Rapport Annuel 2014/2015

NAMIBIE

République de Namibie
Chef de l’État : Hifikepunye Pohamba
Chef du gouvernement : Hage Geingob

Le procès pour trahison de Caprivi, ouvert depuis de longues années déjà, se poursuivait. La plupart des prévenus étaient privés de liberté depuis plus de 14 ans. La politique qui consistait à ne pas accorder de protection aux réfugiés persécutés en raison de leur orientation sexuelle a été contestée par un demandeur d’asile gay originaire d’Ouganda. Les violences liées au genre demeuraient un motif de préoccupation.

CONTEXTE
Des élections générales se sont déroulées le 28 novembre. L’Organisation du peuple du Sud-Ouest africain (SWAPO) a obtenu 87 % des voix à l’élection présidentielle, et 80 % aux élections législatives.

PROCÈS DE CAPRIVI
Soixante-cinq hommes impliqués dans l’affaire de trahison de Caprivi étaient toujours en détention et devaient répondre de 278 chefs d’accusation, notamment de haute trahison, soulèvement, meurtre et tentative de meurtre. Quarante-trois des prévenus avaient été acquittés à la date du 11 février 2013.
Certains des prisonniers d’opinion remis en liberté ont engagé une action en dommages et intérêts contre le gouvernement. Neuf détenus qui avaient été déclarés coupables par la Haute Cour et qui étaient jugés séparément ont vu leurs déclarations de culpabilité suspendues et leurs cas renvoyés devant la Haute Cour pour un nouveau jugement. Huit accusés ont affirmé avoir été enlevés par des agents de l’État au Botswana, puis transférés illégalement en Namibie à diverses dates entre septembre 2002 et décembre 2013.
Nombre de détenus dans l’affaire de Caprivi étaient susceptibles d’être considérés comme des prisonniers d’opinion car ils avaient été arrêtés uniquement en raison de leurs opinions politiques, réelles ou supposées, de leurs origines ethniques ou de leur appartenance à certaines organisations. Le groupe était jugé sur la base d’une « intention délictueuse commune », une doctrine qui déplace la charge de la preuve de l’accusation aux accusés et porte atteinte à leur droit à la présomption d’innocence. Un autre accusé était jugé séparément et son procès n’était pas achevé à la fin de l’année.

RÉFUGIÉS ET DEMANDEURS D’ASILE
En avril, Nkrumah Mushelenga, commissaire aux réfugiés au sein du ministère de l’Intérieur et de l’Immigration, a déclaré à la presse que le droit interne namibien relatif aux réfugiés ne comportait pas de disposition permettant d’accorder le statut de réfugié à une personne au motif qu’elle est gay. Toutefois, la Namibie étant signataire de la Convention relative au statut des réfugiés [ONU] et de son Protocole de 1967, il lui est expressément prohibé d’expulser des réfugiés qui sont persécutés dans leur pays d’origine du fait de leur appartenance à un groupe social dont les craintes de persécution sont fondées.
En août, un demandeur d’asile ougandais a obtenu en urgence que son expulsion de Namibie soit suspendue. Cet homme demandait l’asile car il craignait d’être persécuté en Ouganda en raison de son orientation sexuelle. L’homme, qui se définit comme gay, était détenu à Walvis Bay et risquait d’être renvoyé en Ouganda, où une loi faisant de l’homosexualité une infraction pénale avait récemment été adoptée (la Cour constitutionnelle ougandaise a toutefois annulé ce texte par la suite).

RECOURS EXCESSIF À LA FORCE
Le 27 août, une manifestante non armée, Frieda Ndatipo, a été abattue par la police au cours d’une manifestation devant le siège du parti au pouvoir, la SWAPO. Elle protestait aux côtés d’un groupe de pression appelé Children of the Liberation Struggle, créé pour exiger de l’État des allocations et des emplois pour les enfants des membres de la SWAPO qui sont morts en exil avant l’indépendance du pays.

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX FILLES
Les violences liées au genre demeuraient un grave motif de préoccupation. Le gouvernement a décrété le 6 mars Journée nationale de prière pour l’action contre la violence sexiste en Namibie. Un rapport d’ONUSIDA et de l’ONG namibienne Victim 2 Survivors a notamment recommandé de qualifier les violences liées au genre d’urgence nationale, de mettre en œuvre un plan national d’action sur ces violences et d’obtenir le soutien de l’ensemble de la société, notamment des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, de la société civile, des autorités traditionnelles, des organisations religieuses, des médias, du secteur privé et de la population.

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