NICARAGUA

Quatre personnes au moins ont été tuées et plusieurs dizaines d’autres blessées lors des violences qui ont suivi les élections. Le viol et les autres formes de violences sexuelles étaient très répandus. L’interdiction totale de toute forme d’avortement demeurait en vigueur. Des doutes ont été exprimés quant à l’indépendance de la justice.

RÉPUBLIQUE DU NICARAGUA
Chef de l’État et du gouvernement : Daniel José Ortega Saavedra
Peine de mort : abolie
Population : 5,9 millions
Espérance de vie : 74 ans
Mortalité des moins de cinq ans : 25,6 ‰
Taux d’alphabétisation des adultes : 78 %

Contexte

Au lendemain des élections de novembre, des violences ont éclaté sur fond d’allégations de fraude électorale. Quatre personnes au moins ont été tuées et plusieurs dizaines d’autres blessées lors d’affrontements qui ont eu lieu dans tout le pays entre partisans et opposants de Daniel Ortega, réélu pour un troisième mandat présidentiel.

Violences faites aux femmes et aux filles

Le viol et les autres formes de violences sexuelles demeuraient endémiques. Malgré cela, la Cour suprême a réduit à quatre ans la peine d’emprisonnement infligée à Farinton Reyes pour le viol en 2009 de sa collègue, Fátima Hernández. Tentant de justifier sa décision, la Cour a affirmé que, au moment des faits, l’accusé était sous l’emprise de l’alcool et dans un état d’excitation sexuelle incontrôlable, et que Fátima Hernández s’était montrée permissive et coopérative lors du viol.

Droits sexuels et reproductifs

Le maintien de l’interdiction totale de toute forme d’avortement a entraîné de graves atteintes aux droits des femmes et des jeunes filles. Les dispositions révisées de droit pénal, entrées en vigueur en 2008, n’autorisaient aucune exception. Les femmes et les filles enceintes à la suite d’un viol, ou dont la vie ou la santé était mise en péril par la poursuite de la grossesse, se voyaient refuser le droit de recourir à des services d’avortement sûrs et légaux. Toute forme d’avortement demeurait une infraction pénale, et quiconque voulant interrompre sa grossesse ou aider une femme ou une jeune fille à se faire avorter s’exposait à des poursuites.
En mars, la Commission interaméricaine des droits de l’homme a exhorté le Nicaragua à prendre des mesures pour que cessent les agressions sexuelles contre les femmes et les filles et à abroger l’interdiction totale de l’avortement.

Liberté d’expression

Dans le contexte du débat politique houleux qui s’est engagé à l’approche de l’élection présidentielle de novembre, les manœuvres d’intimidation visant des professionnels des médias se sont multipliées.
*Le 19 février, un correspondant anonyme a téléphoné au journaliste Luis Galeano et l’a menacé en ces termes : « Tu as 72 heures pour changer d’avis sur ce que tu vas publier. Sinon, ta famille ne te reverra plus. » L’auteur de ces menaces faisait allusion à une enquête menée par Luis Galeano et un autre journaliste sur une affaire de corruption impliquant des membres du Conseil suprême électoral. Ceux-ci étaient accusés d’avoir détourné des fonds publics, estimés à 20 millions de dollars des États-Unis, entre 2004 et 2008. Quelques heures avant d’être menacé au téléphone, Luis Galeano avait reçu un message laissé par un inconnu à l’accueil du journal où il travaille, El Nuevo Diario. L’auteur du message faisait notamment référence aux investigations que menait le journaliste sur cette affaire de corruption et lui déconseillait de publier son article.
En novembre, après que le Conseil suprême électoral eut proclamé Daniel Ortega vainqueur de l’élection présidentielle, les Nicaraguayens ont manifesté en masse dans tout le pays en guise de protestation.
*Le 10 novembre, une trentaine de jeunes militants du mouvement Nicaragua 2.0, qui participaient à une manifestation hostile au chef de l’État organisée devant l’université d’Amérique centrale de Managua, auraient été menacés et agressés par de jeunes sympathisants du Front sandiniste de libération nationale. Les policiers présents sur les lieux ne sont, semble-t-il, pas intervenus pour empêcher les heurts. Plusieurs ONG locales et internationales ont exigé que des mesures soient prises pour protéger le droit de chaque Nicaraguayen de manifester pacifiquement.

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