CHILI

Des Mapuches ont été harcelés et maltraités par la police. Les forces de sécurité auraient fait usage d’une force excessive pour disperser des manifestations étudiantes. D’après les informations recueillies, les conditions carcérales étaient éprouvantes ; des mauvais traitements auraient été infligés à des détenus. La Cour interaméricaine des droits de l’homme a souligné dans une résolution la nécessité d’annuler la Loi d’amnistie de 1978.


Contexte
Michelle Bachelet est devenue, en janvier, la première femme présidente du Chili. Entrée en fonction en mars, elle s’est engagée à faire progresser l’égalité sociale ainsi que la promotion et la protection des droits fondamentaux, à lancer un programme national des droits humains et à prendre les mesures législatives et judiciaires nécessaires pour obtenir vérité et justice pour les violations passées des droits humains.
En mai, la Cour suprême du Chili a libéré sous caution Alberto Fujimori, dans l’attente d’une décision concernant son extradition vers le Pérou. L’ancien chef de l’État péruvien était poursuivi dans son pays pour corruption et violations des droits humains. À la fin de l’année, aucune décision n’avait été prise et il se trouvait toujours au Chili, qu’il ne pouvait quitter aux termes de la mise en accusation prononcée contre lui.
Augusto Pinochet est mort en décembre, à Santiago. Il avait gouverné le Chili de 1973 à 1990, après avoir pris le pouvoir lors d’un coup d’État. Les violations flagrantes des droits humains commises sous son régime sont considérées comme des crimes contre l’humanité. Au moment de sa mort, il était inculpé par la justice chilienne dans une affaire financière – l’affaire Riggs – et dans quatre affaires relatives aux droits humains – l’affaire Prats, la Villa Grimaldi, l’opération Colombo et la Caravane de la mort – dans lesquelles des milliers de personnes ont fait l’objet de tortures, d’exécutions extrajudiciaires et de disparitions forcées. Augusto Pinochet n’a jamais comparu à aucune audience devant un tribunal chilien.

Populations indigènes
Des informations ont fait état de mauvais traitements infligés à des membres de la communauté indigène mapuche. En mai, des détenus mapuches ont fait une grève de la faim pour protester contre l’application inéquitable de la législation antiterroriste.
En juillet, des carabineros (police nationale en uniforme) ont fait irruption dans la communauté mapuche de Temucuicui, à Ercilla, dans la province de Malleco (région IX de La Auracanía). La police affirmait rechercher des animaux volés, mais la communauté a nié en détenir sur ses terres. Les policiers auraient lancé des grenades lacrymogènes et tiré des balles en caoutchouc et des balles réelles en direction des Mapuches, qui n’étaient pas armés. Plusieurs personnes ont été blessées, et des habitations ont été détruites. Affectés par le gaz lacrymogène, des enfants se sont enfuis dans les collines avoisinantes. Des femmes et des enfants ont été maltraités. Plus tôt dans l’année, la communauté avait été la cible de descentes de police similaires. À la connaissance d’Amnesty International, aucune enquête n’avait été ouverte sur cette opération policière à la fin 2006.
En décembre, des policiers auraient ouvert le feu sur des Mapuches de Temucuicui qui venaient toucher leurs salaires à Ercilla. Il semblerait que six civils, dont des enfants, aient été blessés.

Manifestations
Des élèves du secondaire ont manifesté et se sont mis en grève en mai, en juin et en octobre pour exiger une refonte du système éducatif et la fin des disparités entre les écoles publiques et privées. Plusieurs centaines de personnes ont été détenues pour de courtes périodes à la suite d’affrontements avec la police. Des manifestants et des journalistes auraient été victimes d’un recours excessif à la force de la part de la police.

Conditions carcérales

Des informations ont fait état de conditions de détention éprouvantes, d’une surpopulation carcérale, d’un manque de soins médicaux, de mauvais traitements et de manœuvres de corruption de la part de gardiens. En juin, la cour d’appel de Santiago a étudié le cas de 80 détenus de l’ancien pénitencier de la ville, qui étaient contraints de dormir dehors. Des avocats travaillant pour l’organisation non gouvernementale Fundación Paternitas ont introduit un recours en protection en leur nom.

Loi d’amnistie
En septembre, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a estimé que les dispositions de la loi de 1978 concernant l’amnistie ne sauraient être appliquées aux crimes contre l’humanité. Cet arrêt a été rendu dans le cadre de l’affaire Luis Alfredo Almonacid Arellano, un homme qui avait été arrêté et abattu par la police en septembre 1973. À la fin de 2006, la présidente Michelle Bachelet n’avait pris aucune décision sur la question de savoir si la Loi d’amnistie devait être annulée, abrogée ou modifiée par une nouvelle loi qui limiterait son application.

Autres documents d’Amnesty International

 Chili. Préoccupations pour la santé. Trois membres de la communauté indigène mapuche : Juan Carlos Huenulao (h) ; Florencio Jaime Marileo (h) ; Juan Patricio Marileo (h) ; ainsi que Patricia Roxana Troncoso (f), sympathisante de la cause des Mapuche (AMR 22/002/2006).

 Chili. La mort de Pinochet n’arrête pas le combat (AMR 22/004/2006).

 Pérou / Chili. Affaire Fujimori : la campagne internationale rassemble 20000 signatures (AMR 46/008/2006).

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