Corée du Nord

Les violations des droits humains demeuraient très répandues et systématiques. Le pays était toujours en proie à une crise alimentaire, et la malnutrition chronique et généralisée restait un problème de santé publique. Confrontés à une insécurité alimentaire persistante, des millions de Nord-Coréens continuaient de dépendre de l’aide alimentaire. Des informations ont fait état de la fermeture d’un camp de prisonniers politiques. Toutefois, plusieurs dizaines de milliers de personnes étaient toujours détenues dans ce type de camps, où les violations des droits humains, y compris les exécutions extrajudiciaires, le travail forcé, la torture et d’autres formes de mauvais traitements, étaient permanentes. Des exécutions ont été signalées, notamment de personnes qui avaient été écartées lors de la phase de transition au sommet de l’État. De lourdes restrictions pesaient toujours sur les droits à la liberté d’expression, d’association, d’opinion et de réunion. Les médias demeuraient étroitement surveillés.

RÉPUBLIQUE POPULAIRE DÉMOCRATIQUE DE CORÉE
Chef de l’État : Kim Jong-un
Chef du gouvernement : Choe Yong-rim

Contexte

Kim Jong-un, leader suprême de la Corée du Nord depuis la mort de son père en 2011, a été nommé le 11 avril au poste – nouvellement créé – de premier secrétaire du Parti des travailleurs de Corée ; il a été promu commandant de l’Armée populaire coréenne en juillet. Après plusieurs tentatives infructueuses, la Corée du Nord a réussi le 12 décembre à lancer une fusée Unha 3 et à mettre sur orbite un satellite.
Les médias officiels ont annoncé en janvier une mesure d’amnistie, qui devait être appliquée à compter du 1er février à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de l’ancien dirigeant Kim Jong-il. Aucune information n’a toutefois été rendue publique au sujet de libérations de prisonniers.
En juillet, la Corée du Nord a été touchée par des inondations qui ont gravement endommagé des habitations, des infrastructures et des édifices publics. D’après les chiffres communiqués par le gouvernement, au moins 212 000 personnes se sont retrouvées sans abri et 169 ont été tuées.

Crise alimentaire

Bien que des informations aient fait état de meilleures récoltes pour la deuxième année consécutive, l’insécurité alimentaire demeurait généralisée. Dans un rapport rendu public en novembre, la mission d’évaluation de la sécurité alimentaire de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM) a noté que, même si la consommation alimentaire des ménages s’était améliorée, « l’écart entre l’apport en nutriment recommandé et l’apport véritable rest[ait] important » et que la « majorité de la population [était] encore en situation d’insécurité alimentaire ». Une grande partie de la population souffrait toujours de malnutrition chronique, et plusieurs personnes seraient mortes de faim durant l’année.

Arrestations et détentions arbitraires

Plusieurs centaines de milliers de personnes étaient toujours maintenues en détention arbitraire ou incarcérées pour une durée indéfinie, sans avoir été jugées ni inculpées, dans des camps de prisonniers politiques et d’autres centres de détention. Soumis à des violations systématiques et permanentes de leurs droits fondamentaux, les prisonniers pouvaient notamment être astreints à de longues journées de travaux forcés et n’avaient pas de jour de repos. Des exécutions extrajudiciaires avaient lieu également. La torture et les mauvais traitements étaient des pratiques courantes dans les camps pénitentiaires. De nombreux détenus sont morts en raison des conditions dangereuses dans lesquelles ils étaient contraints de travailler et des conséquences de la malnutrition et du manque de soins médicaux appropriés.
Des informations parvenues en octobre ont fait état de la fermeture du camp n° 22 de prisonniers politiques, situé à Hoeryong (province du Hamkyung du Nord). On ne savait pas quand cette fermeture était intervenue ni où les détenus – entre 20 000 et 50 000, estimait-on – avaient été transférés. Ce camp, l’un des cinq construits sur ce modèle en Corée du Nord, était une « zone de contrôle total » où les prisonniers étaient incarcérés à vie, sans jamais pouvoir être libérés. Un grand nombre de celles et ceux qui se trouvaient dans les camps pour prisonniers politiques n’avaient pas commis de crime ; cependant, étant liés à des personnes considérées comme hostiles au régime, ils étaient ainsi soumis à une forme de sanction collective.
 En réponse à une question du Groupe de travail sur la détention arbitraire [ONU], le gouvernement a déclaré en avril que Shin Sook-ja était morte des suites d’une hépatite. Les dernières informations la concernant indiquaient que cette femme était incarcérée avec ses deux filles dans le camp de prisonniers politiques n° 15, à Yodok. Le gouvernement a par ailleurs soutenu que les filles de Shin Sook-ja ne souhaitaient pas entrer en contact avec leur père, Oh Kil-nam, qui se trouvait désormais en Corée du Sud. Ces informations n’ont pas pu être confirmées de source indépendante, et l’on ne connaissait pas la date exacte ni le lieu du décès de Shin Sook-ja. On ignorait toujours tout du sort de ses deux filles.
 La Corée du Nord a annoncé en décembre l’arrestation d’un Américain d’origine coréenne, Kenneth Bae, accusé d’avoir commis des « actes hostiles à l’égard de la République ». Cet homme dirigeait une agence de voyage spécialisée dans les séjours en Corée du Nord pour les touristes et d’éventuels investisseurs. Entré dans le pays le 3 novembre, il aurait été interpellé après que les forces de sécurité eurent découvert qu’il était en possession d’un disque dur qui, selon elles, contenait des informations sensibles sur la Corée du Nord.

Disparitions forcées

Cette année encore, les autorités ont refusé d’admettre que des agents nord-coréens avaient enlevé à l’étranger des personnes originaires, entre autres, de Corée du Sud, du Japon, du Liban et de Thaïlande.
 Takashi Fujita a participé en juillet à une réunion du Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires [ONU]. Il a évoqué le cas de son frère Susumu, probablement enlevé au Japon par la Corée du Nord en février 1976.

Liberté d’expression

Les autorités ont continué d’imposer des restrictions sévères à la liberté d’expression, d’opinion et de réunion. Les médias ont semble-t-il été soumis à des mesures de contrôle strictes, destinées à dissuader toute mise en cause du gouvernement lors de la période de transition. Il n’existait de toute évidence pas d’organisations de la société civile indépendantes ni de partis politiques indépendants dans le pays.

Droit de circuler librement

Les autorités auraient renforcé encore les contrôles le long de la frontière avec la Chine, et menacé les personnes la franchissant sans autorisation de lourdes sanctions à leur retour.
 En février, 31 personnes qui avaient quitté la Corée du Nord sans autorisation ont été arrêtées par les autorités chinoises. Selon les informations parues dans la presse, la Chine a renvoyé de force en mars une partie de ces personnes en Corée du Nord, où elles risquaient d’être placées en détention, torturées ou autrement maltraitées, soumises au travail forcé ou exécutées.

Peine de mort

Des informations qui n’ont pu être confirmées ont fait état de l’exécution d’opposants politiques.
 Selon des informations non confirmées reçues en octobre, Kim Chol, le ministre de l’Armée, a été exécuté au début de l’année pour état d’ébriété et comportement inapproprié durant la période de deuil de l’ancien dirigeant Kim Jong-il.

Surveillance internationale

En octobre, la haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies a fait observer que « le recours à des camps pour prisonniers politiques, des exécutions publiques fréquentes et de graves pénuries alimentaires, associés aux difficultés extrêmes d’accès au pays, rendaient la Corée du Nord singulièrement problématique ». Pour la première fois, le Conseil des droits de l’homme [ONU] et la Troisième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies ont adopté des résolutions sans vote, respectivement en mars et en novembre. Les deux textes exprimaient de profondes préoccupations à propos des informations persistantes de violations graves, systématiques et généralisées des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels en Corée du Nord.

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