GUINÉE-BISSAU

République de Guinée-Bissau
CAPITALE : Bissau
SUPERFICIE : 36 125 km²
POPULATION : 1,6 million
CHEF DE L’ÉTAT : Henrique Pereira Rosa, président par intérim, remplacé par João Bernardo Vieira le 1er octobre
CHEF DU GOUVERNEMENT : Carlos Gomes Júnior, remplacé par Aristide Gomes le 2 novembre
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : signé

Le pays demeurait en proie à l’instabilité et à de forts risques de conflit. Les tensions politiques se sont intensifiées durant la période qui a précédé le scrutin présidentiel de juillet, et l’élection de l’ancien président João Bernardo « Nino » Vieira n’a pas permis de calmer la situation. La police a eu recours aux armes à feu pour disperser une manifestation, faisant quatre morts et plusieurs blessés ; aucune enquête n’a été ouverte.

Contexte
La situation économique et sociale toujours désastreuse demeurait une menace pour la stabilité du pays, classé au sixième rang des nations les plus pauvres du monde. En janvier, une invasion de croquets pèlerins a compromis la récolte des noix de cajou, qui constituent la principale culture de rapport du pays. Après une conférence organisée par des donateurs en février, le gouvernement a fait appel aux bailleurs de fonds internationaux pour le paiement des arriérés de salaires, notamment aux militaires, et pour le financement des élections. Certains donateurs se sont également engagés à soutenir la restructuration des forces armées.
Au mois de mars, une délégation des Nations unies s’est rendue en Guinée-Bissau pour soutenir les efforts de lutte contre la prolifération des armes de petit calibre en circulation illégale, dont le nombre est estimé à 175 000 environ.
L’ancien président João Bernardo « Nino » Vieira a pris ses fonctions de chef de l’État en octobre, après avoir remporté le second tour de l’élection présidentielle en juillet. Le scrutin a été jugé libre et équitable par les observateurs internationaux. L’entrée en fonction du président a été retardée parce que son adversaire, Malam Bacai Sanhá, du Partido Africano da Independência da Guiné e Cabo Verde (PAIGC, Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert) au pouvoir, avait contesté les résultats et exigé un nouveau comptage des voix.
Fin octobre, le nouveau président a dissous le gouvernement et, trois jours plus tard, il a nommé Aristide Gomes au poste de Premier ministre. Cet homme avait été exclu du PAIGC en mai pour avoir soutenu le président Vieira durant la campagne électorale. Le PAIGC a rejeté cette nomination au motif qu’elle était inconstitutionnelle et le Premier ministre destitué a refusé de se démettre de ses fonctions. À Bissau, des manifestants ont protesté contre cette nomination, brûlé des pneus et provoqué quelque dégâts matériels. Il n’y a pas eu d’arrestation.
Au mois d’octobre, le gouvernement a déclaré qu’il avait satisfait aux obligations lui incombant en vertu de la Convention d’Ottawa et avait détruit ses réserves de mines terrestres, constituées de quelque 5 000 pièces. Toutefois, plusieurs champs restaient encore à déminer.
En février, un conflit a éclaté entre des groupes musulmans à Gabú, une ville située dans l’est du pays. Un mois plus tard, les autorités ont accusé les ahmadis de ne pas coopérer avec les autres formations musulmanes et leur ont interdit de poursuivre leurs activités. Ce groupe avait été interdit et expulsé du pays de manière arbitraire en 2001 par le président Kumba Yalá, alors au pouvoir, mais l’interdiction avait été levée en janvier à la suite d’une décision de justice.

Violence politique et impunité
La période de l’élection présidentielle a été marquée par une intensification des tensions politiques et l’armée a été placée en état d’alerte renforcé. Ces tensions ont été exacerbées par le fait que la Cour suprême a tardé à rendre une décision autorisant deux anciens présidents à se porter candidats aux élections. Kumba Yalá, du Partido da Renovação Social (PRS, Parti de la rénovation sociale), avait été renversé en septembre 2003 et s’était vu interdire de solliciter un nouveau mandat politique pendant huit ans. João Bernardo « Nino » Vieira, réfugié au Portugal depuis son éviction en 1999, était privé par la Constitution de la possibilité de solliciter un mandat politique. Kumba Yalá avait menacé de s’emparer du pouvoir si sa candidature était rejetée. En mai, la Cour suprême a autorisé les deux hommes à se présenter, mais certains parties d’opposition ont dénoncé cette décision, estimant qu’elle reposait sur des motivations politiques. Malgré ce jugement, Kumba Yalá s’est proclamé président et a occupé le palais présidentiel pendant quelques heures. L’armée a dispersé une manifestation organisée par les partisans du PRS et fait serment d’allégeance au gouvernement.
En juin, Kumba Yalá a rejeté les résultats du premier tour de scrutin. Le PRS a organisé une manifestation en sa faveur, qui s’est soldée par des violences au cours desquelles plusieurs personnes ont été tuées. Il semble que la Brigade rapide d’intervention ait frappé les manifestants, puis utilisé des gaz lacrymogènes et ouvert le feu sur eux pour les disperser, faisant quatre morts et une demi-douzaine de blessés.
Certains témoignages ont fait état de manifestants armés de bâtons, de pierres et de fusils. Une cinquantaine de personnes auraient été arrêtées, dont le secrétaire général du PRS, Artur Sanhá. Elles ont toutes été libérées sans inculpation deux jours plus tard, en attendant l’ouverture d’une enquête, qui n’avait toujours pas eu lieu fin 2005.
En juillet, une semaine avant le second tour du scrutin, un groupe d’hommes armés vêtus d’uniformes militaires a attaqué le ministère de l’Intérieur. Deux policiers ont été tués et il y a eu plusieurs blessés. Vingt personnes auraient été arrêtées. Le chef d’état-major des forces armées a imputé cette attaque à des personnes agissant hors de la structure de commandement militaire. À la connaissance d’Amnesty International, aucune enquête n’a été ouverte sur ces faits.
De même, la mort, en septembre 2004, du chef d’état-major des forces armées n’a pas fait l’objet d’investigations. Les soldats qui avaient été arêtes en 2002, puis libérés en 2004 dans l’attente de leur procès, n’ont pas été jugés.

Liberté d’expression
En septembre, le gouvernement a congédié les directeurs des chaînes nationales de télévision et de radio. Selon certaines sources, cette mesure reposerait sur des motifs politiques et serait liée au soutien présumé des deux hommes au président élu, João Bernardo « Nino » Vieira.

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