TRINITE-ET-TOBAGO

Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées par des policiers, certaines dans des circonstances indiquant qu’il s’agissait peut-être d’homicides illégaux. Au moins 40 personnes étaient sous le coup d’une condamnation à mort ; aucune exécution n’a eu lieu.

République de Trinité-et-Tobago
CHEF DE L’ÉTAT : George Maxwell
CHEF DU GOUVERNEMENT : Patrick Manning, remplacé par Kamla Persad-Bissessar le 26 mai
PEINE DE MORT : maintenue
POPULATION : 1,3 million
ESPÉRANCE DE VIE : 69,9 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 37 / 28 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 98,7 %

Contexte

En avril, peu de temps avant un vote de défiance à l’égard de son gouvernement et dans un climat d’allégations de corruption, le Premier ministre Patrick Manning a annoncé l’organisation d’élections législatives, 30 mois avant la date prévue. Une coalition de cinq partis, le Partenariat du peuple, a remporté ce scrutin grâce à un programme électoral reposant sur la lutte contre la délinquance, l’accroissement de la transparence, l’éradication de la pauvreté et la promotion de la justice sociale. La nouvelle Première ministre, Kamla Persad-Bissessar, a pris l’engagement de reprendre la consultation de la population au sujet de la réforme constitutionnelle. La situation en matière de sécurité publique restait une priorité politique essentielle, avec 472 homicides recensés par la police.

Police et forces de sécurité

Plusieurs dizaines de personnes ont été tuées par la police. Dans certains cas, les témoignages contredisaient la version des policiers selon laquelle ils avaient tirés en état de légitime défense.

  • Le 3 janvier, Tristan Cobbler a appelé sa mère pour lui dire que la police lui avait tiré dans la jambe et qu’il se cachait dans des buissons près de Mentor Alley, à Laventille. Sa mère affirme l’avoir alors entendu dire : « Oh mon Dieu, je ne peux pas bouger. Ne tirez pas ! » Elle a retrouvé le corps de son fils à l’endroit même où il avait dit qu’il se cachait. L’autopsie a révélé qu’il était mort des suites de multiples blessures par balle aux jambes, au cou, au dos et à la poitrine. La police a déclaré qu’une arme à feu avait été trouvée à côté de son corps.
  • Bianca Charles a été tuée le 16 juillet par une balle perdue tirée par la police, à Morvant. Selon les policiers qui patrouillaient à ce moment-là, des suspects qu’ils poursuivaient ont ouvert le feu sur eux. Ils auraient alors riposté, et une balle a touché Bianca Charles qui se tenait devant son restaurant. Cependant, d’après le mari de Bianca Charles, qui a assisté à la scène, les suspects ne tiraient pas sur la police.

Violences faites aux femmes et aux filles

Selon les statistiques policières, 482 cas de viol, d’inceste et d’autres crimes sexuels ont été signalés entre janvier et septembre 2010 ; ce chiffre était de 491 pour la même période de 2009. Néanmoins, des organisations de défense des droits des femmes estimaient que les actes de ce type étaient loin d’être tous signalés, car les policiers n’étaient pas suffisamment formés pour traiter les affaires de violence à l’égard des femmes. L’accès à la justice pour les victimes d’agression sexuelle n’était pas satisfaisant. Les taux de condamnation étaient faibles pour ces crimes. Une politique nationale élaborée en 2009 et portant sur les questions de genre et le développement, qui proposait un certain nombre de mesures de prévention et de lutte contre la violence liée au genre, n’avait toujours pas été adoptée à la fin de l’année 2010.

Peine de mort

Au moins 40 personnes étaient sous le coup d’une condamnation à mort ; aucune exécution n’a eu lieu.

Certains ministres du nouveau gouvernement se sont déclarés favorables à la reprise des pendaisons, estimant qu’elles avaient un effet dissuasif contre la criminalité. La nouvelle Première ministre a déclaré que l’exécution par pendaison était « la loi du pays » et que son gouvernement « respect[erait] l’état de droit et appliqu[erait] la législation de Trinité-et-Tobago ». Cependant, elle a également fait savoir que le nouveau gouvernement envisageait de proposer une modification législative afin de mettre fin à l’application obligatoire de la peine capitale pour les meurtres.

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