TURKMÉNISTAN

Turkménistan
CAPITALE : Achgabat (ex-Achkhabad)
SUPERFICIE : 488 100 km²
POPULATION : 4,8 millions
CHEF DE L’ÉTAT et du GOUVERNEMENT : Saparmourad Niazov
PEINE DE MORT : abolie
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome non signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Le Turkménistan a pris des mesures pour répondre aux critiques suscitées à l’échelle internationale par son bilan en matière de droits humains, sans toutefois mettre un terme aux violations. Diverses catégories, notamment les minorités religieuses, les militants de la société civile et les proches de dissidents, subissaient des actes de harcèlement. Certains ont été arrêtés, d’autres ont été contraints de s’exiler pour avoir voulu exercer leur droit à la liberté d’expression. Une soixantaine de personnes au moins étaient toujours détenues au secret. Elles purgeaient des peines d’emprisonnement auxquelles elles avaient été condamnées pour leur participation présumée à une tentative d’assassinat dont aurait été victime le chef de l’État en 2002. Plusieurs procès ont eu lieu, en secret et au mépris des règles d’équité les plus élémentaires, depuis les événements de 2002. Cette année encore, un procès appartenant à cette série s’est conclu par la condamnation d’un nombre indéterminé d’hommes à des peines d’emprisonnement de longue durée, allant jusqu’à la perpétuité.

Le regard de la communauté internationale

Lors de sa 61e session, en mars et avril, la Commission des droits de l’homme [ONU] n’a pas donné suite aux résolutions qu’elle avait adoptées en 2003 et 2004, et dans lesquelles elle s’était inquiétée de la situation au Turkménistan en matière de droits humains.
L’Assemblée générale des Nations unies, en revanche, a exprimé en décembre sa profonde préoccupation concernant les atteintes aux droits humains qui perduraient dans ce pays. Elle demandait entre autres au Turkménistan de répondre favorablement aux demandes des rapporteurs de l’ONU qui souhaitaient se rendre sur place.
Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] a examiné en août le premier rapport remis par le Turkménistan à un organe de suivi des traités internationaux. Le Comité s’est dit vivement préoccupé par « les cas signalés de discours haineux ciblant des minorités nationales et ethniques, notamment des déclarations attribuées à des responsables de haut rang et des personnalités publiques vantant la pureté ethnique turkmène ». Il a également exprimé son inquiétude devant certaines informations selon lesquelles les minorités seraient victimes de restrictions sévères dans le domaine de l’emploi, en particulier dans le secteur public, et de l’enseignement supérieur, déplorant en outre « la fermeture présumée d’institutions culturelles appartenant aux minorités et de nombreuses écoles enseignant dans la langue des minorités ».
Les autorités ont de leur côté continué d’affirmer que les droits humains n’étaient pas violés au Turkménistan. Le président Saparmourad Niazov aurait ainsi déclaré, le 23 mars, que personne n’était arrêté dans son pays pour des raisons politiques, mais que certains « criminels recherchés par la justice » répandaient de fausses rumeurs depuis l’étranger.
Le pouvoir a néanmoins fait quelques concessions, afin d’éviter que le Turkménistan ne soit considéré par les États-Unis comme un « pays particulièrement préoccupant », au titre de la Loi américaine sur la liberté de religion dans le monde, cette mesure étant susceptible d’entraîner des sanctions, notamment dans le domaine commercial. Les autorités ont libéré le 16 avril quatre objecteurs de conscience. L’un d’eux, Beguentch Chakhmouradov, avait été condamné le 10 février à un an d’emprisonnement pour insoumission. Les restrictions juridiques imposées aux groupes religieux ont été assouplies et plusieurs Églises minoritaires ont pu obtenir un agrément officiel. L’objection au service militaire constituait cependant toujours une infraction à la loi, passible d’emprisonnement. Quant aux minorités religieuses, reconnues ou non, elles continuaient d’être en butte à des actes de harcèlement et d’intimidation.
Les demandeurs d’asile renvoyés de force au Turkménistan par des pays tiers risquaient toujours d’être arrêtés de façon arbitraire, torturés, maltraités ou incarcérés à l’issue de procès non équitables, notamment aux termes d’un décret du Khalk Maslakhati (Conseil du peuple) datant de 2003 et allongeant la liste des actes susceptibles d’être considérés comme relevant de la trahison.

Répression de la dissidence

Des militants de la société civile, des dissidents politiques et des fidèles d’Églises minoritaires ont été victimes d’actes de harcèlement, d’arrestations arbitraires, de torture et d’autres formes de mauvais traitements.
Dourdygoul Erechova et Annajemal Touïlieva, toutes deux témoins de Jéhovah, ont été arrêtées par la police le 7 octobre. Elles ont été conduites au commissariat de Niazov, un quartier d’Achgabat, où un officier les aurait injuriées et menacées de viol. Il aurait frappé Annajemal Touïlieva et lui aurait également donné des coups de pied. Selon les informations disponibles, la police accusait les deux femmes d’« activité religieuse illégale » et de « vagabondage ». Les policiers auraient confisqué le passeport du mari de Dourdygoul Erechova et menacé d’envoyer cette dernière dans la région de Lebap, dans l’est du pays.
Les proches de certains dissidents en exil ont été pris pour cible par les autorités, qui espéraient ainsi faire taire les critiques dont elles étaient l’objet à l’étranger.
En mars, un haut fonctionnaire de l’administration militaire de la région de Dachogouz, Rouslan Toukhbatoulline, aurait été obligé de renoncer à son poste et à toute fonction au sein de l’armée parce qu’il était le frère de Farid Toukhbatoulline, défenseur des droits humains vivant en exil et dirigeant de l’organisation non gouvernementale Initiative turkmène pour les droits humains.

Prisonniers politiques

Des dizaines de personnes, incarcérées à l’issue de procès non équitables en raison de leur participation présumée à la tentative d’assassinat dont le président Niazov aurait fait l’objet en novembre 2002, étaient maintenues au secret. Nombre d’entre elles auraient été torturées et maltraitées après leur arrestation. Tout contact avec leurs familles, avec leurs avocats ou avec des organismes indépendants, y compris avec le Comité international de la Croix-Rouge, leur a été refusé.
Lors d’un nouveau procès qui s’est tenu en secret au cours de l’année et qui concernait toujours les événements de novembre 2002, plusieurs hommes ont été condamnés à des peines d’emprisonnement, ce qui portait à au moins 60 le nombre des condamnés dans cette affaire.
Le commandant Beguentch Beknazarov, un officier des forces armées qui était entré dans la clandestinité au lendemain de la tentative d’assassinat présumée, a été arrêté au mois de mai à Achgabat. Il a ensuite été jugé à huis clos, en compagnie de plusieurs coïnculpés. Les accusés ont été condamnés à des peines d’emprisonnement au cours de la première quinzaine de juin. Leurs proches n’ont pu ni leur rendre visite ni obtenir de documents officiels relatifs au procès. Beguentch Beknazarov aurait été condamné à l’emprisonnement à perpétuité. Ses parents, Raïssa et Amandourdy Beknazarov, et l’une de ses sœurs, Djeren Beknazarova, auraient été détenus pendant vingt jours dans les locaux du ministère de la Sécurité nationale, après les événements de novembre 2002, les autorités cherchant apparemment à obtenir d’eux des renseignements sur leur fils et frère, et à pousser ce dernier à se rendre. Ces trois personnes se seraient vu infliger des mauvais traitements physiques et psychologiques pendant leur détention. Leurs passeports leur ont ensuite été confisqués. Raïssa Beknazarova a été licenciée ; Djeren Beknazarova a été exclue de l’université où elle était étudiante. Aïna Chikhmouradova, tante de Beguentch Beknazarov et belle-sœur du leader d’opposition Boris Chikhmouradov, condamné à l’emprisonnement à vie après l’attentat présumé, aurait été retenue dans un commissariat d’Achgabat en février 2003 ; les policiers auraient menacé de la brutaliser si elle ne leur disait pas où se trouvait son neveu.

Autres documents d’Amnesty International

 Europe and Central Asia : Summary of Amnesty International’s concerns in the region, July - December 2004 : Turkmenistan (EUR 01/002/2005).

 Turkmenistan : The clampdown on dissent and religious freedom continues (EUR 61/003/2005).

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