AUSTRALIE

Australie

Chef de l’État : Elizabeth II, représentée par Peter Cosgrove (qui a remplacé Quentin Bryce en mars) Chef du gouvernement : Tony Abbott

L’Australie a maintenu sa position dure à l’égard des demandeurs d’asile : les personnes arrivant par bateau étaient soit renvoyées dans le pays d’où elles étaient parties, soit transférées vers des centres de détention pour migrants extraterritoriaux ou insulaires, soit encore détenues sur le continent australien. Les autochtones continuaient d’être largement surreprésentés dans les prisons, alors même qu’ils ne représentaient qu’une fraction de la population, le taux d’incarcération des jeunes autochtones étant 25 fois supérieur à celui des jeunes non autochtones. En vertu d’une nouvelle loi régressive, présentée au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme, les droits à la vie privée et à la liberté d’expression et le droit à la liberté de circulation n’étaient pas protégés.

RÉFUGIÉS ET DEMANDEURS D’ASILE

L’Australie a maintenu sa politique de traitement des demandes d’asile hors du territoire, continuant à transférer toute personne arrivée par bateau après le 19 juillet 2013 vers des centres de détention pour migrants gérés par l’Australie et situés sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou à Nauru. À la date du 1er décembre 2014, quelque 2 040 demandeurs d’asile étaient détenus dans ces centres, dont 155 enfants à Nauru. Des violences et peut-être des traitements médicaux inadaptés ont été à l’origine de la mort de deux demandeurs d’asile détenus dans le centre pour migrants géré par les autorités australiennes sur l’île de Manus (voir Papouasie-Nouvelle-Guinée).
L’Australie a continué de refouler les bateaux transportant des demandeurs d’asile. En septembre, 12 bateaux avec 383 personnes à bord avaient été repoussés en mer. Deux autres embarcations ont été renvoyées directement au Sri Lanka.
En octobre, le gouvernement a déposé un projet de loi visant à « accélérer » le traitement de plus de 24 000 demandes d’asile qui étaient restées en suspens.
Supprimant un certain nombre de garanties essentielles, ce texte devait permettre l’expulsion de personnes vers d’autres pays au mépris des obligations internationales de l’Australie en matière de non-refoulement.
L’Australie a également poursuivi sa politique consistant à placer systématiquement en détention les personnes arrivant sans visa en cours de validité. À la date du 1er décembre, 3 176 personnes étaient détenues dans des centres sur le continent australien et sur l’île Christmas, dont 556 enfants. En août, le gouvernement avait annoncé que la majorité des enfants et leurs familles retenus sur le continent australien seraient placés au sein de la population et munis de visas temporaires.

DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES

Les gouvernements successifs ne s’étant pas penchés efficacement sur le niveau socioéconomique généralement défavorisé des autochtones, ces derniers continuaient à être surreprésentés dans les prisons. Ils représentaient 27,4 % des adultes et 57,2 % des mineurs emprisonnés, mais seulement 2,3 % des adultes et 5,5 % des jeunes sur l’ensemble du pays.
En août, une jeune aborigène est morte en garde à vue, en Australie-Occidentale, après que l’hôpital local l’eut renvoyée en détention malgré de graves lésions internes. Elle avait été arrêtée pour le paiement d’une amende, une politique qui touche les autochtones de façon disproportionnée.
Entre septembre et décembre, les autorités d’Australie-Occidentale ont démoli la plupart des bâtiments de la communauté aborigène reculée d’Oombulgurri, après une opération d’expulsion forcée menée en 2011. De nombreuses communautés vivant dans des régions reculées à travers l’Australie étaient en péril après que le gouvernement fédéral eut décidé en septembre d’interrompre le financement de services essentiels et municipaux.

LUTTE CONTRE LE TERRORISME ET SÉCURITÉ

Des lois nationales ont été adoptées visant à étendre les pouvoirs des organes de renseignement, permettre la surveillance des activités sur Internet et empêcher toute dénonciation de pratiques illégales qui seraient menées par des membres de ces organes. De nouvelles lois ont érigé en infraction le fait de se rendre dans des zones à l’étranger où, selon le gouvernement, une organisation terroriste reconnue se livrerait à des « activités hostiles ». Elles faisaient en outre peser sur les prévenus la charge de la preuve. Le système controversé de la détention préventive et des ordonnances de contrôle a été renforcé, et une infraction mal définie d’« apologie » du terrorisme a été créée.

TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS

En novembre, l’Australie a fait l’objet pour la cinquième fois de l’examen périodique du Comité contre la torture [ONU]. Le Comité a reproché à l’Australie de continuer à placer systématiquement en détention les demandeurs d’asile et de traiter leurs demandes d’asile hors du continent australien. Il a également exprimé ses préoccupations concernant la surpopulation carcérale et le taux disproportionné d’incarcération des autochtones. Le Comité a appelé l’Australie à ratifier dans les plus brefs délais le Protocole facultatif à la Convention contre la torture.

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