« Guerre contre le terrorisme »

Dans sa campagne internationale contre les atteintes aux droits humains dans la « guerre contre le terrorisme », Amnesty International a recensé et dénoncé des centaines de cas de torture et d’autres graves violations des droits humains, qui constitueraient, selon certains États, la réponse qui s’impose face aux menaces contre leur sécurité. L’organisation a fermement condamné, par ailleurs, les attaques délibérées contre des civils, ainsi que les attaques aveugles lancées par les groupes armés.

En janvier, Amnesty International a été à l’origine d’une réunion de deux jours à laquelle ont participé diverses organisations de défense des droits humains du Moyen-Orient, à Beyrouth (Liban). Les participants ont formulé les conclusions suivantes : aucun détenu ne doit être envoyé d’un pays à un autre sur la base de simples « assurances diplomatiques » censées garantir qu’il ne subira ni torture ni mauvais traitements après le transfert ; les protocoles d’accord établis entre le Royaume-Uni et certains pays du Moyen-Orient ou d’Afrique du Nord portent atteinte à la prohibition de ces pratiques.

Amnesty International et d’autres organisations œuvrant pour les droits humains ont adressé des commentaires écrits à la Cour européenne des droits de l’homme dans l’affaire Ramzy c. Pays-Bas afin de réaffirmer l’interdiction absolue de transférer une personne vers un État où elle pourrait être torturée.

Le programme américain de « restitutions » – qui consiste à transférer des personnes d’un pays à un autre en contournant les procédures judiciaires et administratives normales – a été examiné en avril dans le rapport intitulé États-Unis. Hors de portée des radars : vols secrets, torture et « disparitions » (AMR 51/051/2006). Depuis 2001, des centaines de suspects de terrorisme ont été expédiés dans des États où les interrogatoires se caractérisent par des contraintes et des brutalités physiques et psychologiques.Certaines de ces personnes ont subi des disparitions forcées, ce qui constitue un crime au regard du droit international.

L‘expérience de Muhammad Abdullah al Assad, de Muhammad Faraj Bashmilah et de Salah Nasser Salim Ali Qaru, trois Yéménites qui sont restés plus de dix-huit mois en détention secrète sous la responsabilité des États-Unis ou en leur nom, puis plus de neuf mois sans inculpation au Yémen, a permis de mieux comprendre le fonctionnement des centres secrets américains connus sous le nom de « sites noirs ».Les membres d’Amnesty International ont fait campagne afin qu’ils soient libérés ou jugés. Des délégués de l’organisation ont assisté à leur procès, qui a finalement eu lieu en février et a abouti à la libération de ces trois hommes, au mois de mars.

Un rapport d’Amnesty International publié en juin, « Partenaires dans le crime » : le rôle de l’Europe dans les « restitutions » des États-Unis (Résumé) (EUR 01/008/2006), mettait en lumière la participation active de certains pays européens aux « restitutions », ou leur ignorance proclamée de ces opérations. L’organisation est intervenue auprès des États membres du Conseil de l’Europe afin qu’ils ouvrent des enquêtes sur ces pratiques et coopèrent pleinement lors des investigations du Conseil. Elle a également demandé que ce dernier formule des directives sur le contrôle des services secrets nationaux et étrangers, ainsi que sur le trafic aérien.

La section française d’Amnesty International a lancé une campagne « virale » en ligne (bouche à oreille électronique) pour faire passer son message contre les « restitutions ». À cette occasion, elle a travaillé en étroite collaboration avec le rappeur Leeroy Kesiah (www.terrorairlines.com).En août, la section des États-Unis a organisé un débat en ligne après les déclarations au Congrès américain de Peter Bauer et d’autres militaires anciennement chargés des interrogatoires : selon eux, la torture et les mauvais traitements ne sont pas nécessaires pour gagner la « guerre contre le terrorisme ». Au mois de décembre, les groupes jordaniens d’Amnesty International se sont associés au célèbre dessinateur de presse Khaldoon Gharaibeh et à l’ancien détenu Khaled al Asmar pour exiger la fermeture de Guantánamo.

Dans un rapport publié en août et intitulé Terrorisme et contre-terrorisme : défendons nos droits humains (ACT 40/009/2006), Amnesty International décrivait en détail comment elle s’était opposée, avec d’autres mouvements militants, à la généralisation des atteintes aux droits humains au nom de la « guerre contre le terrorisme ». Le rapport attirait l’attention du public sur des conflits et d’autres situations où les violations des droits humains passent inaperçues, du fait que les États se concentrent sur des problèmes de sécurité nationale.

« Il a maintenant retrouvé les siens. Il est impossible de décrire la joie qu’ont éprouvée ses parents lorsqu’ils ont de nouveau pu étreindre le fils qu’ils avaient perdu », a déclaré l’avocat de Murat Kurnaz, un Turc résidant en Allemagne qui a été libéré de Guantánamo au mois d’août. Murat Kurnaz a été détenu pendant près de cinq ans sans inculpation ni jugement. Les autorités allemandes ont fini par agir en sa faveur à la suite d’intenses pressions exercées par sa famille, ses avocats et des membres d’Amnesty International.

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