VENEZUELA

Des personnes qui s’opposaient à la politique gouvernementale ont fait l’objet de poursuites motivées par des considérations politiques. Des défenseurs des droits humains ont été victimes d’agressions et de tentatives d’intimidation. Des violations des droits fondamentaux imputables aux forces de sécurité ont été signalées. Les progrès en matière de lutte contre les violences faites aux femmes se caractérisaient par leur lenteur.

République bolivarienne du Venezuela
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Hugo Chávez Frías
PEINE DE MORT : abolie
POPULATION : 29 millions
ESPÉRANCE DE VIE : 74,2 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 24 / 19 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 95,2 %

Contexte

À l’issue des élections législatives de septembre, le parti au pouvoir a perdu la majorité des deux tiers qu’elle détenait à l’Assemblée nationale.
Des manifestations ont eu lieu tout au long de l’année. Dans la plupart des cas, ces mouvements de protestation reflétaient le mécontentement de la population au sujet des droits des travailleurs et des services publics.
En janvier, le gouvernement a interdit de diffusion six chaînes de télévision. Il était à craindre que cette mesure ne soit destinée à restreindre le droit à la liberté d’expression. Cinq chaînes ont pu reprendre leurs programmes par la suite. Un recours formé par la sixième, RCTV International, était en instance à la fin de l’année.

Défenseurs des droits humains

Cette année encore, des défenseurs des droits humains ont fait l’objet d’agressions et de menaces, dont les auteurs n’ont pas été traduits en justice.

  • En mai, après avoir publiquement critiqué des responsables de l’armée, Rocío San Miguel, présidente de Contrôle citoyen (une organisation de la société civile), a été suivie par deux inconnus circulant dans une voiture banalisée. Elle a appris par la suite qu’on avait essayé de décerner un mandat d’arrêt à son encontre.
  • En juillet, Víctor Martínez a été frappé par un inconnu alors qu’il distribuait sur la voie publique des tracts dénonçant l’implication présumée de la police dans la mort de son fils, Mijail Martínez, survenue en 2009. L’année s’est achevée sans que personne n’ait été traduit en justice pour le meurtre de Mijail Martínez, ni pour l’agression dont Víctor Martínez avait été victime.

Répression de la dissidence

Les personnes critiques à l’égard du gouvernement faisaient l’objet de poursuites qui étaient engagées pour des motifs politiques et qui visaient manifestement à les réduire au silence.

  • En mars, trois hommes, Oswaldo Álvarez Paz, membre d’un parti d’opposition et ancien gouverneur de l’État de Zulia, Guillermo Zuloaga, propriétaire de la chaîne de télévision Globovisión, et Wilmer Azuaje, candidat de l’opposition au poste de gouverneur de l’État de Barinas, ont été détenus pendant plusieurs jours pour des motifs fallacieux. À la fin de l’année, ils demeuraient inculpés et en attente de leur procès.
  • Richard Blanco, préfet de Caracas, a été libéré en avril, au terme de quatre mois de détention. Il était toujours sous le coup d’une procédure, reposant sur des accusations infondées, pour incitation à la violence et pour avoir blessé un policier lors d’une manifestation contre une loi sur l’éducation, en 2009.
  • En novembre s’est ouvert le procès du syndicaliste Rubén González, secrétaire général de Sintraferrominera, le syndicat des employés de la société nationale d’extraction du minerai de fer installée dans l’État de Bolívar, CVG Ferrominera Orinoco. À la suite de sa participation à un mouvement de grève en 2009, Rubén González avait été inculpé d’incitation à commettre une infraction, d’obstruction à la liberté de travailler d’autrui et de violation d’un périmètre de sécurité. Il avait passé plus d’une année en détention provisoire et les charges retenues contre lui étaient manifestement disproportionnées.

Violences faites aux femmes et aux filles

Les infractions liées au genre demeuraient un sujet de grave préoccupation. La procureure générale a annoncé, en octobre, la création de nouveaux services de procureurs chargés de traiter ce type d’affaires. Entre janvier et août, les services du ministère public avaient reçu plus de 65 000 plaintes pour violences liées au genre.

  • Six ans après qu’Alexandra Hidalgo eut été enlevée, violée et torturée par cinq hommes, seuls deux des suspects avaient fait l’objet de poursuites. Alors que les autorités s’étaient engagées à ce que les responsables soient déférés à la justice, aucune avancée n’a été enregistrée dans cette affaire en 2010.
  • Jennifer Carolina Viera a été tuée à l’arme blanche par son époux, en avril, à Valencia. Cet homme avait été arrêté en mars à Mérida, après l’hospitalisation de sa femme. Il avait ensuite été libéré sous caution, avec l’interdiction de s’approcher de celle-ci.

Police et forces de sécurité

La sécurité publique demeurait une source de vive inquiétude. D’après les derniers chiffres communiqués par l’Institut national des statistiques, plus de 21 000 personnes avaient été tuées au Venezuela en 2009. Certaines allégations faisaient état de l’implication de la police dans des homicides et des disparitions forcées.

  • Wilmer José Flores Barrios a été assassiné en septembre. C’était le sixième membre de la famille Barrios à être tué dans des circonstances suggérant l’implication de membres de la police de l’État d’Aragua. À la fin de l’année, le Venezuela n’avait pris aucune mesure pour protéger cette famille et n’avait pas ordonné l’ouverture d’une véritable enquête sur ces crimes.
  • En mars, des témoins ont vu trois ouvriers – Gabriel Antonio Ramírez, José Leonardo Ramírez et Nedfrank Xavier Cona – être poussés de force dans une voiture banalisée par un groupe de 17 à 20 policiers à Barcelona, une ville de l’État d’Anzoátegui. À la fin de l’année, on ne savait toujours pas ce qu’étaient devenus les trois hommes. Six policiers avaient été arrêtés ; un officier supérieur était toujours en liberté.

Indépendance de la magistrature

La juge María Lourdes Afiuni Mora demeurait en détention, en attendant l’ouverture de son procès. Elle avait été arrêtée en décembre 2009, sur la base d’accusations sans fondement. Trois rapporteurs spéciaux des Nations unies estimaient que son interpellation avait porté un coup à l’indépendance des juges et des avocats au Venezuela et ont demandé sa remise en liberté immédiate et inconditionnelle. María Lourdes Afiuni a été menacée par des codétenues, dont certaines avaient été déclarées coupables à l’issue de procès auxquels elle avait présidé. Elle a également déclaré s’être vu refuser des soins médicaux dont elle avait besoin.

Conditions carcérales

La Commission interaméricaine des droits de l’homme a exprimé, en novembre, son inquiétude devant le nombre de morts et de blessés dans les prisons vénézuéliennes. D’après des organisations nationales de défense des droits humains, 352 personnes ont été tuées et 736 blessées dans les prisons vénézuéliennes, entre janvier et novembre 2010.
La Commission a en outre fait part de ses préoccupations quant aux conditions de détention au Venezuela, à la suite d’une émeute survenue en mars dans la prison Yare I, à Caracas, et qui a fait de très nombreux morts et blessés. Elle s’est également déclarée préoccupée par les informations recueillies en novembre et faisant état de violences entre des détenus de la prison d’Uribana, dans l’État de Lara

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