KIRGHIZISTAN

Les demandeurs d’asile et les réfugiés ouïghours risquaient d’être arrêtés par la police et renvoyés de force en Chine. Selon certaines informations, les conditions de détention des condamnés à la peine capitale étaient cruelles et inhumaines. Bien que le Kirghizistan applique lui-même un moratoire sur les exécutions, il continuait de renvoyer vers la Chine ou l’Ouzbékistan des personnes qui avaient de grandes chances d’y être mises à mort.

République kirghize
CAPITALE : Bichkek (ex- Frounzé)
SUPERFICIE : 198 500 km²
POPULATION : 5,2 millions
CHEF DE L’ÉTAT : Askar Akaïev
CHEF DU GOUVERNEMENT : Nikolaï Tanaïev
PEINE DE MORT : maintenue, mais un moratoire sur les exécutions est en vigueur depuis 1998
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifié

Demandeurs d’asile et réfugiés ouïghours
Le Kirghizistan a officiellement ratifié en mars un traité d’extradition avec la Chine. Certaines organisations non gouvernementales locales estimaient qu’une cinquantaine d’Ouïghours avaient été renvoyés en Chine ces dernières années, malgré les risques importants qu’ils couraient dans ce pays. En 2001, le Kirghizistan et la Chine avaient signé un accord bilatéral de lutte contre le « terrorisme », l’« extrémisme » et le « séparatisme », dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Ce genre d’accord risquait également, craignait-on, de permettre au Kirghizistan de limiter les droits des Ouïghours en matière d’expression, d’association et de réunion. Sur place, les militants ouïghours se sont inquiétés de la publication dans la presse d’une série de reportages racistes, qui présentaient notamment les Ouïghours comme des « séparatistes » ou des « terroristes ».
Un demandeur d’asile ouïghour a affirmé avoir été traité de « séparatiste » et de « terroriste » par la police lors de son arrestation à Bichkek. Il a été placé dans un centre de détention alors qu’il était détenteur d’un document officiel qui lui avait été remis par le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Il a finalement été remis en liberté après intervention du HCR.

Risques d’exécution pour les personnes renvoyées
Au moins huit hommes risquaient d’être extradés vers la Chine ou l’Ouzbékistan, où ils avaient de fortes chances d’être torturés et exécutés. Deux Ouïghours extradés vers la Chine en juillet 2002 auraient été condamnés à mort en janvier 2004 et exécutés en mars.
Le 19 février, deux ressortissants ouzbeks, Nodir Karimov (alias Assadoullo Abdoullaïev) et Ilkhom Izattoulaïev, ont été condamnés à mort par la Cour militaire du Kirghizistan, qui les a reconnus coupables de participation à des actes de violence à caractère « extrémiste religieux », et notamment à un attentat à la bombe perpétré en décembre 2002 sur un marché de Bichkek. Fin 2004, ils se trouvaient apparemment dans le quartier des condamnés à mort, dans la capitale. En cas d’extradition vers l’Ouzbékistan, ils seraient en danger de torture et d’exécution imminentes.

Peine de mort
Le moratoire sur les exécutions en vigueur depuis 1998 a été prolongé jusqu’à la fin de 2004. De sources officielles, 31 hommes auraient été condamnés à mort entre le 30 juin 2003 et le 30 juin 2004.

Conditions de détention des condamnés à mort
Selon les informations recueillies, au moins 130 prisonniers se trouvaient dans les quartiers des condamnés à mort du Kirghizistan à la fin 2004. D’après les Services du médiateur du Kirghizistan, les conditions de vie de ces détenus étaient difficiles dans deux établissements, où régnait notamment une surpopulation chronique. Des dizaines de prisonniers seraient morts de maladie ou se seraient suicidés. Certains, isolés depuis longtemps dans des cellules individuelles, ne pouvaient apparemment plus se déplacer seuls. Le médiateur a également indiqué que les courtes visites que pouvaient naguère effectuer les familles, ainsi que les séances quotidiennes d’exercice, étaient désormais interdites.

Autres documents d’Amnesty International

 Europe and Central Asia : Summary of Amnesty International’s concerns in the region, January - June 2004 - Kyrgyzstan (EUR 01/005/2004).

 Biélorussie et Ouzbékistan. Encore des exécutions avant l’abolition définitive de la peine de mort dans l’ex-Union soviétique (EUR 04/009/2004).

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