Rapport Annuel 2016

Guinée équatoriale

République de Guinée équatoriale
Chef de l’État et du gouvernement : Teodoro Obiang Nguema Mbasogo


Des centaines de personnes, dont des enfants, ont été arrêtées arbitrairement, détenues et battues à la suite de troubles survenus lors de la Coupe d’Afrique des Nations, compétition internationale de football organisée sur le continent africain. Le droit à la liberté d’expression et de réunion a été réprimé, et la police a eu recours à une force excessive pour disperser des manifestations pacifiques. Des opposants politiques ont été contraints de retourner dans leur village, avec interdiction de le quitter.

CONTEXTE

La Guinée équatoriale a accueilli la Coupe d’Afrique des Nations en janvier et en février. Face à l’opposition de plus en plus forte, dans le pays, à ce tournoi de football, le président Teodoro Obiang a menacé de sanctions sévères ceux qui perturberaient les matchs ou appelleraient à leur boycott.
Le président a dissous le pouvoir judiciaire en mai, et le pays est resté sans magistrature pendant près d’un mois.

LIBERTÉ D’EXPRESSION

Les critiques antigouvernementales n’étaient pas tolérées. À la mi-janvier, plusieurs personnes, dont le militant politique Celestino Okenve, ont été arrêtées arbitrairement et maintenues jusqu’à deux semaines en détention, parce qu’elles avaient critiqué la tenue de la Coupe d’Afrique des Nations dans le pays et appelé au boycott des matchs. Elles ont toutes été libérées un peu plus tard sans avoir été inculpées1.
Le 19 février, Luis Nzo Ondo, membre de la Force démocrate républicaine (FDR), a été arrêté arbitrairement et renvoyé dans son village parce qu’il s’était mobilisé contre l’arrestation illégale et l’éloignement du chef de file de son parti politique, Guillermo Nguema Ela2. Il était toujours interdit aux deux hommes de quitter leur village respectif
à la fin de l’année.

DROITS DES ENFANTS

Plusieurs dizaines de mineurs figuraient parmi les 300 jeunes qui ont été arrêtés arbitrairement et frappés, le 5 février, à la suite de troubles survenus pendant la demi- finale de la Coupe d’Afrique des Nations à Malabo, la capitale. Au moins 12 d’entre eux avaient moins de 16 ans, l’âge de la responsabilité pénale en Guinée équatoriale. Quatre étaient âgés de neuf à 11 ans. Ils ont pour la plupart été interpellés dans des rues éloignées du stade de football, ou de nuit à leur domicile. Ils ont été conduits au commissariat central de Malabo, et les jeunes détenus ont raconté y avoir reçu chacun entre 20 et 30 coups de fouet. Leurs conditions de détention étaient exécrables, et dans leurs cellules surpeuplées et mal ventilées se trouvaient aussi des adultes soupçonnés d’infractions pénales. Certains ont été relâchés après que leurs familles eurent versé des pots-de-vin à la police. Le 11 février, quelque 150 jeunes ont été présentés au juge d’instruction, qui a ordonné la libération de ceux qui avaient entre neuf et 11 ans mais confirmé le placement en détention des autres, dont il a demandé le transfert à la prison de Black Beach, à Malabo. Là, les mineurs ont été incarcérés avec des adultes dont certains étaient en détention provisoire et d’autres déjà condamnés. Le 13 février, ils ont de nouveau été présentés devant une autorité judiciaire et tous libérés sans inculpation.

LIBERTÉ DE RÉUNION

Les 25 et 26 mars, la police a utilisé une force excessive et du gaz lacrymogène pour disperser des manifestations pacifiques à Bata et à Malabo. Celles-ci avaient été organisées par des étudiants qui entendaient dénoncer le système d’attribution de bourses universitaires. Beaucoup ont été arrêtés et battus dans les deux villes. Ceux interpellés à Bata ont été relâchés le lendemain sans avoir été inculpés. Dans la capitale, la police a procédé à l’arrestation arbitraire et au passage à tabac d’étudiants réels et présumés, dans la rue et à leur domicile. Un garçon de 13 ans a été interpellé dans la rue alors qu’il filmait avec son téléphone mobile des policiers en train d’arrêter et de frapper des étudiants et de pénétrer chez eux par la force. Au moins 50 étudiants ont été incarcérés pendant deux semaines, avant d’être libérés sans inculpation. Le garçon de 13 ans et cinq autres jeunes ont été maintenus une semaine de plus en garde à vue avant d’être eux aussi relâchés sans avoir été inculpés. La police a soutenu que, comme ils n’étaient pas étudiants, il s’agissait certainement de « fauteurs de troubles ».

1.Guinée équatoriale. Des personnes ayant protesté pacifiquement contre la Coupe d’Afrique des Nations doivent être libérées (communiqué de presse, 29 janvier) ; Guinée équatoriale. Trois détenus doivent être libérés (AFR 24/0001/2015) ; Guinée équatoriale. Trois détenus libérés (AFR 24/0002/2015)
2.Guinée équatoriale. Il faut libérer un défenseur des droits humains et un dirigeant de l’opposition (communiqué de presse, 20 mars)

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