Amériques— Résumé de la situation des droits humains

Les très nombreuses atteintes aux droits humains perpétrées par le passé ainsi que l’impunité dont jouissaient les auteurs de ces agissements continuaient de faire planer une ombre pesante sur bien des pays du continent américain. D’importantes actions en justice intentées en 2012 dans des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Chili, le Guatemala et l’Uruguay ont cependant permis d’enregistrer de nouvelles avancées notables dans la quête pour la justice dans des affaires de violations commises sous les régimes militaires du passé. Pour certains, néanmoins, la lutte pour obtenir justice et pour en finir avec l’impunité était loin d’être terminée. En Haïti, par exemple, les poursuites engagées contre l’ancien président Jean-Claude Duvalier étaient toujours au point mort. Aux États-Unis, rien ou presque n’a été fait pour demander des comptes aux responsables des abus perpétrés dans le cadre du programme de détentions secrètes mis en place par la CIA sous la présidence de George W. Bush.

Les ressources naturelles ont cette année encore été au cœur de conflits sociaux, et de nombreux citoyens ont vu leurs droits de plus en plus battus en brèche. La reconnaissance des droits des peuples indigènes a en revanche progressé, plusieurs décisions de justice venant réaffirmer leur droit à un consentement préalable, donné librement et en connaissance de cause sur les projets de développement les concernant. Ainsi, en juin, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu un jugement historique en faveur des Kichwas de la communauté de Sarayaku, déclarant l’Équateur coupable d’avoir porté atteinte à leurs droits.

Le système interaméricain de protection des droits humains s’est lui-même retrouvé sous le feu redoublé des critiques d’un certain nombre de gouvernements de la région en désaccord avec ses décisions. Le Venezuela est même allé jusqu’à annoncer officiellement qu’il se retirait de la Convention américaine relative aux droits de l’homme.

« Ce n’est pas facile de dire qu’on a été violée […] On commençait à reconstruire notre vie, en parlant de ce qui s’était passé […] C’est à ce moment-là que j’ai su que je ne pouvais plus me taire [...] Si nous ne nous mobilisons pas, les agressions contre les femmes continueront. Nous ne nous tairons pas. » Une femme membre d’un groupe d’entraide des femmes victimes de violences, en Colombie

L’action en faveur de l’abolition de la peine de mort a enregistré quelques avancées à l’échelle du continent. Aux États-Unis – le seul pays américain procédant encore à des exécutions judiciaires –, le Connecticut est devenu le 17e État abolitionniste. En outre, si plusieurs pays des Antilles anglophones ont cette année encore prononcé des condamnations à mort, ils n’ont en revanche procédé à aucune exécution.

La Colombie a connu les premiers pourparlers officiels de paix depuis plus de 10 ans, ce qui laissait espérer une issue possible au conflit qui opposait depuis près de 50 ans le gouvernement aux Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC).

La mobilisation dans cette partie du monde contre les pratiques discriminatoires et les violences à l’égard des femmes, profondément ancrées dans la société, ne s’est pas démentie. Le mouvement en faveur du respect des droits sexuels et reproductifs a poursuivi son combat. Cependant, des millions de femmes de la région ne pouvaient toujours pas faire valoir leur droit de décider librement et en toute connaissance de cause, sans contrainte et sans la moindre discrimination, du nombre d’enfants qu’elles auraient et du moment où elles les auraient. Dans des pays comme le Chili, le Nicaragua, la République dominicaine et le Salvador, les femmes et les jeunes filles qui se retrouvaient enceintes à la suite d’un viol ou dont la grossesse risquait d’avoir des conséquences graves pour leur santé ou même d’entraîner leur mort, ne pouvaient toujours pas bénéficier d’un avortement légal et médicalisé. Les conséquences de cette négation des droits des femmes et des jeunes filles étaient particulièrement graves pour celles appartenant à des groupes défavorisés de la population.

« Nous ne devons jamais laisser la peur prendre le dessus sur le courage. » Laísa Santos Sampaio, institutrice et militante pour l’environnement

Les journalistes ont cette année encore joué un rôle crucial dans la dénonciation des atteintes aux droits humains, payant souvent très cher leur engagement. Certains se sont heurtés à la répression directe du gouvernement de leur pays, tandis qu’ailleurs leurs confrères étaient pris pour cible par des bandes armées ou des réseaux criminels. Les défenseurs des droits humains, qui vivaient souvent dans des situations précaires et difficiles, ont continué de faire preuve de courage malgré les pratiques calomnieuses, les manœuvres judiciaires abusives et les violences utilisées pour tenter de les faire taire. Par leurs actions, ils ont montré la force et l’enracinement qu’avait désormais acquis le mouvement de défense des droits humains, ainsi que l’espoir qu’il inspirait à des millions d’Américains et d’Américaines.

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