Mozambique

La police a fait un usage excessif de la force au cours de manifestations et lors d’arrestations de suspects. Treize personnes sont mortes d’asphyxie dans une cellule surpeuplée d’un poste de police ; deux agents de la force publique ont été déclarés coupables d’homicides. Un policier de haut rang a été reconnu coupable de meurtre à la suite d’une exécution extrajudiciaire commise en 2007.

République du Mozambique
CHEF DE L’ÉTAT : Armando Emilio Guebuza
CHEF DU GOUVERNEMENT : Luisa Diogo
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 22,9 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 47,8 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 162 / 144 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 44,4 %

Contexte

Au moins 120 personnes sont mortes du choléra entre janvier et mars. En mars, la Croix-Rouge a suspendu ses activités dans le district de Mongicual, dans la province de Nampula (nord du pays), après le meurtre de trois de ses agents et de deux policiers, tués par des habitants au cours de violents mouvements de protestation. Des villageois avaient accusé les employés de la Croix-Rouge, qui versaient du chlore dans les puits, de contaminer leur eau avec des germes responsables du choléra.
Le maire de la ville de Beira, Daviz Simango, a quitté la Résistance nationale mozambicaine (RENAMO, principale force d’opposition) et créé en mars un nouveau parti politique, le Mouvement démocratique du Mozambique (MDM). Daviz Simango figurait également parmi les trois candidats à l’élection présidentielle d’octobre, remportée par le président sortant, Armando Guebuza, du Front de libération du Mozambique (FRELIMO, au pouvoir). La campagne électorale a été émaillée d’actes de violence sporadiques, prenant généralement la forme de destructions par des militants de matériel de campagne appartenant aux partis adverses. Deux fonctionnaires de police se sont vu infliger une amende par le tribunal de district de Murrupula pour avoir détruit des affiches électorales de la RENAMO. Des critiques ont en outre été formulées contre la police, qui ne serait pas intervenue lors de certaines violences perpétrées par des membres du FRELIMO. Les observateurs électoraux nationaux et étrangers ont relevé des irrégularités lors du scrutin, notamment des cas de bourrage d’urnes et d’invalidation de bulletins en faveur de candidats de l’opposition. La mission d’observation de l’Union européenne a toutefois estimé que ces agissements n’avaient pas eu d’incidences significatives sur les résultats.
L’un des plus grands procès pour corruption du pays s’est ouvert en novembre. L’ex-ministre des Transports et quatre anciens responsables de la société des aéroports du Mozambique, ADM, étaient accusés d’avoir détourné, entre 2005 et octobre 2008, près de 1,4 million d’euros appartenant à la compagnie.

Police

 ?En juin, le tribunal de la province de Maputo, siégeant à Matola, a reconnu un policier de haut rang coupable du meurtre d’Abranches Penicelo, commis en août 2007. Le fonctionnaire a été condamné à une peine de 22 ans d’emprisonnement et au versement de dommages et intérêts d’un montant de 500 000 méticais (environ 13 000 euros) aux cinq enfants de la victime. Toutefois, cinq autres fonctionnaires accusés d’avoir participé à l’homicide n’ont pas été jugés, ni même inculpés. Deux policiers également soupçonnés d’implication dans cette affaire étaient morts depuis les faits. Persécuté depuis des années par la police, Abranches Penicelo avait été battu par huit agents, qui lui avaient injecté une substance toxique, lui avaient tiré une balle dans la nuque, avaient enflammé ses vêtements et l’avaient laissé pour mort.
Selon certaines sources, des policiers collaboraient avec des délinquants et leur fournissaient notamment des armes à feu et des uniformes.
 ?Deux hommes reconnus coupables de meurtre qui s’étaient évadés, en décembre 2008, de leurs cellules placées sous la responsabilité de la police de Maputo, ont été appréhendés. Samuel Januário (dit « Samito ») Nhare a été arrêté en avril et Aníbal (dit « Anibalzinho ») dos Santos Júnior en août. En janvier, un troisième homme, Luís (dit « Todinho ») de Jesus Tomás, qui s’était évadé avec eux, avait été retrouvé tué par balle à Matola (province de Maputo). « Anibalzinho » a affirmé que la police avait facilité leur évasion.
 ?En février, trois policiers soupçonnés d’avoir coopéré avec des suspects de droit commun ont été arrêtés.
Recours excessif à la force
La police a, cette année encore, fait un usage excessif de la force, en particulier lors de l’arrestation de suspects et au cours de manifestations.
 ?En janvier, des policiers en civil ont tiré sur quatre hommes (dont l’identité n’a pas été révélée) qui tentaient semble-t-il de cambrioler un magasin d’appareils électriques dans le quartier de Baixa, à Maputo. Ils ont ouvert le feu sur deux des suspects au moment où ceux-ci sortaient de la boutique, tuant l’un sur le champ et blessant l’autre à la jambe. Les deux autres cambrioleurs présumés sont semble-t-il parvenus à s’enfuir. Les responsables de la police ont déclaré à Amnesty International que les fonctionnaires avaient agi en état de légitime défense après que les malfaiteurs présumés eurent tiré dans leur direction. Ils ont également affirmé que des agents de la société de sécurité privée surveillant le magasin avaient ouvert le feu en premier. Aucune enquête n’a été menée.
 ?En avril, un policier a blessé par balle deux travailleurs en grève sur le chantier de construction du stade national. Environ 700 ouvriers avaient cessé le travail afin de dénoncer la faiblesse de leur rémunération, les heures supplémentaires impayées et les mauvais traitements infligés par les responsables du projet. La police de la ville de Maputo a annoncé son intention d’ouvrir une enquête, mais aucune information supplémentaire sur cet épisode n’avait été rendue publique à la fin de l’année.
 ?En septembre, des agents de la force publique ont tiré à balles réelles afin de disperser des manifestations organisées dans une exploitation de sucre du district de Marromeu (province de Sofala). Deux ouvriers ont été blessés. Les manifestations ont semble-t-il dégénéré après la destruction d’une ambulance et d’une moto par les grévistes, qui ont érigé des barricades et incendié une partie de la plantation. Les ouvriers avaient entamé une grève pour protester contre le niveau de leurs salaires. Selon les informations recueillies, aucune enquête n’avait été conduite sur cette affaire à la fin de l’année.

Morts en détention

En mars, 13 personnes sont mortes asphyxiées dans une cellule surpeuplée d’un poste de police de Mongicual. Elles avaient été arrêtées, avec d’autres, à la suite d’émeutes survenues dans la région à propos du traitement contre le choléra. En août, le tribunal du district d’Angoche a déclaré cou¬pables d’homicides le policier en service au moment des faits et le responsable local de la police. L’un et l’autre ont été condamnés à une année de détention. Faute de preuves suffisantes, le tribunal a acquitté le responsable de la police judiciaire du district.

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