Guinée

Les élections législatives prévues pour 2012 ont été reportées à l’année 2013. Les forces de sécurité se sont rendues coupables de violations des droits humains, notamment de recours excessif à la force, d’exécutions extrajudiciaires et de torture et autres mauvais traitements. La liberté de réunion et la liberté d’expression continuaient de faire l’objet de sévères restrictions. Une journaliste indépendante a été frappée et victime de manœuvres d’intimidation.

RÉPUBLIQUE DE GUINÉE
Chef de l’État : Alpha Condé
Chef du gouvernement : Mohamed Saïd Fofana

Contexte

À la fin de l’année, le Conseil national de transition (CNT), créé en janvier 2010 en vertu des accords de Ouagadougou, n’avait toujours pas transféré ses pouvoirs à une assemblée nationale élue. En avril, le président Condé a reporté la tenue des élections législatives prévues pour le mois de juillet, invoquant la nécessité d’en garantir la transparence et le caractère démocratique. L’opposition a mis en doute l’impartialité et la transparence de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Celle-ci a été remaniée en octobre et des élections ont été programmées pour juillet 2013.

Utilisation excessive de la force et exécutions extrajudiciaires

Tout au long de l’année, les forces de sécurité ont réprimé les manifestations organisées par l’opposition, notamment l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Au moins huit personnes ont été tuées par les forces de sécurité.
Des manifestations organisées par l’UFDG pour réclamer des élections législatives libres et transparentes ont eu lieu à Conakry en mai. Plusieurs personnes ont été blessées, dont un homme qui aurait été atteint d’une balle dans le dos, tirée par un membre des forces de sécurité.
Au début du mois d’août, les locaux d’une compagnie minière brésilienne ont été vandalisés à la suite d’une grève organisée par des ouvriers habitant aux alentours, notamment dans le village de Zogota, à 900 kilomètres de Conakry. Le même jour, les forces de sécurité envoyées à Zogota ont abattu au moins cinq personnes. D’autres ont été arrêtées, puis battues et torturées.
En septembre, les forces de sécurité ont fait usage de leurs armes à feu et opposé une riposte disproportionnée aux troubles qui avaient éclaté à Koloma, un des quartiers de la capitale. Un homme, Mamadou Alpha Barry, a été tué, et plus de 40 personnes ont été blessées.
Procès – attaque contre le palais présidentiel
Le procès de 48 personnes soupçonnées d’avoir lancé une attaque contre la résidence du président Condé en juillet 2011 s’est ouvert en février. Le mois suivant, 17 d’entre elles ont été remises en liberté après l’abandon de toutes les poursuites. En juillet, le procureur général a fait appel du jugement prononcé par le tribunal de Conakry et, en novembre, la cour d’appel de Conakry a infirmé la décision d’abandon des poursuites dans les cas de 15 des accusés. Ceux-ci ont été renvoyés devant des tribunaux militaires ou civils (cour d’assise). Certains de ces prisonniers avaient été torturés ou maltraités au moment de leur arrestation.

Torture et autres mauvais traitements

De nouveaux cas de torture et autres mauvais traitements imputables aux forces de sécurité ont été signalés.
 En février, trois hommes soupçonnés de vol à main armée ont été conduits au poste de police de Bambeto, à Conakry, où ils ont été torturés. L’un d’eux a été soumis à des décharges électriques et un autre a été roué de coups durant quatre heures, les mains attachées dans le dos, selon la méthode dite « chinoise ». Ayant refusé d’« avouer », il a été déshabillé et frappé à coups de crosse sous les yeux de sa famille. Ces deux hommes ont ensuite été envoyés à Hamdallaye, où des agents de l’escadron mobile n° 2 les ont brûlés avec des cigarettes et leur ont fait subir le supplice de la « brochette » (la personne est menottée et suspendue à une barre en bois passée entre les genoux et les coudes). Le corps du troisième homme, porté disparu, a été découvert une semaine plus tard à la morgue de l’hôpital de Donka. Il serait mort des suites de tortures.

Liberté d’expression – journalistes

La situation demeurait préoccupante car la liberté d’expression et la liberté de la presse restaient soumises à des restrictions et certains journalistes étaient pris pour cibles.
En février, Kounkou Mara, une journaliste travaillant pour le groupe de presse privé Lynx-La Lance, a été frappée par des gendarmes alors qu’elle se rendait à une manifestation organisée à Conakry par la Banque centrale de la République de Guinée. Elle a dû être hospitalisée pour une courte durée. Par peur de représailles, les dirigeants du groupe de presse ont renoncé à porter plainte. À la fin de l’année, aucun des gendarmes auteurs de l’agression n’avait été traduit en justice.
En août, les autorités de la région de N’Zerekore, dans le sud-est du pays, ont fermé la station de radio privée Liberté FM ; d’après les informations reçues, cette mesure avait pour objectif d’empêcher la station de couvrir les manifestations prévues le lendemain.

Impunité

L’enquête ouverte en février 2010 sur le massacre perpétré le 28 septembre 2009 au Grand Stade de Conakry a progressé.
En février, puis en septembre, plusieurs personnes (dont des représentants de l’État) ont été inculpées pour violations des droits humains et implication dans le massacre. Il s’agissait, entre autres, du colonel Moussa Tiegboro Camara, qui occupait toujours un poste au sein des pouvoirs publcis, et du colonel Abdoulaye Chérif Diaby, ministre de la Santé en 2009.
En avril et en mai, quatre personnes ont déposé deux plaintes distinctes devant un tribunal de Conakry pour des actes de torture commis en 2011 et 2012. À deux reprises, des gendarmes avaient eu recours à la torture pour extorquer des « aveux » dans une affaire de vol qualifié. À la fin de l’année, aucun des sept gendarmes concernés n’avait été déféré à la justice. L’une des victimes est morte des suites de ses blessures et une autre avait été grièvement blessée.

Peine de mort

Au moins deux personnes ont été condamnées à la peine capitale.

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