RÉPUBLIQUE DE GAMBIE
CHEF DE L’ÉTAT ET DU GOUVERNEMENT : Yahya Jammeh
PEINE DE MORT : abolie en pratique
POPULATION : 1,7 million
ESPÉRANCE DE VIE : 55,7 ans
MORTALITÉ DES MOINS DE CINQ ANS (M/F) : 123 / 109 ‰
TAUX D’ALPHABÉTISATION DES ADULTES : 42,5 %
Arrestations et détentions arbitraires
La police, la NIA et l’armée ont procédé à des arrestations et à des placements en détention dans des conditions contraires aux garanties prévues par le droit gambien. Les victimes étaient incarcérées dans des lieux de détention officiels – tels que la prison centrale Mile 2, le siège de la NIA et des centres de détention de la police – ou secrets – notamment des casernes, des locaux secrets dans des postes de police, des postes de police situés dans des endroits reculés ou encore des entrepôts.
?En mars, plus d’un millier de villageois du district de Foni Kansala ont été emmenés dans des lieux de détention secrets par des « chasseurs de sorciers » venus de Guinée et du Burkina Faso. Ces « chasseurs de sorciers », qui portaient un vêtement rouge avec une capuche, auraient été appelés dans le pays par le président. Ils étaient, semble-t-il, accompagnés par des policiers, des soldats, des agents de la NIA et des membres de la garde présidentielle. Les villageois auraient été contraints de boire des breuvages hallucinogènes et d’avouer qu’ils pratiquaient la « sorcellerie ». Ces breuvages ont apparemment provoqué des problèmes rénaux et entraîné la mort d’au moins six personnes. Halifah Sallah, un dirigeant de l’opposition qui avait écrit au sujet de la « campagne de chasse aux sorciers » dans le journal d’opposition Foroyaa, a été inculpé de trahison et incarcéré à la prison centrale Mile 2. Les poursuites engagées contre lui ont finalement été abandonnées et il a été remis en liberté à la fin du mois de mars. La « chasse aux sorciers » a cessé lorsque les médias en ont rendu compte, mais aucune des personnes ayant participé à ces violences n’a été déférée à la justice.
Plusieurs personnes ont été maintenues en détention sans jugement de manière prolongée. Au moins 19 d’entre elles, dont des ressortissants sénégalais et nigérians, étaient détenues en cellule de haute sécurité à la prison centrale Mile 2 sans avoir été inculpées ; l’une d’elles s’y trouvait depuis au moins 13 ans.
?Au moins deux suspects arrêtés à la suite du complot de mars 2006 visant à renverser le gouvernement étaient toujours en détention. Ni Alieu Lowe, détenu sans inculpation, ni Hamadi Sowe, inculpé de non-dénonciation de trahison, n’avaient été jugés.
Liberté d’expression – journalistes
La liberté d’expression restait soumise à d’importantes restrictions. Les journalistes soupçonnés d’écrire des articles critiquant les autorités ou de fournir des informations aux médias s’exposaient à des manœuvres d’intimidation et de harcèlement.
?Le 15 juin, sept journalistes ont été arrêtés pour avoir critiqué des propos du chef de l’État concernant l’affaire non élucidée du meurtre de Deyda Hydara, ancien rédacteur en chef du journal The Point tué en 2004. Ils ont tous les sept été inculpés de diffamation et de sédition. L’un d’eux a été libéré sous caution et les poursuites engagées contre lui ont ensuite été abandonnées. Le 6 août, les six autres journalistes ont été déclarés coupables et condamnés à une peine de deux ans d’emprisonnement et à une amende. Emil Touray, secrétaire général du Syndicat de la presse gambienne (GPU), Sarata Jabbi Dibba, vice-présidente du GPU, Pa Modou Faal, trésorier du GPU, Pap Saine et Ebrima Sawaneh, respectivement directeur de publication et rédacteur en chef du journal The Point, ainsi que Sam Sarr, rédacteur en chef du journal Foroyaa, étaient considérés comme des prisonniers d’opinion. Ils ont finalement été libérés le 3 septembre à la faveur d’une grâce présidentielle.
Disparitions forcées
On restait sans nouvelles d’au moins huit personnes arrêtées au cours des années précédentes, parmi lesquelles figuraient des opposants et des journalistes.
?Chief Ebrima Manneh, journaliste du Daily Observer arrêté en 2006, n’avait toujours pas reparu. La Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait pourtant ordonné en 2008 sa libération ainsi que le versement d’une indemnité à sa famille. En octobre, le gouvernement a affirmé ne rien savoir à son sujet.
?Les autorités persistaient également à affirmer qu’elles ignoraient où se trouvait Kanyiba Kanyie, militant de l’opposition arrêté en septembre 2006.
Homicides illégaux
En avril, une équipe d’enquêteurs constituée par la CEDEAO et les Nations unies a publié un rapport sur la mort de plus de 50 étrangers, de nationalité ghanéenne pour la plupart, qui avaient été interceptés par les forces de sécurité au large des côtes gambiennes en juillet 2005. Ce rapport établissait que les forces de sécurité gambiennes étaient impliquées dans cette affaire mais n’avaient pas agi sur ordre du gouvernement. L’État gambien a financé une partie des obsèques des six Ghanéens dont les corps ont été retrouvés, mais il n’a rien entrepris pour traduire en justice les responsables de ces homicides.
Peine de mort
En septembre, le président a annoncé que les exécutions allaient reprendre afin de lutter contre la montée de la criminalité. La dernière exécution connue remontait aux années 1980. Le directeur du ministère public aurait indiqué en octobre que tous les condamnés à mort seraient exécutés par pendaison dès que possible.
Un accusé a été condamné à la peine capitale. Douze personnes au moins étaient sous le coup d’une telle sentence à la fin de l’année. Aucune exécution n’a été signalée.
?En août, Kalilou Conteh a été condamné à mort par la haute cour de Banjul.
Défenseurs des droits humains
Le 21 septembre, le président aurait menacé de tuer quiconque tenterait de déstabiliser le pays ; il visait spécifiquement les défenseurs des droits humains et les personnes travaillant avec eux. Ces déclarations ont conduit des organisations internationales et des représentants de la société civile gambienne à boycotter la session de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples qui s’est tenue en Gambie au mois de novembre. Deux rapporteurs spéciaux de l’ONU et une rapporteure spéciale de la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples ont condamné les propos du président, les jugeant inacceptables et contraires à tous les instruments de défense des droits humains ratifiés par la Gambie.