Rapport annuel 2016

NICARAGUA

République du Nicaragua
Chef de l’État et du gouvernement : Daniel Ortega Saavedra

Des défenseurs des droits humains et des groupements de citoyens représentant des indigènes et des personnes d’ascendance africaine ont fait l’objet de menaces et d’actes d’intimidation en raison de leur action, en particulier lors de manifestations. Des médias et des organisations de la société civile ont été victimes de harcèlement. Plusieurs personnes ont été tuées et des centaines d’autres déplacées à la suite de l’intensification d’un conflit foncier dans le nord de la côte caribéenne. Des femmes ont encore été victimes de violences et l’interdiction de toute forme d’avortement est demeurée en vigueur.

CONTEXTE
Le Front sandiniste de libération nationale (FSLN, parti au pouvoir) a, cette année encore, fortement contrôlé tous les secteurs gouvernementaux. En novembre, le gouvernement a officiellement souscrit à une étude sur l’impact environnemental qui devait autoriser la construction d’un projet d’infrastructure de grande envergure, un canal entre les océans Atlantique et Pacifique. En raison de contraintes financières, le devenir de ce projet était incertain.

CONFLITS FONCIERS ET DROITS DES PEUPLES AUTOCHTONES
Après l’intensification, en septembre, du conflit opposant les Miskitos et les colonos (colons) qui tentent de s’approprier le territoire ancestral de cette communauté, la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH) a ordonné au Nicaragua de mettre en place des mesures de protection en faveur des Miskitos. D’après le Centre pour la justice et les droits humains de la côte atlantique du Nicaragua (CEJUDHCAN), entre 2013 et 2015, 24 Miskitos ont été tués, 30 ont été agressés et des centaines d’autres ont été déplacés.

Selon le Centre nicaraguayen des droits humains (CENIDH), des communautés d’indigènes et de personnes d’ascendance africaine ainsi que d’autres groupes qui protestaient contre le projet de construction du canal interocéanique ont fait l’objet d’actes d’intimidation et d’agressions et ont été détenus de façon arbitraire. En octobre, des policiers ont installé un barrage routier pour empêcher plusieurs milliers de campesinos (paysans) de manifester contre le canal.

Selon la fondation de défense des droits humains Popol Na, plusieurs manifestants auraient été attaqués par des groupes progouvernementaux. Les manifestants accusaient le gouvernement d’avoir accordé le permis de construire sans que les populations indigènes susceptibles d’être déplacées par le chantier aient pu donner au préalable leur consentement libre et éclairé.

D’après le CENIDH, des militants qui se sont élevés contre des projets miniers ont eux aussi été victimes d’actes d’intimidation et de harcèlement.

LIBERTÉ D’EXPRESSION, D’ASSOCIATION ET DE RÉUNION
Des représentants et des sympathisants du gouvernement ont cherché à saper et à déconsidérer le travail des organisations de la société civile et des médias qui s’étaient montrés critiques envers le parti au pouvoir. Au mois de mai, deux membres du Centre pour la justice et le droit international, une organisation régionale de défense des droits humains, ont été refoulés à leur arrivée à l’aéroport de la capitale, Managua, où ils devaient participer à un rassemblement sur les droits humains. Aucun motif officiel n’a été invoqué1.

DROITS DES FEMMES
En octobre, lors d’une audience devant la CIDH, des organisations régionales et nicaraguayennes de défense des droits humains ont évoqué les inquiétudes suscitées par les atteintes aux droits fondamentaux des femmes et des filles, dont l’interdiction totale de l’avortement, et par les problèmes d’accès à la justice que doivent surmonter celles qui ont subi des sévices.

Selon l’ONG nicaraguayenne Red de Mujeres contra la Violencia (Réseau des femmes contre la violence), 35 femmes et filles ont été tuées (actes qualifiés de féminicide en vertu du Code pénal) au cours du premier semestre de l’année, contre 47 durant la même période en 2014. Des ONG se sont toutefois inquiétées devant les réformes adoptées en 2013, qui ont fragilisé la Loi intégrale sur les violences faites aux femmes (Loi n° 779) en proposant aux femmes une médiation avec leur agresseur dans certains cas de violence familiale.

Nicaragua : Defensores de derechos humanos deportados arbitrariamente (AMR 43/1687/2015)

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