Angola

Les personnes et organisations qui défendent les droits humains ont été victimes d’un nombre croissant d’actes d’intimidation et de menaces, dans un climat de restriction de la liberté d’expression. Un journaliste a également été emprisonné pendant plusieurs mois. Quoique moins nombreux que les années précédentes, des cas d’expulsion forcée et de violations des droits humains commises par la police ont été signalés. Une rébellion à la prison centrale de Luanda s’est soldée par des morts et des blessés, dont le décompte officiel a été mis en doute.

Contexte
En mai, l’Angola a été élu au Conseil des droits de l’homme [ONU]. Le pays a ratifié, en novembre, le Protocole à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples relatif aux droits des femmes et adhéré au Protocole facultatif à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes [ONU].
La mise en œuvre de l’accord signé en 2006 pour mettre fin au conflit armé sévissant dans la province de Cabinda s’est poursuivie. Les ex-combattants du Front de libération de l’enclave de Cabinda (FLEC) ont été intégrés au sein des Forces armées angolaises (FAA) en janvier. En application de la loi d’amnistie de 2006, plus de 60 membres de l’armée détenus à la prison militaire de Landana pour des crimes commis durant le conflit ont été libérés en janvier.
En août, le FLEC s’est rebaptisé Front de libération de l’État de Cabinda.
Reportées à la fin de l’année 2007, les élections législatives et présidentielle ont à nouveau été ajournées et sont désormais respectivement prévues pour 2008 et 2009. La date limite d’inscription sur les listes électorales, initialement fixée au 15 juin, a été prorogée au 15 septembre en raison des fortes pluies et des routes impraticables, qui ont entravé les déplacements de millions de personnes. Plus de huit millions d’électeurs se sont inscrits sur les listes.
L’épidémie de choléra qui s’était déclarée en 2006 a continué de sévir. À la fin du mois d’août, elle avait fait plus de 400 victimes. La situation a été exacerbée par les pluies torrentielles qui se sont abattues sur Luanda en janvier et février. Plus de 110 personnes ont trouvé la mort, environ 10 000 logements ont été détruits et l’on estime à 28 000 le nombre de familles que ces pluies ont laissées sans abri. Une maladie inconnue, provoquant un état de somnolence, des vomissements et des diarrhées, a fait son apparition en octobre à Cacuaco, dans l’agglomération de Luanda. Au moins 400 personnes ont été hospitalisées et deux sont mortes des suites de cette maladie. Fin novembre, l’Organisation mondiale de la santé a indiqué que la cause en était peut-être un empoisonnement au bromure.
En septembre, l’ancien directeur des services de renseignements, le général Fernando Garcia Miala, a été condamné à quatre années d’emprisonnement pour insubordination par un tribunal militaire. Il ne s’était pas présenté à la cérémonie marquant sa rétrogradation, intervenue après qu’il eut été démis de ses fonctions en 2006. Trois autres personnes – Ferraz António, Miguel André et Maria Domingos – ont été déclarées coupables d’insubordination pour la même raison et condamnées à deux ans et demi d’emprisonnement. Elles ont interjeté appel.

Logement – expulsions forcées
Le risque d’expulsion forcée restait d’actualité, bien que le nombre de personnes frappées par ces opérations ait diminué par rapport aux années précédentes. Certains habitants expulsés en 2007 ont été relogés.
Cependant, le gouvernement ne s’est guère – voire pas du tout – mobilisé pour reloger ou indemniser les centaines de familles des quartiers de Cambamba I, Cambamba II et Cidadania, à Luanda, expulsées de leur foyer depuis 2005. Ces familles vivaient toujours sans toit, dans les décombres de leurs maisons, sous la menace d’être frappées une nouvelle fois par une opération.
En juillet, environ 200 familles se sont retrouvées sans logement à l’issue des expulsions organisées dans les quartiers de Comandante Jika et de Camama, dans les municipalités de Maianga et Kilamba Kiaxi (agglomération de Luanda). Plusieurs habitants de Comandante Jika ont signalé qu’une partie des logements de remplacement avaient été attribués à des personnes venant de l’extérieur, et que certaines familles n’avaient par conséquent nulle part où aller. Elles n’ont obtenu aucune autre indemnisation.
À partir du mois de juillet, des centaines de familles du quartier d’Iraque, à Luanda, ont été expulsées de force lors d’opérations au cours desquelles leurs maisons ont été détruites par l’entreprise de bâtiment Jardim do Éden (« Jardin d’Éden »). D’après les informations reçues, la majorité des expulsions ont été réalisées par des employés de la société, sous la protection d’agents de sécurité privés et de la police nationale. Ces opérations visaient à libérer des terrains pour construire un complexe de logements haut de gamme.
Aucune solution de relogement ni indemnité n’a été fournie. En novembre, deux journalistes qui effectuaient un reportage sur le sujet, António Cascais, pigiste pour la radio allemande Deutsche Welle, et Alexandre Neto, de la radio angolaise Despertar, ont été agressés par des membres de la société de sécurité privée et détenus pendant plus de trois heures par la police militaire.
À Lubango, la capitale de la province de Huíla, plusieurs familles (entre quatre et 20, selon les sources) auraient été expulsées de force en juillet en vue de la construction d’un complexe hôtelier de luxe. Des tentatives de relogement ont été entreprises, mais essentiellement dans des quartiers éloignés des lieux de travail et des écoles des personnes concernées, mal desservis et dépourvus de services de base appropriés. Aucune autre forme d’indemnisation n’a été offerte.

Police et forces de sécurité
La police s’est rendue coupable de violations des droits humains, notamment d’arrestations et de détentions arbitraires, ainsi que d’actes de torture et de mauvais traitements ayant entraîné la mort en détention des victimes. Ni les responsables présumés de ces actes ni ceux des violations commises en 2006 n’ont été traduits en justice.
 ?En février, des policiers ont arrêté Francisco Levi da Costa et deux autres hommes qu’un commerçant avait accusés de tentative de vol de trois caisses de poissons. Ils les ont conduits au poste de police n° 8 de Luanda, où ils les ont battus pendant quatre jours d’affilée. Francisco Levi da Costa aurait été frappé à la tête et aurait perdu connaissance, mais la police l’a accusé d’avoir simulé le malaise pour être libéré. Il est mort quatre jours plus tard dans une cellule du poste. Personne n’a été arrêté à la suite de cette affaire. Les autorités policières ont fait savoir à Amnesty International qu’une enquête était en cours.
 ?En mars, des policiers auraient tiré sur Isaias Samakuva, président de l’Union nationale pour l’indépendance totale de l’Angola (UNITA), lors d’une réunion dans les locaux du parti à Ndalatando, dans la province de Cuanza-Nord. Une balle aurait atteint au pied un garçon de quatorze ans qui était assis sur un mur à l’extérieur du bâtiment. Isaias Samakuva n’a pas été blessé. Le responsable de la police pour la province a déclaré qu’une enquête était en cours, mais à la fin de l’année, ses résultats n’avaient pas été rendus publics.


Conditions carcérales

À la suite d’une visite effectuée en Angola en septembre, le Groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire a indiqué que les prisonniers étaient maintenus dans des conditions très éprouvantes, dans des lieux affreusement surpeuplés.
Début octobre, des détenus de la prison centrale de Luanda se sont rebellés. Les autorités ont déclaré que deux prisonniers étaient morts et six autres avaient été blessés, mais d’autres sources ont fait état d’un nombre de victimes bien supérieur. Un message envoyé de la prison ferait mention de 80 détenus tués dans la cellule n° 11. Les autorités pénitentiaires l’ont nié, affirmant que certains prisonniers avaient été transférés à la prison centrale de Viana. La Police d’intervention rapide (PIR) a été appelée pour maîtriser les prisonniers, ainsi que la foule rassemblée à l’extérieur. Des proches des détenus ont demandé que leur soient communiqués la liste des personnes transférées à Viana ainsi que le nom des prisonniers tués et blessés. Ils ont tenté de manifester jusqu’au palais présidentiel, mais en ont été empêchés par la police. Deux jours après la rébellion, le vice-ministre de l’Intérieur a promis une amélioration des conditions carcérales.

Défenseurs des droits humains
Les actes d’intimidation et menaces ciblant les défenseurs des droits humains se sont multipliés. En avril, le directeur général de l’Unité technique pour la coordination des affaires humanitaires (UTCAH), un organisme public, a annoncé que le gouvernement mettrait bientôt fin aux activités des organisations non gouvernementales (ONG) n’ayant pas d’« impact sur le plan social ». En juillet, il a accusé plusieurs ONG (l’Association justice, paix et démocratie – AJPD –, Mains libres, la Fondation Open Society et SOS-Habitat) d’incitation à la violence et les a menacées d’interdiction.
Raul Danda, journaliste et responsable d’une organisation de défense des droits humains interdite, a été informé en janvier que les poursuites engagées contre lui après son arrestation à Cabinda, en septembre 2006, avaient été abandonnées en vertu de la loi d’amnistie de 2006. Il avait été inculpé pour instigation, incitation et complicité dans des affaires d’atteintes à la sûreté de l’État.

Liberté d’expression
Des atteintes à la liberté d’expression ont été signalées. Un journaliste a été condamné à plusieurs mois d’emprisonnement (voir ci-dessous) et deux autres ont été interpellés et privés de liberté durant quelques heures alors qu’ils réalisaient un reportage sur des expulsions forcées dans le quartier d’Iraque (voir plus haut).
 ?En juillet, des agents de la Direction provinciale de la police judiciaire (DPIC) à Cabinda ont appréhendé quatre hommes lors d’une messe célébrée à l’occasion de la visite d’un envoyé du Vatican. Ces hommes tenaient des pancartes pour protester contre la nomination, en 2005, d’un évêque originaire d’une autre province. Ils ont été détenus au siège de la DPIC pendant trois jours, puis inculpés d’injure contre une autorité publique et d’incitation à la violence contre une autorité religieuse. Ils ont été libérés dix jours plus tard, après avoir été jugés par le tribunal provincial de Cabinda dans le cadre d’une procédure accélérée. Pedro Maria António a été acquitté, mais ses co-accusés ont été condamnés à des peines d’emprisonnement : deux mois pour André et Domingos Conde, six mois pour Paulo Mavungo. Les peines d’emprisonnement ont été commuées en amendes et toutes les condamnations ont été assorties d’un sursis avec mise à l’épreuve de deux ans.
 ?En octobre, le tribunal provincial de Luanda a condamné Felisberto da Graça Campos, directeur de l’hebdomadaire Semanário Angolense, à huit mois d’emprisonnement pour diffamation et injure envers un ancien ministre de la Justice (l’actuel médiateur). Les poursuites reposaient sur des articles publiés en avril 2001 et mars 2004, dans lesquels le ministre de l’époque était accusé de détournement de fonds publics. Felisberto da Graça Campos a été d’abord incarcéré à la prison centrale de Viana, puis libéré sous condition en novembre, dans l’attente de l’examen d’un appel.

Violences contre les femmes
Des milliers de Congolais ont été violemment expulsés des zones d’exploitations de mines de diamants, dans le nord du pays, et renvoyés par les autorités en République démocratique du Congo.
Selon certaines informations, un grand nombre de femmes congolaises expulsées ont été violées par les militaires durant l’opération.

Visites d’Amnesty International
Des délégués d’Amnesty International se sont rendus en Angola en février.

Autres documents d’Amnesty International

  • Angola : Lives in ruins — forced evictions continue (AFR 12/001/2007).
  • Above the Law : police accountability in Angola (AFR 12/005/2007).
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