Rapport annuel 2017

Fidji

République des Îles Fidji
Chef de l’État : Jioji Konousi Konrote
Chef du gouvernement : Josaia Voreqe Bainimarama

Fidji a ratifié en mars la Convention contre la torture [ONU], en formulant toutefois des réserves, notamment sur la définition de la torture. Du fait des dispositions de la Constitution sur l’immunité et de l’absence de volonté politique de mener à bien des poursuites pénales, il était difficile d’obtenir que les responsables d’actes de torture et d’autres mauvais traitements rendent compte de leurs actes. Des restrictions arbitraires au droit à la liberté d’expression étaient toujours en place. Faute de plan de réaction aux catastrophes, la distribution de l’aide humanitaire après le passage du cyclone Winston a été mal coordonnée, lente et inéquitable.

Contexte

Le cyclone Winston a frappé Fidji les 20 et 21 février, faisant 43 morts et contraignant 62 000 personnes à quitter leur foyer. Le manque d’infrastructures, l’isolement géographique, la discrimination et la mauvaise coordination de la distribution de l’aide ont entravé les initiatives d’assistance aux personnes qui en avaient le plus besoin. Du fait de la pénurie de matériaux de construction, un grand nombre de personnes étaient toujours sans abri six mois plus tard, sans possibilité de bénéficier d’un logement convenable.

Liberté d’expression et de réunion pacifique

Le député autochtone Tupou Draunidalo a été suspendu en juin après avoir dénoncé devant le Parlement les tentatives persistantes visant à réduire au silence les détracteurs du gouvernement. Affirmant que les organisateurs ne disposaient pas de l’autorisation nécessaire, les pouvoirs publics ont annulé, le 7 septembre, une rencontre de trois jours prévue à Pacific Harbour et portant sur le thème de l’industrie sucrière. Le 10 septembre, cinq personnes (des responsables politiques, un dirigeant syndical et un universitaire) ont été arrêtées à Suva et placées en détention deux jours durant, au motif qu’elles avaient tenu sans autorisation une réunion pour débattre de la Constitution. La législation ne prévoit pas que les réunions privées sont soumises à la délivrance d’une autorisation.

Des restrictions arbitraires portant atteinte au droit à la liberté d’expression, en particulier celle des médias, étaient toujours en place. Aux termes de la Constitution et de divers textes législatifs, les journalistes et d’autres acteurs étaient passibles de fortes amendes et de peines d’emprisonnement pour certains actes entrant dans le cadre de l’exercice de leur droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique.

Torture et autres mauvais traitements

Trois policiers et deux militaires ont été arrêtés en novembre 2015 et inculpés d’agression sexuelle contre Iowane Benedito, un homme torturé en 2012 (« l’affaire YouTube »). Les policiers étaient en liberté sous caution et devaient comparaître fin 2016.

En novembre, huit policiers et un militaire ont été condamnés pour le viol, en 2014, de Vilikesa Soko, un suspect dans une affaire de vol à main armée, mais personne n’a été tenu responsable de sa mort. Les auteurs présumés sont restés en poste jusqu’à ce que le procureur général intervienne. Ils ont alors été suspendus de leurs fonctions pour la seconde fois en mars.

Enlevé, battu et soumis à des brûlures en novembre 2015 après avoir remis à la police des courriels qui révélaient, croit-on savoir, des activités illégales, Rajneel Singh a été de nouveau agressé chez lui le 30 août par des hommes portant l’uniforme de la police. La police n’a pris en compte sa plainte qu’à partir du moment où la presse a commencé à évoquer son cas.

Changement climatique et réduction des risques de catastrophe

Les conséquences dévastatrices du passage du cyclone Winston ont mis en lumière la vulnérabilité de Fidji face au risque de catastrophe naturelle et au changement climatique, ainsi que le poids de l’impact de ces phénomènes sur les droits humains. Des préoccupations ont été exprimées à propos de discriminations dans la distribution de l’aide durant la catastrophe et de la non-prise en compte dans les opérations de secours des besoins spécifiques de groupes tels que les femmes, les enfants et les personnes souffrant d’un handicap. Six mois après le passage du cyclone, un nombre important de personnes étaient toujours sans abri ou hébergées dans des structures temporaires.

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