JAPON

Le 11 mars, le Japon a été touché par un séisme de magnitude 9, survenu au large de la côte est et déclenchant un raz-de-marée gigantesque aux conséquences catastrophiques. On a notamment assisté à l’accident nucléaire le plus grave qui se soit produit dans le monde ces 25 dernières années. La police a continué d’employer des méthodes d’interrogatoire abusives dans le cadre du système des dayio kangoku. Le gouvernement n’a pas présenté d’excuses ni octroyé de réparations conformes aux normes internationales pour dédommager les rescapées du système d’esclavage sexuel instauré par l’armée japonaise. De fortes pressions ont été exercées sur le ministre de la Justice pour qu’il procède à des exécutions. Le nombre de demandeurs d’asile a augmenté, mais très peu se sont vu accorder le statut de réfugié.

JAPON
Chef de l’État : Akihito
Chef du gouvernement : Naoto Kan, remplacé par Yoshihiko Noda le 2 septembre
Peine de mort : maintenue
Population : 126,5 millions
Espérance de vie : 83,4 ans
Mortalité des moins de cinq ans : 3,3 ‰

Contexte

Le 11 mars, un séisme suivi d’un tsunami a dévasté la région du Tôhoku, dans l’est du Japon. Le nombre de personnes décédées ou portées disparues a été estimé à 20 000. La centrale nucléaire de Fukushima Daiichi a subi des dommages considérables. Des émissions radioactives supérieures aux limites sanitaires d’exposition ont suscité de vives inquiétudes quant à leurs effets à long terme sur la santé et la sécurité alimentaire. Une zone d’évacuation dont l’accès était interdit a été mise en place autour du site sur un rayon de 20 kilomètres, périmètre jugé insuffisant par nombre d’observateurs. Plusieurs dizaines de milliers de personnes, dont celles qui habitaient dans la zone d’évacuation avant la catastrophe, ont été hébergées dans des centres d’accueil et des logements provisoires dans la préfecture de Fukushima. Le gouvernement japonais et le fournisseur d’électricité Tokyo Electric Power (Tepco) ont été fortement critiqués pour la façon dont ils ont fait face à la crise. Il leur a notamment été reproché de ne pas avoir fourni d’informations en temps utile sur les risques, ce qui a donné lieu à de profondes préoccupations quant aux conséquences négatives de leur approche sur le droit à la santé des populations concernées.

Justice

En avril, le ministre de la Justice a demandé au ministère public de surveiller à titre expérimental tous les interrogatoires menés – et enregistrés – par le Bureau des enquêtes spéciales et le Bureau des affaires criminelles spéciales, ainsi que les interrogatoires de suspects souffrant de déficience intellectuelle ou de trouble mental. Le ministère de la Justice et la Direction de la police nationale ont procédé à l’examen de la Loi sur les établissements pénitentiaires et le traitement des prisonniers mais, à l’issue de cet examen, aucune modification n’a été apportée aux dispositions législatives ni au système des dayio kangoku, qui permet à la police de maintenir des personnes en détention jusqu’à 23 jours.
*Shoji Sakurai et Takao Sugiyama ont été acquittés de meurtre et de vol qualifié en mai, après avoir passé 29 ans derrière les barreaux. Pendant leur procès en révision, la justice a établi que les enregistrements des interrogatoires subis par les deux hommes, notamment de leurs « aveux », avaient été falsifiés et n’étaient pas dignes de foi, car on ne savait pas si ces « aveux » avaient été obtenus sans violence.

Violences faites aux femmes et aux filles

Le 30 août, la Cour constitutionnelle sud-coréenne a déclaré contraire à la Constitution le fait que le gouvernement de la Corée du Sud n’ait fait aucun effort tangible pour régler les différends l’opposant à l’État japonais à propos de l’indemnisation des victimes du système d’esclavage sexuel mis en place par l’armée japonaise. Le Japon persistait dans son refus d’indemniser les Coréennes qui avaient été réduites en esclavage sexuel avant et pendant la Seconde Guerre mondiale. La Cour a considéré que, par son inaction, la Corée du Sud violait les droits fondamentaux de ces anciennes « femmes de réconfort ». En octobre, le gouvernement sud-coréen a soulevé le problème devant les Nations unies, déclarant que ces viols et cet esclavage sexuel au caractère systématique constituaient des crimes de guerre voire, dans des circonstances bien précises, des crimes contre l’humanité. L’État japonais a répondu que toutes les questions avaient été réglées par voie de traité. Le 14 décembre, à Séoul (Corée du Sud), des militants et des victimes, qui manifestent toutes les semaines depuis 1992, se sont rassemblés pour la 1 000e fois devant l’ambassade du Japon.

Peine de mort

Aucune exécution n’a eu lieu. Cent trente prisonniers, dont plusieurs présentaient des troubles mentaux, restaient sous le coup d’une sentence capitale. En octobre, le ministre de la Justice Hideo Hiraoka a déclaré qu’il n’abolirait pas la peine de mort, mais étudierait les dossiers au cas par cas. Il faisait l’objet de pressions de la part d’autres membres du gouvernement pour que les exécutions reprennent. Le 31 octobre, le tribunal de district d’Osaka a conclu que la pendaison était conforme à la Constitution.

Réfugiés et demandeurs d’asile

On estimait à 1 800 le nombre de personnes ayant déposé une demande d’asile au Japon. Le 17 novembre, à l’occasion du 30e anniversaire de la ratification de la Convention relative au statut des réfugiés [ONU] par le Japon, le Parlement a adopté une résolution où il renouvelait son engagement envers ce texte. Dans le cadre d’un programme de réinstallation établi en 2010, le Japon a accepté d’accueillir sur son territoire 18 réfugiés originaires du Myanmar, dont le dossier avait été examiné en Thaïlande. D’autres réfugiés du Myanmar, qui avaient été réinstallés au Japon en 2010 dans le cadre du même programme, se sont plaints publiquement qu’ils étaient contraints de travailler 10 heures par jour, que l’aide fournie par le gouvernement était insuffisante et que les autorités les avaient délibérément mal informés avant leur arrivée au Japon.

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