TANZANIE

Des mesures prises par le gouvernement ont porté atteinte à la liberté d’expression. Des policiers et d’autres responsables de l’application des lois qui auraient commis des violations des droits humains n’ont pas été traduits en justice et des auteurs de violences liées au genre, notamment de violences sexuelles, continuaient de jouir de l’impunité.

République-Unie de Tanzanie
CHEF DE L’ÉTAT : Jakaya Kikwete
CHEF DU GOUVERNEMENT : Mizengo Pinda
CHEF DU GOUVERNEMENT DE ZANZIBAR : Amani Abeid Karume, remplacé par Ali Mohamed Shein le 3 novembre
PEINE DE MORT : abolie en pratique
POPULATION : 45 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 56,9 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 112 / 100 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 72,6 %

Contexte

Jakaya Kikwete a été réélu à la présidence pour un nouveau mandat de cinq ans à l’issue des élections générales tenues fin octobre. Le principal candidat de l’opposition, Willibrod Slaa, et les représentants de son parti, le Parti pour la démocratie et le développement (CHADEMA), ont contesté la validité du scrutin présidentiel, marqué selon eux par des irrégularités, ainsi qu’une partie des résultats des élections législatives.

En juillet, la formation d’un gouvernement d’unité nationale à Zanzibar a été approuvée par référendum populaire. Ce référendum visait à mettre fin aux désaccords politiques qui avaient opposé dans le passé le Parti de la révolution (CCM, au pouvoir) et le Front civique unifié (CUF, opposition), et qui avaient été à l’origine de violences entre les partisans des deux camps à Zanzibar.

Dans l’ensemble, les élections générales et le référendum se sont déroulés dans le calme. Les tensions et les mouvements de protestation au sein de la population se sont toutefois intensifiés dans un certain nombre de régions, en raison de la lenteur avec laquelle une partie des résultats a été annoncée.

Liberté d’expression

Dans la période qui a précédé les élections, les autorités ont menacé d’interdire la publication ou de suspendre l’autorisation de paraître de Mwananchi et de MwanaHALISI. Elles ont envoyé aux deux journaux des lettres les accusant de publier des informations en vue d’« encourager le chaos et de briser la paix » dans le pays. Ces courriers ne mentionnaient cependant aucun article particulier que le gouvernement aurait considéré comme insultant. À la fin de l’année, aucun des deux titres n’avait été interdit ou suspendu.

Des journalistes se sont plaints de manœuvres d’intimidation et de harcèlement que leur avaient fait subir certains représentants du gouvernement et d’administrations publiques parce qu’ils avaient critiqué le comportement de ces fonctionnaires ou les politiques et pratiques des autorités.

Impunité

Les pouvoirs publics n’ont pas ouvert d’enquêtes sur les atteintes aux droits humains qui auraient été commises par des policiers et des agents de sécurité de sociétés privées en juillet 2009, à Loliondo, dans le district septentrional de Ngorongoro. Selon certaines sources, un nombre indéterminé de femmes ont été violées par ces agents, des familles ont été séparées et jusqu’à 3 000 membres de la communauté pastorale masaï ont été expulsés de force. Ces violations présumées des droits fondamentaux ont été perpétrées dans le cadre d’une opération visant à évincer ces personnes de chez elles et des terres destinées à leur bétail dans le but, officiellement, de conserver une zone à l’état de réserve naturelle.
Tout au long de l’année, des informations ont fait état d’homicides illégaux, de torture et d’autres mauvais traitements commis par des agents de la force publique, notamment des policiers, au cours d’opérations de sécurité menées dans différentes régions du pays. Aucune enquête n’a été menée sur ces allégations et les responsables présumés n’ont pas été déférés à la justice

Violences faites aux femmes

La violence sexuelle et d’autres formes de violence liée au genre, en particulier la violence domestique, étaient toujours monnaie courante en Tanzanie. Leurs auteurs étaient rarement poursuivis en justice.
Bien qu’interdites par la loi, les mutilations génitales féminines (MGF) demeuraient très répandues dans certaines régions, par exemple celle de Dodoma, dans le centre du pays. Selon le Centre juridique des droits humains (LHRC), une ONG locale, l’application de la loi contre les MGF était entravée par la méconnaissance généralisée du texte de loi, le profond ancrage des croyances traditionnelles et la méfiance de la population à l’égard du système judiciaire.

Discrimination – agressions de personnes atteintes d’albinisme

Cette année, d’après les informations disponibles, aucune personne albinos n’a été tuée en vue du prélèvement de certaines parties de son corps. Jusqu’à huit tentatives de meurtre, qui ont impliqué deux mutilations, ont néanmoins été signalées. Des militants œuvrant en faveur des droits de ces personnes ont indiqué avoir été la cible de menaces et de manœuvres d’intimidation de la part d’auteurs présumés d’atteintes aux droits fondamentaux des albinos.

La police enquêtait avec lenteur sur les violations subies par les albinos et ne réagissait guère face aux menaces visant les personnes qui défendaient leurs droits. L’action des pouvoirs publics destinée à prévenir les agressions contre les personnes atteintes d’albinisme demeurait globalement insuffisante.

Réfugiés et migrants

En novembre, jusqu’à 38 000 réfugiés burundais se trouvaient toujours dans le camp de Mtabila, dans l’ouest de la Tanzanie, bien que le gouvernement ait déclaré officiellement qu’il considérait ce camp comme fermé. À la suite des initiatives prises par les pouvoirs publics pour encourager les réfugiés burundais à retourner dans leur pays, 6 500 d’entre eux avaient été rapatriés depuis janvier 2009. Pour justifier leur réticence à retourner au Burundi, les réfugiés concernés invoquaient d’éventuels litiges fonciers dans leur pays et se disaient inquiets au sujet du processus électoral burundais de 2010. Certains déclaraient avoir des raisons réelles et légitimes de craindre d’être persécutés s’ils étaient renvoyés dans leur pays d’origine. Aucune procédure n’avait été mise en place pour évaluer la pertinence du rapatriement pour certains de ces réfugiés.

Conditions carcérales

D’après les informations recueillies, plusieurs prisons étaient surpeuplées et leurs conditions sanitaires déplorables. Dans certains établissements le nombre de détenus était deux fois supérieur à la capacité d’accueil. L’incarcération de mineurs dans les mêmes cellules que des adultes constituait une autre source de préoccupation.

Peine de mort

Les tribunaux ont continué de prononcer la peine de mort pour des infractions emportant cette peine. Le gouvernement n’a pris aucune mesure officielle pour abolir ce châtiment. Une requête déposée en 2008 par trois organisations de la société civile et contestant la constitutionnalité de la peine capitale était toujours en instance devant la Haute Cour.

Visites et documents d’Amnesty International

Un délégué d’Amnesty International s’est rendu en Tanzanie continentale en novembre.

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