Asie et Pacifique - résumé de la situation des droits humains

Un peu partout dans la région Asie-Pacifique, le simple fait d’exprimer publiquement son opinion, que ce soit dans la rue ou sur Internet, était brutalement réprimé par l’État. Des personnes étaient régulièrement harcelées, agressées, emprisonnées ou tuées pour avoir osé défier le pouvoir en place.

Au Viêt-Nam, plus d’une vingtaine de dissidents pacifiques, dont des blogueurs et des paroliers, ont été incarcérés après avoir fait l’objet d’accusations fallacieuses d’atteinte à la sécurité nationale. En Indonésie, les autorités ont mis en prison six personnes accusées de blasphème, et 70 militants politiques non violents étaient toujours derrière les barreaux. Au Cambodge, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des personnes qui manifestaient pacifiquement contre des expulsions forcées et contre leurs conditions de travail déplorables. En Chine, les gens qui protestaient contre les expulsions forcées de masse étaient menacés d’arrestation, d’emprisonnement ou d’internement en camp de rééducation par le travail. Au Sri Lanka, un certain nombre de personnes, dont des journalistes, ont été arrêtées arbitrairement ou enlevées parce qu’elles avaient critiqué les autorités. Plusieurs n’ont pas été revues depuis. En Inde, ceux qui militaient pour le respect des droits des populations indigènes – qui, dans leur volonté de protéger leurs droits traditionnels à la terre, se heurtaient aux intérêts de grandes entreprises – étaient envoyés en prison sur la base d’accusations motivées par des considérations politiques.

Les changements importants intervenus à la tête de plusieurs pays de la région ne se sont guère traduits par une amélioration de la situation en matière de droits humains. En Chine, plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées à titre préventif, pour éviter toute manifestation à la veille du premier grand remaniement de la direction du Parti communiste chinois depuis 10 ans. En République populaire démocratique de Corée, où Kim Jong-un, arrivé au pouvoir en 2011, a continué de renforcer sa mainmise sur l’État, les opposants politiques étaient toujours internés dans des camps pénitentiaires situés dans des régions reculées, où ils étaient soumis aux travaux forcés et à la torture. La malnutrition y était aiguë et le taux de mortalité élevé.

« Nous étions à l’hôpital et j’ai entendu et vu des policiers en uniforme charger à l’intérieur. Ils frappaient des gens qui étaient déjà blessés, en visant plus particulièrement la tête. » Mariya Didi, députée blessée par la police lors d’une manifestation organisée contre la démission du Premier ministre maldivien Mohamed Nasheed, le 7 février 2012

Aux Maldives, le mouvement de contestation suscité par la démission, en février, du Premier ministre de l’époque, Mohamed Nasheed, a été violemment réprimé. Les forces de sécurité s’en sont prises aux partisans de l’ancien chef du gouvernement et les ont torturés.

Des dizaines de milliers de personnes ont cette année encore souffert des conséquences directes de conflits armés. Des civils ont été tués, blessés ou déplacés à la suite d’attentats-suicides, de bombardements aveugles, d’attaques aériennes ou d’actions meurtrières ciblées en Afghanistan, au Myanmar, au Pakistan et en Thaïlande.

Un peu partout dans la région, les aspirations des femmes et des filles ont été une fois de plus déçues, les États se montrant incapables de protéger et de promouvoir efficacement leurs droits.

En Afghanistan et au Pakistan, de très nombreuses femmes et jeunes filles continuaient d’être exclues de la vie publique. Certaines ont été tuées par les talibans dans des conditions évoquant une exécution. Le tollé suscité par le viol collectif ayant entraîné la mort d’une étudiante indienne a souligné l’incapacité de l’État indien à juguler la violence dont étaient victimes les femmes et les filles dans ce pays. Cette violence était également omniprésente en Papouasie-Nouvelle-Guinée, là encore dans un climat de très grande impunité. Des progrès ont cependant été enregistrés pour les droits des femmes aux Philippines, où une nouvelle loi relative à la santé reproductive a finalement été adoptée après une décennie d’actions de pression de la part de militants.

« Les mains de la cruauté vont jusqu’aux zones tribales [du nord-ouest du Pakistan], mais celles de la justice ne parviennent pas si loin. » Ghulam Nabi, avocat près la haute cour de Peshawar (Pakistan)

D’autres mesures positives, bien que timides, ont été prises ailleurs dans la région. Si l’Afghanistan, l’Inde, le Japon, le Pakistan et Taiwan ont repris les exécutions, après un moratoire de fait ayant duré de 17 mois à huit ans, Singapour et la Malaisie ont entrepris de supprimer de leurs législations les dispositions prévoyant l’application obligatoire de la peine capitale.

À la surprise générale, un espoir de changement est apparu au Myanmar.

Les autorités ont en effet annoncé en novembre leur intention de mettre en place un mécanisme d’examen des dossiers de prisonniers, et des centaines de détenus politiques ont été libérés cette année. Des centaines d’autres étaient cependant maintenus en détention arbitraire, ce qui montrait bien que la route vers la réforme était encore longue, non seulement pour le Myanmar mais aussi pour la région dans son ensemble.

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