur responsabilité présumée dans cette affaire, puis ont été remis en liberté sous caution, dans l’attente de l’ouverture du procès.
Faisant usage d’armes lourdes, les forces de sécurité ont tué, le 28 avril, 32 hommes appartenant à la communauté musulmane qui se trouvaient dans la mosquée de Krue Se (province de Pattani). L’opération faisait suite à l’attaque d’un poste de police. Une commission nommée par le gouvernement a enquêté sur cette affaire. Elle aurait conclu que les forces de sécurité avaient eu recours à une force excessive au regard de la menace à laquelle elles étaient confrontées. Son rapport n’a toutefois pas été rendu public. À la connaissance d’Amnesty International, les attaques menées contre 10 autres locaux de la police et les ripostes auxquelles elles avaient donné lieu de la part des forces de sécurité n’ont pas fait l’objet d’enquêtes indépendantes.
En octobre, au moins six manifestants ont été tués devant le poste de police de Tak Bai. Quelque 1 300 personnes ont été arrêtées et conduites dans une base militaire, où beaucoup auraient été frappées. Au moins 78 d’entre elles seraient mortes en raison des conditions dans lesquelles elles auraient été transportées et des mauvais traitements qu’elles auraient subis. Dans leur immense majorité, les personnes interpellées ont été relâchées sans inculpation après avoir été interrogées. Des poursuites ont cependant été entamées contre 58 d’entre elles, accusées de rassemblement illégal. Le gouvernement a mis en place une commission d’enquête de 11 membres. Elle a remis son rapport au gouvernement en décembre, mais celui-ci n’a pas été rendu public. Personne n’a apparemment été traduit en justice pour les homicides perpétrés.

Exactions commises par des groupes d’opposition armés
Cette année encore, des groupes armés non identifiés ont perpétré des attaques contre des représentants des pouvoirs publics et des bâtiments officiels dans le sud du pays.
En septembre, Rapin Ruankaew, membre de la magistrature provinciale, a été abattu par des inconnus circulant à moto alors qu’il se rendait en voiture sur son lieu de travail, à Pattani.
Ran Tulae, chef d’un village bouddhiste, a été décapité par un groupe non identifié dans la province de Narathiwat en novembre. Dans un message placé à côté de la tête de la victime, les auteurs de l’assassinat disaient avoir agi pour venger les manifestants tués en octobre devant le poste de police de Tak Bai.

Défenseurs des droits humains

Au moins trois défenseurs des droits humains ont été tués ou ont « disparu » pendant l’année. Le ministre de la Justice a annoncé, en juillet, qu’une liste de militants en danger allait être établie et que ces personnes seraient protégées. À la connaissance d’Amnesty International, cependant, le gouvernement n’a fait mener aucune enquête indépendante sur les violences perpétrées contre des défenseurs des droits humains.
Le militant écologiste Charoen Wat-aksorn a été tué en juin par des inconnus. Il venait de porter plainte auprès d’une commission du Sénat. Cet artisan pêcheur se battait contre la construction d’une centrale thermique à charbon dans le district de Ba Nok (province de Prachuab Kiri Khan), sur le golfe de Thaïlande. Selon les informations recueillies, personne n’avait été traduit en justice pour ce meurtre à la fin de l’année 2004.
La représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l’homme a remis, en mars, le rapport de la visite qu’elle avait effectuée en Thaïlande au mois de mai 2003. Elle recommandait notamment au gouvernement de revoir sa politique concernant le droit de manifester pacifiquement son désaccord et le droit à la liberté de réunion.

Réfugiés et travailleurs immigrés
Quelque 142 000 Karens et Karennis originaires du Myanmar vivaient toujours dans des camps situés le long de la frontière. Des centaines d’autres réfugiés du Myanmar ont été réinstallés dans des pays tiers. Fuyant les combats entre des groupes armés hmongs et l’armée laotienne (voir Laos), un petit nombre de Laotiens, pour la plupart des Hmongs, ont cherché refuge en Thaïlande en 2004. Quelque 4 500 réfugiés hmongs, qui vivaient à Wat Thamkrabok, un temple bouddhiste de la province de Saraburi, ont été réinstallés dans des pays tiers courant 2004.
Plus d’un million de travailleurs immigrés venus du Laos, du Cambodge et du Myanmar ont été enregistrés par le gouvernement au mois de juillet. Ils ont obtenu le droit de travailler pendant un an, dans certains secteurs de l’économie. Nombre d’entre eux ne bénéficiaient cependant pas de certains droits fondamentaux garantis par la législation du travail, en particulier celui de percevoir un salaire minimum défini par le gouvernement.

Impunité
Le très lourd bilan de la campagne antidrogue menée par les autorités en 2003, qui s’était soldée par la mort de plus de 2 000 personnes, n’a pas fait l’objet d’une enquête appropriée, ce qui n’a fait que renforcer le sentiment d’impunité qui régnait au sein des forces de sécurité. Par ailleurs, à la connaissance d’Amnesty International, aucune inculpation n’a été prononcée à la suite de la mort des musulmans tués par les forces de sécurité dans les provinces du sud du pays en avril et en octobre 2004.
Au mois de septembre, le gouvernement a assuré Amnesty International que la « guerre contre la drogue » de 2003 n’avait donné lieu à aucune exécution extrajudiciaire. Il a précisé en outre que les forces de sécurité n’avaient eu recours à la force meurtrière dans le sud du pays que dans le cadre strict défini par la loi.

Prisonnier d’opinion
Réfugié de nationalité cambodgienne, le prisonnier d’opinion Sok Yoeun était détenu en Thaïlande depuis 1999. Il a été libéré au mois de mars et a pu partir pour un pays tiers.

Peine de mort
Quelque 900 personnes étaient, semble-t-il, sous le coup d’une condamnation à mort à la fin de l’année. Nombre d’entre elles étaient entravées en permanence. Il n’y aurait eu aucune exécution en 2004.

Visites d’Amnesty International
Des délégués d’Amnesty International se sont rendus en Thaïlande à quatre reprises (avril-mai, mai-juin, juillet et novembre-décembre).

Autres documents d’Amnesty International
. Thailand : Memorandum on human rights concerns (ASA 39/013/2004).

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