Venezuela

Les agressions, les actes de harcèlement et les manœuvres d’intimidation envers les personnes critiquant la politique menée par le gouvernement, notamment les journalistes et les défenseurs des droits humains, étaient monnaie courante. Des opposants au régime ont fait l’objet de poursuites pénales arbitraires. La création de tribunaux et de services de procureurs spécialisés dans les violences liées au genre se poursuivait. La mise en œuvre des dispositions de la loi de 2007 destinée à éradiquer les violences contre les femmes ne progressait toutefois que lentement.

République bolivarienne du Venezuela
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Hugo Chávez Frías
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 28,6 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 73,6 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 24 / 19 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 95,2 %

Contexte

Approuvée par référendum, la limitation du nombre de mandats présidentiels a été supprimée en février.
Le pays était en proie à une agitation sociale croissante ; le nombre de mouvements de protestation signalés au cours des huit premiers mois de 2009 était presque deux fois plus élevé que celui constaté pour l’ensemble de l’année 2008. Ces manifestations reflétaient le mécontentement de la population au sujet des droits du travail et des services essentiels, notamment. L’opposition politique et le secteur de l’enseignement privé se sont en particulier mobilisés contre une nouvelle loi en matière d’éducation.
L’Assemblée nationale a débattu de la possibilité de réformer la législation en vue de mieux encadrer l’utilisation et la détention des armes de petit calibre, notamment en imposant des sanctions plus lourdes pour la possession illégale d’armes. D’après la Commission sécurité et défense de l’Assemblée nationale, il y avait entre neuf et 15 millions d’armes illégales en circulation dans le pays.
Les réformes des forces armées engagées en octobre comportaient des dispositions autorisant la constitution de milices.
Dix policiers inculpés d’infractions pénales com-mises en marge de la tentative de coup d’État perpétrée contre le président Chávez en 2002 ont été condamnés, en avril, à des peines allant jusqu’à 30 ans de réclusion. Ils ont été déclarés coupables d’homicide et de coups et blessures graves sur la personne de manifestants opposés au putsch. On craignait que tous les auteurs de violences commises lors de la tentative de coup d’État n’aient pas été traduits en justice.

Défenseurs des droits humains

Cette année encore, des défenseurs des droits humains, des victimes de violations et des proches de victimes qui cherchaient à obtenir justice et réparation ont été agressés, menacés et harcelés par les forces de sécurité.
 ?En août, deux hommes ont tiré sur José Luis Urbano, président de la Fondation pour la défense du droit à l’éducation, une ONG œuvrant à la promotion et à la défense du droit à l’éducation gratuite pour tous, tel qu’il est prévu par la Constitution. Ce responsable et d’autres membres de l’organisation avaient déjà été la cible d’une série d’agressions et de menaces. À la fin de 2009, personne n’avait comparu devant les tribunaux pour cette agression ni pour l’attaque, perpétrée en 2007, au cours de laquelle José Luis Urbano avait été grièvement blessé par balle. L’année s’est achevée sans qu’aucune mesure de protection n’ait été mise en place pour lui et sa famille, ni pour les autres membres de la Fondation.
 ?Oscar Barrios a été abattu en octobre dans la ville de Guanayén (État d’Aragua) par deux hommes armés portant des tenues semblables à celles des policiers. La famille Barrios était victime depuis six ans d’une campagne de harcèlement et d’intimidation, qui a débuté lorsqu’elle a signalé l’homicide de Narciso Barrios par des policiers, en 2003. D’autres membres de la famille ont depuis été assassinés : Luis Barrios en 2004 et Rigoberto Barrios en 2005. La Commission interaméricaine des droits de l’homme a exhorté le Venezuela à prendre les mesures nécessaires pour garantir le droit à la vie et à la sécurité de la famille Barrios et pour traduire en justice les responsables présumés de ces meurtres.
 ?En novembre, le défenseur des droits humains Mijail Martínez a été abattu dans l’État de Lara. Il travaillait avec le Comité des victimes contre l’impunité, basé à Lara, sur un documentaire exposant les cas de victimes de violations des droits humains imputables à des policiers. À la fin de l’année, aucun suspect n’avait été déféré à la justice pour cet homicide et aucune protection n’avait été accordée à la famille de la victime.

Liberté d’expression

Des journalistes ont fait l’objet d’actes de harcèlement, de manœuvres d’intimidation et de menaces. Au moins 34 stations de radio se sont vu retirer leur licence pour non-respect de la réglementation officielle en matière de télécommunications. Toutefois, comme l’a observé en août la rapporteuse spéciale pour la liberté d’expression de la Commission interaméricaine des droits de l’homme, la déclaration publique des autorités selon laquelle ces stations « jou[aient] à déstabiliser le Venezuela » montrait que la véritable raison de la fermeture pourrait bien se trouver plutôt du côté de la ligne éditoriale de ces organes de presse.
On craignait qu’un projet de loi visant à ériger en infraction pénale la diffusion par les médias d’informations « fausses » et susceptibles de « nuire aux intérêts de l’État » ne compromette, s’il était adopté, la liberté d’information et d’expression. Le texte demeurait en cours d’examen par l’Assemblée nationale à la fin de l’année.
En août, la rédaction de Caracas de la chaîne de télévision Globovisión a été la cible d’une attaque lancée par des hommes armés, qui ont jeté des grenades lacrymogènes et frappé l’un des agents de sécurité. Globovisión est généralement perçue comme étant opposée à la politique du gouvernement. En janvier, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu une décision ordonnant aux autorités d’enquêter sur les informations faisant état de manœuvres d’intimidation et d’agressions physiques et verbales perpétrées contre des employés de Globovisión. Aucune enquête n’avait été ouverte à la fin de l’année.

Répression de la dissidence

Des membres des partis d’opposition ont été harcelés, menacés et intimidés, faisant notamment l’objet de poursuites pénales entamées pour des motifs fallacieux. En plusieurs occasions, les forces de sécurité se sont abstenues d’intervenir lorsque des sympathisants du gouvernement s’en sont pris physiquement à des opposants présumés.
 ?En janvier, des militants progouvernementaux armés de barres de fer, de machettes et d’armes à feu ont pénétré de force dans les locaux de la Fondation Ateneo, un centre culturel de Caracas. Ils protestaient contre la décision du centre d’organiser un séminaire à l’occasion de l’anniversaire de la création du Drapeau rouge, un parti politique de gauche opposé au gouvernement. La police n’est pas intervenue.
 ?Le dirigeant étudiant Julio César Rivas, responsable de l’organisation Jeunesse active unie du Venezuela (JAVU), a été arrêté en septembre et inculpé d’« organisation de groupes armés ». Il a été détenu dans une prison de haute sécurité pendant plus de deux semaines, avant d’être libéré sous caution. Julio César Rivas avait manifesté à Valencia contre la nouvelle loi sur l’éducation. Son procès ne s’était pas encore ouvert à la fin de l’année.
 ?En août, Richard Blanco, préfet de Caracas et président du parti d’opposition Alliance du peuple brave, a été interpellé avec 11 autres fonctionnaires. Ils avaient participé à une manifestation contre la loi sur l’éducation entrée en vigueur en août 2009. Les 11 fonctionnaires ont été remis en liberté en octobre, dans l’attente de leur procès. En dépit de l’absence apparente de preuves à son encontre, Richard Blanco se trouvait quant à lui toujours en prison à la fin de l’année, sous le coup d’une procédure pour incitation à la violence et blessures sur un agent de la force publique.

Violences contre les femmes et les filles

Les enquêtes et les poursuites relatives aux affaires de violence au foyer ne progressaient que lentement. De nouveaux tribunaux et services de procureurs spécialisés dans les violences liées au genre ont été mis en place. Ces structures demeuraient toutefois insuffisantes pour faire face au nombre élevé d’affaires de ce type. Le procureur de Caracas a indiqué que ses services avaient reçu plus de 12 000 plaintes entre les mois de janvier et août 2009, et que seule la moitié de celles-ci pourraient être traitées.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit