Rapport Annuel 2014/2015

PAPOUASIE- NOUVELLE-GUINÉE

État indépendant de Papouasie-Nouvelle-Guinée

Chef de l’État : Elizabeth II, représentée par Michael Ogio, gouverneur général

Chef du gouvernement : Peter Charles Paire O’Neill

De nouveaux cas de violences visant des femmes et des enfants ont été signalés, notamment à la suite d’accusations de sorcellerie. Amnesty International a continué de recevoir des informations sur des recours injustifiés et excessifs à la force de la part de policiers. Lors d’une opération d’expulsions forcées près de la mine de Porgera, la police se serait rendue coupable de violences et d’agressions sexuelles.
Dans le centre de détention pour migrants situé sur l’île de Manus et géré par l’Australie, deux demandeurs d’asile ont trouvé la mort après avoir subi des violences, vraisemblablement faute de soins médicaux appropriés.

CONTEXTE

Les autorités n’ont pratiquement rien tenté pour remédier aux violences faites aux femmes ou liées à des accusations de sorcellerie, alors même que des réformes législatives prévoyant des peines plus sévères ont été menées en 2013.
Au 31 août, le centre de détention pour migrants géré par l’Australie et installé sur l’île papou-néo-guinéenne de Manus comptait 1 084 demandeurs d’asile. Très peu de mesures ont été prises pour améliorer les conditions de vie de ces personnes ou pour mettre en œuvre les lois et les politiques nécessaires en vue du traitement de leur dossier et de leur installation1.
D’après les chiffres officiels, au moins 13 personnes ont été condamnées à mort depuis la réintroduction de la peine capitale, en 1991. En 2014, des représentants du gouvernement ont achevé un voyage d’étude portant sur les différentes méthodes d’exécution utilisées dans le monde, alors qu’aucun condamné n’a été exécuté en Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis 1954.

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES ET AUX ENFANTS

Dans un rapport publié en 2013, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) a établi que dans la province de Bougainville, 80 % des hommes reconnaissaient exercer des violences physiques ou sexuelles sur les femmes.
D’autres informations ont fait état de violences parfois fatales commises contre des femmes et des enfants à la suite d’accusations de sorcellerie. Le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a souligné que les homicides liés à ce type d’accusations étaient un sujet de préoccupation majeur. Il était le troisième rapporteur spécial à dénoncer ce problème en quelques années.

RECOURS EXCESSIF À LA FORCE

À la suite de sa visite en Papouasie- Nouvelle-Guinée en mars, le rapporteur spécial des Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a indiqué que l’un de ses principaux motifs d’inquiétude était que des policiers recouraient à la force d’une manière injustifiée et excessive, y compris à la force meurtrière. De nouvelles agressions physiques et sexuelles perpétrées contre des personnes en garde à vue ainsi que des exécutions extrajudiciaires imputables à la police ont été signalées.
En mars, une vidéo a circulé montrant un homme attaqué dans la rue par trois chiens policiers, tandis que les fonctionnaires de police présents sur les lieux ne tentaient rien pour l’interpeller ou le placer en détention. Bien que les autorités de police aient essayé d’enquêter et de porter plainte contre des agents, les cas de brutalité policière signalés demeuraient nombreux.

DROITS EN MATIÈRE DE LOGEMENT - EXPULSIONS FORCÉES

Les tensions entre la compagnie exploitant la mine d’or de Porgera et les riverains se sont accentuées. En juin, la police a mis le feu à quelque 200 habitations, qui ont été entièrement détruites. D’après les informations parvenues à Amnesty International, des violences physiques et sexuelles ont été perpétrées par la police pendant l’opération d’expulsion.

RÉFUGIÉS ET DEMANDEURS D’ASILE

En février, le centre de détention pour migrants géré par les autorités australiennes sur l’île de Manus a été le théâtre d’une explosion de violence. Les protestations duraient depuis plusieurs semaines quand des demandeurs d’asile ont été agressés par des agents d’une société de sécurité privée et des membres de la police locale. En août, la police a accusé deux anciens employés de l’Armée du Salut et la société de sécurité G4S d’être impliqués dans la mort du demandeur d’asile iranien Reza Berati, décédé des suites d’un grave traumatisme crânien dont il a été victime lors d’une émeute dans ce centre le 17 février2. En septembre, des organisations de défense des droits humains ont déposé une plainte auprès de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) contre la société G4S, pour non-respect des droits humains fondamentaux et défaut de protection des demandeurs d’asile.
En septembre, un autre demandeur d’asile iranien détenu à Manus, Hamid Kehazaei, est décédé dans un hôpital en Australie d’une septicémie consécutive à une coupure au pied. Il serait mort faute d’avoir reçu à temps des soins médicaux appropriés.
Sur les 1 084 demandeurs d’asile détenus sur l’île de Manus, 79 ont vu leurs demandes d’asile provisoire traitées, dont 41 ont été acceptées et 38 rejetées. À la fin de l’année, des réfugiés et des demandeurs d’asile étaient toujours détenus dans ce centre.
Les demandeurs d’asile continuaient de devoir composer avec des délais prolongés de traitement de leur dossier, des conditions de vie difficiles et le risque de subir des préjudices.

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