Rapport annuel 2016

LESOTHO

Royaume du Lesotho
Chef de l’État : Letsie III
Chef du gouvernement : Pakalitha Mosisili (remplacé par Thomas Motsoahae Thabane en mars)

L’instabilité politique persistait après une tentative de coup d’État en 2014. L’ancien commandant des Forces de défense du Lesotho (LDF), le général Maaparankoe Mahao, a été abattu en juin sur fond de tensions au sein des forces armées. Au moins 23 soldats ont été arrêtés en mai, accusés d’avoir pris la tête d’une mutinerie. Ils ont été maintenus en détention et auraient été torturés.
CONTEXTE
Plus de la moitié de la population vit sous le seuil de pauvreté et, en raison de sécheresses persistantes, d’inondations et de gelées précoces, la productivité agricole a été faible ces dernières années. L’économie du Lesotho dépend largement de l’industrie textile, des recettes provenant de l’Union douanière d’Afrique australe, des mines de diamants et des fonds envoyés par les mineurs travaillant en Afrique du Sud. Le pays est confronté à une insécurité alimentaire aggravée par les chocs liés aux conditions climatiques, par une malnutrition chronique répandue et par son taux de sida et d’infection par le VIH, qui le place en deuxième position dans le monde. Le déficit alimentaire croissant, ainsi que l’augmentation des licenciements de ressortissants du Lesotho qui travaillent dans des pays comme l’Afrique du Sud, ont aggravé la pauvreté des ménages au Lesotho.
Les élections générales du 28 février n’ont pas permis de désigner clairement un vainqueur. Un gouvernement de coalition a été formé par le Congrès du Lesotho pour la démocratie, le parti du Premier ministre Pakalitha Mosisili, et six autres partis politiques. La Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) a continué à jouer un rôle de médiation entre les différents rivaux politiques du pays afin de calmer les tensions entre l’armée et la police, dues à la politisation du secteur de la sécurité.
EXÉCUTIONS EXTRAJUDICIAIRES
Le 25 juin, le général Maaparankoe Mahao, ancien commandant des LDF, a été abattu à Maseru par des soldats qui cherchaient à l’arrêter parce qu’il aurait comploté en vue de prendre la tête d’une rébellion dans l’armée. Maaparankoe Mahao avait été relevé de ses fonctions au sein des LDF le 21 mai. En juin, peu de temps avant d’être tué, il avait contesté son limogeage devant les tribunaux, arguant de l’illégalité de cette décision. Le gouvernement a affirmé que Maaparankoe Mahao avait résisté à son arrestation, mais sa famille a nié cette version des faits, assurant qu’il s’agissait d’un assassinat soigneusement planifié par d’anciens collègues de l’armée.
Une commission d’enquête de la SADC, composée de 10 membres et présidée par le juge Mpaphi Phumaphi, du Botswana, a été mise en place le 3 juillet pour enquêter sur les problèmes de sécurité au Lesotho, enparticulier le meurtre de Maaparankoe Mahao. La commission a achevé ses travaux le 23 octobre, plus tôt que prévu, en raison du manque de coopération entre le gouvernement et les LDF.
TORTURE ET AUTRES MAUVAIS TRAITEMENTS
Certains membres des LDF ont fui en Afrique du Sud après avoir fait l’objet de menaces et de manœuvres de harcèlement en raison de leur fidélité supposée à l’ancien chef de l’armée.
Au moins 23 soldats, accusés d’être fidèles à Maaparankoe Mahao, ont été placés en détention à la prison de sécurité maximale de Maseru en mai. Ils ont été inculpés de sédition et de mutinerie, des infractions punies de la peine de mort. Ils ont comparu devant un tribunal militaire le 5 octobre, mais cette procédure a été suspendue pour permettre à la commission de la SADC de faire son travail. Les 23 soldats ont été maintenus en détention et auraient été torturés.
Ils ont contesté la légalité de leur détention et la composition du tribunal militaire devant la Haute Cour de Maseru. Le 5 octobre, la Haute Cour a ordonné la libération des 23 soldats sous « arrestation ouverte », une forme de caution militaire, afin de leur permettre de participer à la commission d’enquête de la SADC. Les LDF n’ont pas respecté cette décision. Seuls cinq des 23 soldats ont été libérés, début décembre, sous « arrestation ouverte », mais leurs déplacements restaient surveillés. Les travaux du tribunal militaire ont repris le 1er décembre, avant d’être renvoyés au 1er février 2016.
POLICE ET FORCES DE SÉCURITÉ
Des militaires ont entravé le déroulement des enquêtes de police dans un certain nombre d’affaires pénales de 2014 et 2015, très médiatisées et liées à des divisions d’ordre politique au sein des forces armées. Il s’agissait notamment d’attaques contre des domiciles de personnalités politiques et d’assassinats et d’enlèvements à caractère politique.
Le 17 août, l’ancien chef de police Khothatso Tšooana a été contraint par le gouvernement de prendre une retraite anticipée. Il a été accusé d’incompétence, d’avoir politisé le Service de police montée du Lesotho et d’avoir créé des clivages en son sein.
LIBERTÉ D’EXPRESSION
Des membres des élites politiques et de l’armée ont continué de perturber les activités des médias audiovisuels. Des journalistes ont été victimes de manœuvres de harcèlement et d’intimidation de la part des autorités politiques et des forces de sécurité. Aucune avancée n’a été signalée dans l’affaire concernant Lloyd Mutungamiri, rédacteur en chef du Lesotho Times inculpé de diffamation en septembre 2014 pour avoir publié des informations sur la corruption policière.
PEINE DE MORT
Le Lesotho a conservé la peine de mort dans son droit législatif en tant que châtiment.
N’ayant procédé à aucune exécution depuis 20 ans, le pays est abolitionniste en pratique.
SURVEILLANCE INTERNATIONALE
La situation des droits humains au Lesotho a été examinée en janvier dans le cadre de l’Examen périodique universel (EPU) du Conseil des droits de l’homme [ONU]. Les projets de mise en œuvre d’une commission des droits humains, recommandée pendant l’EPU, ont progressé en 2015.
 

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