Afghanistan, des motifs de préoccupation

Des réfugiés afghans sont rentrés du Pakistan et d’Iran 3,5 millions sont toujours dans ces deux pays mais des milliers d’autres continuent d’essayer de quitter l’Afghanistan, fuyant la recrudescence de la criminalité, les opérations militaires, la pénurie de nourriture et les attaques visant les membres de certaines ethnies. La situation reste instable et le rapatriement volontaire des réfugiés ne devrait pas être encouragé.
Le contrôle de l’autorité intérimaire ne s’exerce pratiquement pas en dehors de Kaboul où des chefs locaux exercent le pouvoir. Cette situation a entraîné l’insécurité dans la plus grande partie du pays où l’ordre n’est pas maintenu par une armée nationale ni par une police gérée par le pouvoir central ou ayant à rendre compte de ses actes. Les opérations militaires menées par les États-Unis contre Al Qaida (La Base) et les talibans se poursuivent dans le centre et l’est du pays. À plusieurs reprises, fin 2001 et début 2002, la population de certaines régions a accusé les États-Unis d’avoir agi sur la base d’informations fausses ou malveillantes et d’avoir tué ou maltraité des civils ainsi que des commandants et des combattants opposés aux talibans. Des civils ont également été tués à la suite de combats entre factions dans plusieurs régions du pays.
Les conditions de détention restent très préoccupantes. Des personnes qui se sont rendues dans des prisons ont indiqué que celles-ci étaient dangereusement surpeuplées, que les détenus manquaient de nourriture et de médicaments et qu’ils n’étaient pas protégés contre les rigueurs de l’hiver. La responsabilité des lieux de détention incombe officiellement à l’autorité intérimaire en Afghanistan ;
toutefois, en vertu du droit international, les États-Unis demeurent responsables de la protection contre tout abus des prisonniers qui, avant d’être remis à une tierce partie, étaient détenus par les autorités américaines.
Amnesty International a accueilli favorablement la procédure mise en œuvre pour la Loya Jirga (Assemblée tribale suprême) et qui prévoit que les responsables d’atteintes aux droits humains et de violations du droit de la guerre ne peuvent pas siéger à la Loya Jirga qui doit se réunir en juin. Des observateurs avisés ont attiré l’attention sur le risque d’instabilité politique et de violence pendant la Loya Jirga ou à l’issue de celle-ci. Les personnes qui participent au processus ont également signalé le recours à la violence et à la corruption pour influencer la sélection des représentants dans certaines régions ; des plaintes ont également été formulées à propos de l’équité de la procédure.

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