BAHREÏN

Quatre organisations politiques ont été à l’origine d’une pétition visant à introduire des modifications dans la Constitution, qui a entraîné l’arrestation de 17 personnes. Le Centre bahreïnite des droits humains a été fermé par décret ministériel et son directeur a été arrêté. Des centaines de personnes sont descendues dans la rue pour protester contre cette décision. Une jeune Éthiopienne condamnée à mort a bénéficié d’une commutation de peine.

État de Bahreïn
CAPITALE : Manama
SUPERFICIE : 691 km²
POPULATION : 0,74 million
CHEF DE L’ÉTAT : Sheikh Hamad bin Issa al Khalifa
CHEF DU GOUVERNEMENT : Sheikh Khalifa bin Salman al Khalifa
PEINE DE MORT : maintenue
COUR PÉNALE INTERNATIONALE : Statut de Rome signé
CONVENTION SUR LES FEMMES : ratifiée avec réserves
PROTOCOLE FACULTATIF À LA CONVENTION SUR LES FEMMES : non signé

Contexte
Nada Abbas Haffadh, membre du Conseil suprême des femmes, a été nommée ministre de la Santé en avril ; c’était la première fois qu’une femme accédait à un poste gouvernemental. En mai, Sheikh Muhammad bin Khalifa al Khalifa, qui exerçait de longue date la fonction de ministre de l’Intérieur, a été remplacé par le général de division Sheikh Rashid bin Abdullah bin Ahmad al Khalifa.
En octobre, le roi Sheikh Hamad bin Issa al Khalifa a réclamé l’adoption de lois abolissant toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes.

Arrestations
Abdul Rauf al Shayeb, membre du conseil d’administration du Comité national des martyrs et des victimes de la torture, a été arrêté le 30 mars. On lui reprochait apparemment de s’être introduit dans une maison sans autorisation et d’avoir eu des « relations illicites » avec une employée de maison indonésienne. Toutefois, l’arrestation de cet homme semblait liée à l’appel à manifester en faveur des victimes de tortures qu’il avait lancé quelques jours plus tôt pour le 4 avril, date à laquelle devait se tenir, pour la première fois à Bahreïn, le Grand Prix de formule 1. Abdul Rauf al Shayeb a été remis en liberté le 3 avril. À la fin de l’année, il était toujours poursuivi pour avoir pénétré dans une maison sans l’autorisation du propriétaire.
Dix-sept personnes, dont des mineurs, ont été arrêtées le 30 avril pour avoir diffusé une pétition demandant des modifications de la Constitution. Quatre organisations politiques - la Société d’action nationale démocratique, Al Wifaq (Association islamique pour la réconciliation nationale), la Société nationale démocratique et la Société d’action islamique - étaient, semble-t-il, à l’origine de cette pétition. Le 20 mai, toutes ces personnes avaient été libérées sur ordre du roi.

Emprisonnement d’un défenseur des droits humains
Abdul Hadi al Khawaja, militant des droits humains et directeur du Centre bahreïnite des droits humains, a été arrêté le 25 septembre et placé en détention pour quarante-cinq jours par le procureur. La veille, lors d’un séminaire sur la pauvreté organisé par ce centre, il avait lancé une attaque personnelle contre le Premier ministre et vivement critiqué l’action du gouvernement dans les domaines économique et des droits humains. Le 28 septembre, le ministre du Travail et des Affaires sociales a ordonné la fermeture du Centre bahreïnite des droits humains.
Abdul Hadi al Khawaja a comparu devant un tribunal les 16 et 20 octobre, puis le 7 novembre. Poursuivi aux termes des articles 165 et 168 du Code pénal de 1976 pour « incitation à la haine de l’État, diffamation, diffusion de fausses nouvelles en vue de déstabiliser la sécurité publique », il a rejeté toutes les accusations en arguant que le Code pénal de 1976 était « contraire à la Constitution ». Abdul Hadi al Khawaja a été condamné, le 21 novembre, à un an d’emprisonnement, mais il a été élargi le jour même après avoir été gracié par le roi. Des centaines de personnes avaient manifesté pour réclamer sa libération ; bon nombre ont été interpellées, maintenues en détention, puis libérées le 21 novembre sur ordre du roi.

Torture et mauvais traitements
Hassan Abd al Nabi Hassan, un chômeur originaire de Sitrah, a été arrêté le 20 novembre par quatre hommes en civil alors qu’il brandissait des pancartes à proximité du palais royal, dont l’une portait l’inscription : « Je suis citoyen bahreïnite et j’exige un emploi. » Les quatre hommes, qui faisaient apparemment partie de la Garde royale, lui ont ordonné de monter dans leur véhicule. Comme il résistait, trois d’entre eux l’auraient frappé sur tout le corps à coups de pied et de bâton. Le chauffeur aurait délibérément fait marche arrière et la voiture aurait heurté Hassan Abd al Nabi Hassan au côté et au bras. Ce dernier a perdu connaissance et a été emmené au poste de police de Rifaa al Gharbiya où on l’a menotté et enfermé dans une cellule. Un policier l’a frappé à coups de bâton et avec des menottes en métal quand il a réclamé d’être soigné et de pouvoir parler avec un avocat. Il a été remis en liberté le 21 novembre après avoir reçu l’ordre de cesser de manifester à proximité du palais royal.

Violences contre les femmes
Des informations ont fait état de violences domestiques à l’égard de femmes bahreïnites et d’employées de maison étrangères. Les femmes étaient à la merci de violences liées au genre en raison de l’inaction des autorités et des lois discriminatoires.
Une Bahreïnite qui était régulièrement battue par son mari a obtenu le divorce. Aucune action n’a été engagée contre lui malgré l’existence de preuves médicales à charge et le dépôt de plaintes. La garde des deux enfants du couple a été confiée au mari. En mai, le Groupe des travailleurs migrants, une organisation non gouvernementale locale œuvrant sous les auspices du Centre bahreïnite des droits humains, a secouru Tushari Ramyalatha, une employée de maison sri-lankaise. Cette jeune femme de dix-neuf ans aurait été régulièrement battue et soumise à un harcèlement sexuel par la famille de son employeur qui refusait en outre de lui verser son salaire. Elle est rentrée à Sri Lanka après que la personne se portant garante d’elle eut accepté de prendre en charge son billet d’avion et de lui verser six mois de salaire.
En août, le Majlis al Shura (Conseil consultatif) a annoncé avoir déposé un projet de loi visant à lutter contre la violence à l’égard des femmes.

Peine de mort
Au mois de janvier, la Cour suprême a commué la sentence capitale prononcée contre Yoshork Dostazudi en une peine de réclusion à perpétuité. Cette Éthiopienne de vingt-trois ans avait été reconnue coupable d’avoir battu à mort la femme qui l’employait en décembre 1998.

Visites d’Amnesty International
Une délégation d’Amnesty International s’est rendue à Bahreïn aux mois d’août et de septembre pour effectuer des recherches dans le cadre de la campagne Halte à la violence contre les femmes menée dans le Golfe et promouvoir les droits humains (voir le résumé sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord qui figure au début de cette partie). Des ateliers ont été organisés et des partenariats mis en place avec des organisations non gouvernementales locales et des militants des droits humains. Des représentants de l’organisation ont visité une prison de femmes à Issa Town.

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