Contexte
À la suite d’un coup d’État militaire mené par le contre-amiral Frank Bainimarama en décembre 2006, de graves violations des droits humains se sont produites en 2007. L’appareil judiciaire a été mis en péril, le gouvernement provisoire ayant cherché à limiter son indépendance.
Forces de police et de sécurité
Homicides et recours excessif à la force
?Un homme a succombé en janvier à une hémorragie cérébrale, quelques heures après son arrestation par des militaires. Il aurait été passé à tabac par plusieurs soldats. Un seul de ses agresseurs a été inculpé dans le cadre de cette affaire.
?Un jeune homme est tombé dans le coma, puis est mort, en juin, après avoir été agressé par des soldats à Nadi. Huit soldats ont été accusés d’homicide.
?Un autre homme a été tué en juin, alors qu’il était interrogé par des policiers. Le coroner (officier de justice chargé de faire une enquête en cas de mort violente, subite ou suspecte) a conclu que la mort avait été provoquée par plusieurs lésions internes. Neuf policiers ont été inculpés d’homicide.
?Au mois de novembre, plusieurs personnes accusées d’avoir comploté en vue d’assassiner des membres influents du gouvernement provisoire ont été placées en détention pendant plus de quarante-huit heures, sans inculpation. Certaines d’entre elles auraient été rouées de coups par des militaires en civil.
Traitement cruel, inhumain et dégradant
Plusieurs personnalités politiques, souvent critiques à l’égard du gouvernement provisoire, ont été arrêtées arbitrairement, placées en détention et soumises à un traitement cruel, inhumain et dégradant par des militaires.
?De décembre 2006 à juillet 2007, des centaines personnes ont en outre été contraintes de se déshabiller et de courir nues, ou encore de se livrer à des attouchements mutuels. Nombre d’entre elles ont également été frappées par des soldats ou des policiers.
Atteintes à la liberté d’expression et de déplacement
L’état d’urgence imposé de décembre 2006 à mai 2007 a très sérieusement limité la liberté d’expression. Les critiques les plus en vue du gouvernement, parmi lesquels des juristes et, de manière générale, des défenseurs des droits humains, ont fait l’objet de manœuvres d’intimidation de la part de l’armée et ont été interdits de déplacement sans notification préalable.
?Un avocat de renom a déposé en août une requête contestant la légalité de l’interdiction de voyager dont il faisait l’objet. La procédure était toujours en instance à la fin de l’année.
Le même mois, le gouvernement provisoire a menacé d’arrêter les personnes qui s’exprimaient sur des blogs ou qui permettaient à des sites favorables à la démocratie de fonctionner. Un site très visité a été fermé. Le gouvernement provisoire a mis en garde tous les fonctionnaires, les invitant fermement à ne pas se rendre sur ces blogs.
? Accusé d’avoir apporté sa contribution à des blogs hostiles aux militaires, un haut fonctionnaire a été suspendu sans solde de ses fonctions au mois d’août.
Ayant publiquement critiqué le gouvernement provisoire, le Premier ministre renversé par les putschistes, Laisenia Qarase, s’est vu interdire de quitter son île de résidence pour se rendre à Suva, la capitale.
Système judiciaire
Contraint de se mettre en congé au mois de janvier, le président de la Cour suprême a été suspendu de ses fonctions pour une durée indéterminée.
Le président de la Cour d’appel de Fidji ayant contesté la légalité du gouvernement provisoire, le procureur général par intérim a demandé en juin sa démission. Au mois de septembre, six importants juges de la Cour d’appel ont démissionné parce qu’ils n’avaient pas été invités à siéger au sein de cet organe.
La Commission fidjienne des droits humains a publié en janvier un document dans lequel elle affirmait son soutien au coup d’État militaire, ce qui a suscité un certain nombre d’interrogations quant à son intégrité et à son indépendance.
Violences contre les femmes
Selon les chiffres officiels, 127 viols et tentatives de viol ont été signalés en 2007.
Santé – sida et séropositivité
Les personnes séropositives ou malades du sida étaient victimes de discriminations et mises au ban de la société.
?Ainsi, au mois d’août, la police d’une ville du nord de l’archipel a harcelé et brutalisé une femme séropositive, lui reprochant d’avoir une vie sexuelle dissolue.
Logement
Un rapport paru en septembre montrait que 12,5 p. cent de la population vivait dans des logements de fortune, à la périphérie des centres urbains. Les conditions de vie dans ces zones surpeuplées étaient détestables. Confrontés à une inflation galopante et à une pénurie d’infrastructures et de services, les habitants de ces bidonvilles étaient victimes de multiples violations de leurs droits à disposer d’un logement décent, d’une eau propre et de services de santé convenables.