Contexte
En février, le gouvernement s’est engagé à fermer et à démanteler le centre nucléaire de Yongbyon, en échange d’une aide économique et de diverses concessions d’ordre politique.
De graves inondations ont touché au mois d’août plus de 960 000 personnes. Des dizaines de milliers d’habitants ont dû partir de chez eux et au moins 450 personnes, portées disparues, ont vraisemblablement péri. La pénurie alimentaire, qui était déjà de 20 p. cent avant les inondations, s’est ensuite accrue sous l’effet conjugué du mildiou et d’invasions d’insectes. Le gouvernement a fait appel à l’aide internationale, demandant officiellement au Programme alimentaire mondial (PAM) de lui fournir d’urgence des vivres afin de couvrir les besoins alimentaires de plusieurs régions du pays pour les trois mois à venir.
Le dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-il, a rencontré en octobre son homologue sud-coréen Roh Moo-hyun. Les Premiers ministres des deux pays se sont ensuite vus en novembre.
L’Assemblée générale des Nations unies a approuvé en décembre une résolution dans laquelle elle se disait profondément préoccupée par les violations nombreuses et systématiques des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels en Corée du Nord.
Réfugiés et demandeurs d’asile
Chaque mois, des centaines de Nord-Coréens étaient rapatriés de force depuis la Chine. À la fin de l’année, on estimait qu’environ 50 000 Nord-Coréens vivaient dans la clandestinité en Chine et redoutaient en permanence d’être renvoyés dans leur pays contre leur gré.
Des centaines d’autres passaient plusieurs mois en détention en Thaïlande avant d’être autorisés à gagner la Corée du Sud, pays ayant déjà accordé la nationalité à au moins 10 000 réfugiés Nord-Coréens. Toutefois, ces derniers avaient souvent du mal à s’adapter à la vie en Corée du Sud. Plus du tiers d’entre eux étaient sans emploi et de nombreux membres de cette communauté souffraient apparemment de névrose traumatique.
Disparitions forcées
On était sans nouvelles de centaines de Nord-Coréens renvoyés de force depuis la Chine. Des proches de plusieurs personnes ayant quitté le pays sans autorisation ont disparu. On pense qu’ils ont été victimes de disparitions forcées, les autorités nord-coréennes punissant des familles entières en raison de leur lien de parenté avec une personne considérée comme hostile au régime (« culpabilité par association »). Les autorités de Pyongyang ont également enlevé des ressortissants d’autres pays, notamment de Corée du Sud et du Japon. Le gouvernement niait que des disparitions forcées aient eu lieu.
?Arrêté en janvier 2006, Son Jong-nam a été accusé de trahison, manifestement parce qu’il était allé rendre visite à son frère, Son Jong-hun, en Chine, entre mai et juin 2004. Il était en danger d’exécution imminente depuis son arrestation. Il a été transféré en mars 2007 dans un centre de détention de Pyongyang, apparemment dans un état critique, après avoir, semble-t-il, été torturé par des agents de l’Agence pour la sécurité nationale. Rien n’indique qu’il ait été jugé, mais il aurait néanmoins été condamné par l’Agence pour la sécurité nationale.
Interdiction d’accès au territoire
En dépit de demandes répétées, le gouvernement refusait toujours d’autoriser la venue d’observateurs indépendants des droits humains, y compris du rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en République populaire démocratique de Corée et du rapporteur spécial sur le droit à l’alimentation. En décembre, l’Assemblée générale des Nations unies a exprimé sa profonde inquiétude face au refus de la Corée du Nord de reconnaître le mandat du rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme.
Après les inondations du mois d’août, les agences d’aide des Nations unies ont pu se rendre plus facilement sur place. Le PAM appliquait le principe – auquel il se tient de longue date – selon lequel aucune aide alimentaire ne peut être apportée si ses équipes n’ont pas accès au terrain.
Liberté d’expression
Le régime nord-coréen ne tolérait aucune forme d’opposition. Le Parti des travailleurs coréens (PTC) aurait dénoncé en avril la presse étrangère, accusée de vouloir déstabiliser le régime, et aurait ordonné aux forces de sécurité d’intercepter toute cassette vidéo, tout document écrit, tout téléphone portable et tout CD en provenance de l’étranger.
Les médias d’information nationaux restaient strictement censurés ; l’accès aux programmes des médias étrangers était toujours très limité.
Toute réunion ou association non autorisée était considérée comme un « trouble collectif à l’ordre public », délit passible de sanction. Bien que garantie par la Constitution, la liberté religieuse était dans les faits fortement restreinte. Les personnes impliquées dans des activités religieuses publiques ou privées risquaient d’être incarcérées, torturées voire exécutées.
Peine de mort
Le mode d’exécution utilisé était la pendaison ou le peloton d’exécution. Des opposants politiques ont été mis à mort à l’intérieur de prisons politiques. Des personnes condamnées pour des infractions économiques ont également été exécutées.
?On a appris au mois d’août que le président de la société d’exportation de l’entreprise de fibre synthétique Soonchun Vinalon1 (province du Pyongan du Sud) avait été exécuté en public. Il avait été accusé d’avoir vendu du matériel appartenant à l’usine pour acheter à manger pour les ouvriers, qui étaient affamés. Il avait par la suite été également accusé d’avoir caché son appartenance à une milice anticommuniste locale, la Chi-an-dae, pendant la guerre de Corée (1950-1953).
Conditions carcérales
Les prisonniers, notamment les détenus politiques, souffraient des conditions déplorables régnant dans les multiples prisons et centres de détention.
Les Nord-Coréens renvoyés de force de Chine risquaient d’être torturés, maltraités et détenus pendant trois ans. Les châtiments dépendaient de l’âge, du sexe et du passé de la personne concernée. Les femmes et les enfants se voyaient généralement infliger des peines de deux semaines en centre de détention, mais des peines de plusieurs mois en camp de travail étaient également fréquentes. Les personnes avouant avoir rencontré des Sud-Coréens ou des missionnaires faisaient l’objet de sanctions très sévères. Certaines étaient exécutées de façon sommaire ou astreintes à de lourdes peines de travaux forcés. Les autorités relâchaient souvent des prisonniers à bout de forces, qui mouraient peu après leur libération.