Moyen-Orient et Afrique du nord — résumé de la situation des droits humains

Les soulèvements populaires qui ont déferlé sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à partir de la fin de 2010 ont continué de peser sur l’évolution de la situation des droits humains dans toute la région.

En Syrie, le conflit armé interne entre les forces gouvernementales et l’opposition a ravagé le pays. Les atteintes flagrantes aux droits humains et les crimes de guerre imputables à toutes les parties, ainsi que les crimes contre l’humanité commis par les forces gouvernementales, se sont poursuivis tout au long de l’année et au-delà ; ils ont notamment pris la forme d’attaques menées sans discrimination sur des zones d’habitation, d’assassinats politiques et d’actes de torture. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de la Syrie par la terreur et les destructions généralisées et se sont retrouvées en situation de détresse humanitaire ; à la fin de l’année, près de 600 000 autres avaient été contraintes de fuir à l’étranger et représentaient une charge extrêmement lourde pour les pays voisins. Avec une économie et des infrastructures en ruines, et sans aucune perspective de voir la fin des combats, l’avenir de la Syrie paraît bien sombre.

Ailleurs, le tableau était contrasté. Dans les pays où un régime autocratique avait été renversé – Égypte, Libye, Tunisie et Yémen –, les médias ont bénéficié d’une liberté accrue et les possibilités offertes à la société civile se sont multipliées. On a toutefois aussi constaté des revers, la liberté d’expression étant remise en question pour des motifs religieux ou moraux. En Libye, l’absence de contrôle des autorités sur les milices entravait les avancées dans le domaine des droits humains.

L’année passée, plus de 20 000 sympathisants d’Amnesty International à travers le monde se sont mobilisés pour demander l’annulation de l’interdiction de conduire, en solidarité avec les Saoudiennes.
Déclaration d’Amnesty International, juin 2012

Dans toute la région, les défenseurs des droits humains et les militants politiques restaient en butte à la répression. Beaucoup d’hommes et de femmes ont été emprisonnés pour avoir exprimé leurs opinions, ont été battus, voire tués, lors de manifestations pacifiques, torturés en détention, empêchés de quitter leur pays ou harcelés par des agents de l’État. Dans les États du Golfe, des militants, des poètes et des professionnels de la santé, entre autres, ont été incarcérés pour avoir simplement réclamé des réformes ou exprimé leurs opinions. Tout en annonçant à grand bruit des réformes, les autorités de Bahreïn ont continué d’incarcérer des personnes uniquement en raison de leurs opinions, notamment des figures de proue de l’opposition et des militants des droits humains. En Algérie et en Jordanie, de nouvelles lois ont renforcé le contrôle des médias ; au Maroc, les autorités ont réprimé les activités de journalistes et de dissidents.

Dans les pays en transition, le débat sur les réformes indispensables dans le domaine de la justice et de la sécurité s’est poursuivi, mais peu de changements concrets ont été mis en œuvre. De manière générale, bien que des initiatives aient été prises pour remédier aux atteintes aux droits humains commises dans le passé, les responsables de tels agissements bénéficiaient toujours de l’impunité. Les arrestations arbitraires, le recours à la torture et les procès inéquitables sont restés monnaie courante et de nombreux États, tout particulièrement l’Arabie saoudite et l’Iran, ont eu fréquemment recours à la peine capitale.

« J’ai retrouvé mes fils en train de brûler dans la rue. [On avait mis le feu à leurs cadavres] entassés les uns sur les autres… »
Une mère décrivant à une chercheuse d’Amnesty International sur la Syrie ce qui est arrivé à ses trois fils à Sarmin, province d’Idlib, le 23 mars 2012.

Les espoirs des femmes, qui ont été au cœur des soulèvements, étaient loin d’être réalisés. Leurs appels pour obtenir la fin de la discrimination fondée sur le genre sont restés sans effet ; des manifestantes ont subi des agressions liées au genre. Dans toute la région, cependant, les femmes ont continué de protester contre la discrimination, qui reste bien ancrée dans la législation et dans la pratique, et de réclamer une protection appropriée contre les violences domestiques, entre autres violences liées au genre.

Israël a maintenu le blocus militaire de la bande de Gaza et poursuivi l’expansion des colonies illégales en Cisjordanie occupée. Il en a résulté une crise humanitaire persistante pour les 1,6 million d’habitants de Gaza, de même que de sévères restrictions de la liberté de mouvement des Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza. En novembre, Israël a mené durant huit jours une offensive militaire contre des groupes armés palestiniens de Gaza qui tiraient sans discrimination des roquettes en direction d’Israël ; plus de 160 Palestiniens et six Israéliens ont trouvé la mort.

Malgré les revers constatés, la détermination et le courage des peuples de toute la région dans la poursuite de leur combat en faveur de la justice, de la dignité et des droits humains donnent des raisons d’être optimiste.

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