Des demandeurs d’asile étaient détenus arbitrairement dans des conditions éprouvantes, dans le cadre d’un accord conclu avec l’Australie. Des mesures arbitraires de destitution de magistrats et de suspension de députés suscitaient des inquiétudes quant à l’état de droit et la liberté d’expression.
RÉFUGIÉS ET DEMANDEURS D’ASILE
Petit État insulaire, Nauru ne disposait que de ressources limitées pour satisfaire aux besoins de sa propre population, notamment pour réaliser les droits à un logement décent, à l’eau potable et salubre, à l’éducation, à la santé et à l’emploi. La présence de réfugiés pesait lourdement sur ces ressources déjà limitées.
Au 30 juin 2014, 1 169 demandeurs d’asile, dont 193 enfants et 289 femmes, étaient placés dans le centre de détention pour migrants administré par l’Australie. Cent soixante-huit personnes qui avaient reçu un avis favorable à leur demande de statut de réfugié étaient hébergées séparément.
Au moins 61 demandeurs d’asile étaient en instance de jugement, poursuivis pour des infractions liées à des troubles survenus en juillet 2013 dans le centre de détention. Du fait notamment d’une assistance juridique inadéquate et de lenteurs dans la procédure judiciaire, on craignait que les droits à un procès équitable de ces personnes ne soient pas respectés.
Les enfants en quête d’asile risquaient tout particulièrement de développer des troubles en raison d’une détention longue et arbitraire et de l’absence d’activités intéressantes et d’un enseignement de qualité. Certains demandeurs d’asile se sont plaints de violences physiques et sexuelles, mais on ignorait quelles mesures avaient été prises, le cas échéant, par les autorités nauruanes ou australiennes pour enquêter sur ces allégations. Les conditions de détention intolérables suscitaient un risque de refoulement, les migrants détenus ayant l’impression qu’ils n’avaient d’autre choix que de se laisser expulser vers un territoire où leur vie et leurs droits étaient menacés.
En avril, le droit de visiter le centre de détention pour migrants a été refusé au Groupe de travail sur la détention arbitraire [ONU] et à Amnesty International [1]
SYSTÈME JUDICIAIRE
En janvier, le président de la Cour suprême et le président de l’unique magistrate’s court de Nauru ont été destitués par le gouvernement, ce qui suscitait des inquiétudes quant à l’indépendance de l’appareil judiciaire et à l’état de droit.
LIBERTÉ D’EXPRESSION
En juin, cinq députés de l’opposition ont été suspendus après avoir critiqué le gouvernement et s’être entretenus avec des médias étrangers. Ils étaient toujours démis de leur charge à la fin de l’année, le nombre de députés siégeant au Parlement n’étant plus que de 14 au lieu de 19.
L’augmentation des frais de visa pour les journalistes, qui sont passés de 183 à 7 328 dollars des États-Unis, a limité la capacité des médias étrangers à se rendre dans le pays pour y couvrir l’actualité nationale.