Cuba


République de Cuba
CAPITALE : La Havane
SUPERFICIE : 110 860 km²
POPULATION : 11,3 millions
CHEF DE L’ÉTAT et du GOUVERNEMENT : Fidel Castro
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome non signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée avec réserves
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : signé

À la fin de l’année 2004, on dénombrait au moins 70 prisonniers d’opinion, dont la plupart étaient détenus depuis la campagne de répression menée en 2003 contre le mouvement dissident. Toutefois, 18 prisonniers d’opinion ont été libérés et de nombreux autres transférés dans des établissements plus proches de leur domicile. Les opposants et leurs familles ont continué de faire l’objet de menaces et d’actes de harcèlement. Cette année encore, l’embargo américain et les mesures qui en découlent
ont eu des effets négatifs sur l’ensemble des droits humains à Cuba.

Prisonniers d’opinion
Il restait encore au moins 70 prisonniers d’opinion dans les centres de détention cubains à la fin de l’année, mais le chiffre exact était peut-être encore plus élevé. À part deux d’entre eux qui n’avaient pas encore été jugés ni condamnés, tous s’étaient vu infliger des peines comprises entre vingt-six mois et vingt-huit ans d’emprisonnement.

Pénibilité des conditions de détention et préoccupations concernant la santé
L’état de santé de nombreux prisonniers d’opinion demeurait préoccupant. Selon les informations disponibles, certains n’étaient pas autorisés à bénéficier des soins médicaux dont ils avaient besoin et étaient détenus dans des conditions éprouvantes, ce qui aurait contribué à aggraver leur état. Néanmoins, début décembre, tous ceux qui avaient été arrêtés lors de la vague de répression de 2003, à l’exception de deux, avaient été examinés par un médecin.
Selon les informations reçues, Omar Pernet Hernández, un bibliothécaire de cinquante-neuf ans condamné à vingt-cinq ans d’emprisonnement en mars 2003, souffrait de problèmes hépatiques, rénaux et pulmonaires qui lui occasionnaient de très fortes douleurs et auraient entraîné une importante perte de poids, de l’hypertension et une gastrite. Il serait en outre déshydraté. Le journaliste Normando Hernández González, également condamné à vingt-cinq ans d’emprisonnement en mars 2003, présenterait des hémorragies anales, un ulcère à l’estomac et une gastrite. Les familles de ces deux hommes ont affirmé que l’absence de soins et la dureté des conditions carcérales aggravaient leurs pathologies.
La plupart des prisonniers étant détenus loin de chez eux, il était extrêmement difficile aux familles de leur rendre visite. En août, cependant, 35 prisonniers environ ont été transférés dans des établissements situés dans leur province d’origine ou à proximité.
Alfredo Manuel Pulido López, condamné à quatorze ans d’emprisonnement en mars 2003, était détenu à La Havane, dans la prison de Combinado del Este. Il a été transféré en août à la prison Kilo 7 qui se trouve dans la province de Camagüey, d’où il est originaire.
Pour la première fois en dix ans, les autorités cubaines ont permis à la presse étrangère d’accéder à certains quartiers de deux prisons du pays, répondant ainsi aux critiques formulées sur le traitement des détenus.

Mauvais traitements
Selon plusieurs sources, des prisonniers ont fait l’objet de mauvais traitements et ont été, entre autres, roués de coups de pied et passés à tabac.
En novembre, le prisonnier d’opinion Néstor Rodríguez Lobaina aurait été jeté à terre, battu et griffé par des surveillants. Une procédure aurait par la suite été engagée afin de l’inculper d’outrage, d’insubordination et de résistance.

Libérations
Quatre prisonniers d’opinion arrêtés au mois de février 2002 et détenus sans jugement ont été libérés : Leonardo Bruzón Avila, Carlos Alberto Domínguez González, Emilio Leyva Pérez et Lázaro Miguel Rodríguez Capote. Arrêtés pendant la vague de répression de mars 2003, 14 autres se sont vu accorder une libération conditionnelle : en raison de leur état de santé, ils purgeront le reste de leur peine hors de prison. Il s’agit de Osvaldo Alfonso Valdés, Margarito Broche Espinosa, Juan Roberto de Miranda Hernández, Carmelo Díaz Fernández, Oscar Espinosa Chepe, Orlando Fundora Alvárez, Edel José García Díaz, Marcelo López Bañobre, Jorge Olivera Castillo, Raúl Rivero Castañeda, Marta Beatriz Roque Cabello, Miguel Valdés Tamayo, Julio Valdés Guevara et Manuel Vázquez Portal. Les autorités cubaines auraient déclaré que ces libérations s’inscrivaient dans une politique en faveur de l’élargissement anticipé des détenus pour raisons de santé ou d’âge ou pour bonne conduite, et ont parallèlement salué les efforts déployés par le nouveau gouvernement espagnol pour que l’Union européenne révise sa politique à l’égard de Cuba et renoue les contacts.

Peine de mort
Aucune nouvelle condamnation à la peine capitale n’a été prononcée. Selon les informations reçues, 40 à 50 prisonniers se trouvaient dans le quartier des condamnés à mort à la fin de 2004.

La communauté internationale
Les Nations unies
D’après la représentante personnelle de la haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme mandatée pour enquêter sur les atteintes aux droits humains qui auraient été commises à Cuba, plusieurs dizaines de dissidents étaient détenus dans des conditions très préoccupantes depuis leur arrestation lors de la répression massive de 2003.
En avril, la Commission des droits de l’homme des Nations unies a voté une résolution déplorant les jugements prononcés à l’encontre des opposants politiques et des journalistes arrêtés en 2003. Elle engageait Cuba à coopérer avec son envoyée spéciale et à « éviter d’adopter des mesures qui pourraient menacer les droits fondamentaux, la liberté d’expression et le droit à une procédure équitable ».
En novembre, pour la treizième année consécutive, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution demandant aux États-Unis la levée de l’embargo sur Cuba.

Les États-Unis
Au mois de juin, le gouvernement américain a décidé de nouvelles sanctions sévères contre le pays. Des restrictions ont ainsi été imposées aux envois de fonds que les Cubains résidant aux États-Unis destinent aux membres de leur famille restés sur l’île ; en outre, les séjours de ces résidents dans leur famille à Cuba ont été limités à quatorze jours tous les trois ans. Le 8 novembre, en vertu d’un décret pris à l’initiative de la Banque centrale de Cuba, le dollar américain a cessé d’avoir cours à Cuba et a été remplacé par le peso cubain, convertible.

Le mouvement dissident
Le mouvement Todos Unidos (Tous unis), une coalition illégale fédérant des groupes de dissidents et coordonnée par l’ancien prisonnier d’opinion Vladimiro Roca Antúnez, a présenté un programme destiné à « résoudre les problèmes graves de la société cubaine », qui s’appuie sur des entretiens conduits avec 30 000 Cubains.
En mai, le dirigeant du Movimiento Cristiano Liberación (Mouvement chrétien « Libération »), Oswaldo Payá Sardiñas, a lancé une nouvelle concertation nationale pour définir les grandes orientations d’une transition politique et économique.
Les restrictions à tout déplacement en dehors de Cuba ont continué d’être imposées aux dissidents. Au mois de mai, Blanca Reyes, la femme du prisonnier d’opinion et journaliste Raúl Rivero Castañeda, s’est vu refuser l’autorisation de se rendre en Serbie-et-Monténégro pour recevoir, au nom de son époux, un prix décerné par l’UNESCO. Oswaldo Payá n’a pas eu non plus le droit de se rendre en Belgique pour assister à une cérémonie organisée au mois de janvier sur le thème des droits humains ni de participer à une rencontre à laquelle l’avait convié l’État espagnol.
Des dissidents ont continué d’être menacés, harcelés ou mis en détention.
Les membres du Mouvement chrétien « Libération » qui ont participé à la collecte de signatures pour le projet Varela, une pétition demandant l’organisation d’un référendum sur des réformes politiques et économiques, ont été harcelés et placés en détention à de multiples reprises. Il s’agissait, entre autres, de Daniel Pereira García, Flora María Echevarría, Eric Isabel Arriera Reynoso, José Lorenzo Pérez Fidalgo et Alexis Triana Montesinos.

Visites d’Amnesty International
La dernière visite d’Amnesty International à Cuba remonte à l’année 1998. Depuis, l’organisation n’a pas obtenu l’autorisation de se rendre dans le pays.

Autres documents d’Amnesty International
. Cuba. Nouveaux prisonniers d’opinion (AMR 25/002/2004).
. Cuba. Un an de trop. Prisonniers d’opinion incarcérés lors de la vague de répression de mars 2003 (AMR 25/005/2004).

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