Paraguay

Des communautés indigènes ont manifesté pour protester contre leur situation persistante d’extrême pauvreté et contre la passivité du gouvernement, qui ne prenait aucune mesure pour répondre à leurs besoins. Des membres de patrouilles civiles armées et des policiers ont été accusés d’avoir maltraité des cultivateurs au cours d’opérations d’expulsion. Des journalistes auraient fait l’objet de manœuvres de harcèlement. Un projet de loi relatif à la santé maternelle a été rejeté par le Sénat.

Contexte
En octobre, la Cour suprême a annulé la peine de dix ans d’emprisonnement prononcée à l’encontre du général Lino Oviedo, commandant en chef de l’armée de terre. En 1998, alors qu’il était candidat à la présidence, il avait été condamné pour sa participation, en 1996, à une tentative de coup d’État contre le président en exercice Juan Carlos Wasmosy. L’arrêt de la Cour a rendu à Lino Oviedo le droit de vote ainsi que le droit de briguer un mandat.

Discrimination – droits des peuples indigènes
Tout au long de l’année, les communautés indigènes enxets, mbyás, achés et tobas, entre autres, ont manifesté devant des bâtiments gouvernementaux à Asunción, la capitale. Elles revendiquaient le droit d’accéder librement à la terre, un droit garanti par la loi aux populations indigènes. Elles protestaient aussi contre le manque de programmes éducatifs et contre l’extrême pauvreté dont elles souffraient.
Le Comité des droits économiques, sociaux et culturels [ONU] a fait part en novembre de ses préoccupations au sujet, notamment, de l’augmentation du nombre d’expulsions de familles paysannes et de communautés indigènes au Paraguay. Le Comité soulignait que près de 45 p. cent des autochtones ne possédaient pas de titre de propriété sur les terres de leurs ancêtres. Il recommandait en particulier aux autorités paraguayennes de prendre des mesures afin de réduire la pauvreté et de redoubler d’efforts pour délimiter les terres et les territoires ancestraux de ces populations.


Détentions arbitraires et mauvais traitements

Des dirigeants d’organisations paysannes ont dénoncé devant la Commission permanente du Parlement des détentions arbitraires et des mauvais traitements imputables à des policiers et à des patrouilles de civils armés opérant dans le département d’Itapúa.
 ?En avril, des policiers et des civils armés ont fait irruption dans la communauté de Paraguái Pyahu (département de San Pedro). Cinq cultivateurs ont été roués de coups puis placés en état d’arrestation. Ils auraient été inculpés d’atteintes à l’environnement et de culture illégale de marijuana. Le lendemain, trois d’entre eux ont été remis en liberté par le représentant local du ministère public, qui leur a présenté des excuses pour ce qui s’était passé. Un autre a été libéré par la suite. Une personne était toujours en détention à la fin de l’année.

Santé maternelle
En novembre, le Sénat a rejeté un projet de loi relatif à la santé maternelle, sexuelle et reproductive. L’objectif de ce texte était de promouvoir des politiques gouvernementales visant à réduire la mortalité maternelle et à assurer une meilleure prise en charge des femmes pendant la grossesse et l’accouchement.

Liberté d’expression – journalistes
Le comité directeur du Syndicat des journalistes du Paraguay a protesté contre une vague de répression et de harcèlement dirigée contre la profession. Il a accusé les autorités de vouloir intimider et réduire au silence les journalistes qui adoptaient des positions critiques.
 ?En juin, Vladimir Jara et Víctor Benítez, journalistes de la station de radio Chaco Boreal, ont affirmé avoir reçu des menaces de mort et avoir été illégalement mis sur écoute après leur couverture d’une affaire de corruption présumée au sein du Secrétariat national antidrogue du Paraguay. Ils ont demandé l’ouverture d’une enquête au procureur de la République. Amnesty International ignorait si des investigations avaient été engagées à la fin de l’année.
 ?En août 2007, María Bartola Fernández, coordinatrice de la radio Teko Porá de Puerto Presidente Franco (département du Alto Paraná), a déclaré avoir reçu des menaces de mort émanant de membres du gouvernement régional. Selon elle, ces menaces seraient liées au fait qu’elle avait critiqué les autorités parce qu’elles ne faisaient rien pour assurer l’accès aux services de base. Une enquête a été ouverte à la suite de ses déclarations devant le Parlement et la Commission des droits humains du Sénat.

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