GUATEMALA

La violence contre les femmes demeurait endémique. Les autorités ne garantissaient pas le respect des droits des populations indigènes. La justice restait impalpable pour la très grande majorité des 200 000 victimes du conflit armé interne qui s’est déroulé dans le pays entre 1960 et 1996. Les défenseurs des droits humains étaient toujours la cible d’actes d’intimidation.

RÉPUBLIQUE DU GUATEMALA
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Álvaro Colom Caballeros
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 14,4 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 70,8 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 45 / 34 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 73,8 %

Contexte

La criminalité violente était très répandue et n’épargnait pratiquement aucun groupe communautaire. En juin, on a retrouvé des têtes coupées dans les bâtiments du Congrès et dans d’autres lieux embléma¬tiques de la capitale. Elles avaient été placées là, a-t-on dit, par des gangs qui sévissent dans la rue.
En octobre, le Congrès a adopté une loi qui aurait pu entraîner la remise en application de la peine de mort. Le chef de l’État y a toutefois opposé son veto et, en décembre, le Guatemala a voté pour la résolution de l’Assemblée générale des Nations unies en faveur de l’instauration d’un moratoire sur le recours à la peine de mort.
La corruption restait généralisée. Les institutions demeuraient fragiles et vulnérables face au crime organisé. Carlos Castresana, responsable de la Commission internationale contre l’impunité au Guatemala (CICIG), un organisme parrainé par les Nations unies, a démissionné de ses fonctions en juin après la nomination au poste de procureur général d’un homme soupçonné de liens avec les milieux de la grande criminalité. Trois jours plus tard, la Cour constitutionnelle invalidait la procédure de sélection de cet homme. Une femme a été nommée provisoirement, en attendant la désignation d’un nouveau procureur général.

Violences faites aux femmes et aux filles

Selon les statistiques des services du Procureur des droits humains, 695 femmes ont été tuées en 2010, ce qui porte à 4 400 au moins le nombre total de femmes victimes d’un homicide depuis 2004. Les tribunaux spéciaux instaurés en 2008 par la Loi contre le meurtre de femmes ont commencé à fonctionner dans la capitale en septembre.
En octobre, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a accepté d’examiner le cas de Claudina Velásquez, une étudiante tuée en 2005 à l’âge de 19 ans. Cinq ans après sa mort, personne n’avait été poursuivi en justice et l’on pouvait nourrir les doutes les plus sérieux quant à l’efficacité de l’enquête.

Droits des peuples indigènes

Le Comité pour l’élimination de la discrimination raciale [ONU] s’est prononcé en mai en faveur de l’adoption d’une loi garantissant que les populations indigènes puissent donner leur consentement au préalable, librement et en connaissance de cause, à tout projet d’aménagement susceptible d’avoir des conséquences sur leur vie et leurs moyens d’existence.
En mai également, la CIDH a demandé au Guatemala de suspendre l’exploitation de la mine de Marlin 1, dans le département de San Marcos, de décontaminer les sources d’eau, de lancer un programme de soins de santé et de garantir la vie et la sécurité physique de 18 communautés mayas. Bien que le président se soit engagé à mettre en œuvre cette décision, la mine était toujours en activité à la fin de l’année.
En juin, le rapporteur spécial des Nations unies sur les populations autochtones a estimé que l’absence de consultation avec les communautés touchées par l’exploitation minière et l’absence de sécurité d’occupation des terres étaient la source de conflits entre compagnies minières et communautés indigènes.

Sécurité publique

La violence imputable aux gangs et la criminalité violente restaient très répandues. La criminalité a provoqué la mort de 5 960 personnes en 2010, selon les chiffres des services du Procureur des droits humains. Le bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme [ONU] au Guatemala a indiqué que 98 % environ des homicides ne donnaient lieu à aucune poursuite.
En août, le parquet a obtenu, avec le soutien de la CICIG, que des mandats d’arrêt soient émis contre 19 personnes – parmi lesquelles un ancien ministre de l’Intérieur et un ancien directeur de la police – soupçonnées dans le cadre de l’enquête sur l’exécution extrajudiciaire de prisonniers en 2005 et 2006. À la fin de l’année, neuf d’entre elles avaient été appréhendées tandis que quatre autres, qui se trouvaient à l’étranger, faisaient l’objet de demandes d’extradition ou de procédures judiciaires.

Impunité

L’immense majorité des milliers de cas recensés de violations des droits humains commises pendant la période de conflit armé interne (1960-1996) n’avaient toujours pas été élucidés. L’engagement pris par le chef de l’État en 2008 d’ouvrir à la consultation toutes les archives militaires sur le conflit classées secrètes n’a pas été tenu.

  • Les poursuites pour violations graves des droits humains lancées contre le général Ríos Montt, ancien chef de l’État, et d’autres responsables de l’armée et de la police en poste au début des années 1980, ne progressaient pas, en raison du refus du ministre de la Défense de communiquer certains documents, et ce malgré la décision d’un tribunal guatémaltèque l’enjoignant de le faire.
  • Un ancien soldat des forces spéciales guatémal¬tèques, Gilberto Jordán, a été arrêté en mai aux États-Unis. Selon le ministère américain de la Justice, cet homme a avoué avoir participé au massacre perpétré en 1982 à Dos Erres, au cours duquel 250 hommes, femmes et enfants indigènes ont été tués. Il a déclaré, toujours selon cette source, avoir commencé par tuer un bébé en le jetant dans le puits du village. Il a été condamné en septembre à 10 ans d’emprisonnement, pour avoir dissimulé son implication dans le massacre lors de sa demande de naturalisation.
  • Héctor Roderico Ramírez Ríos et Abraham Lancerio Gómez, deux anciens fonctionnaires de police, ont été condamnés en octobre à 40 années d’emprisonnement pour la disparition forcée du syndicaliste Fernando García, en 1984.

Défenseurs des droits humains

Les organisations de défense des droits humains ont recensé durant l’année 305 cas d’intimidation, de menaces et d’attaques contre des défenseurs des droits fondamentaux. Ces faits se sont révélés mortels dans huit cas. L’immense majorité de ces actes, et de ceux commis les années précédentes, restaient impunis.

  • Des membres du personnel de l’Unité de protection des défenseur-e-s des droits humains (UDEFEGUA), une ONG basée à Guatemala, ont été la cible de plusieurs attaques, menaces et actes intimidation. En février, une employée de l’organisation a perdu momentanément le contrôle de sa voiture car celle-ci avait été sabotée.

Visites d’Amnesty International

  • Des délégués d’Amnesty International se sont rendus au Guatemala en juillet.
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