Rapport annuel 2017

Albanie

République d’Albanie
Chef de l’État : Bujar Nishani
Chef du gouvernement : Edi Rama

Les Roms et les « Égyptiens » vivaient toujours dans de mauvaises conditions de logement et risquaient d’être expulsés de force de chez eux. Plus de 20 000 Albanais ont demandé l’asile dans des pays de l’Union européenne.

Disparitions forcées

Les autorités n’ont pas progressé dans leurs démarches en vue de traduire en justice les responsables présumés de la disparition forcée, en 1995, de Remzi Hoxha, un membre de la communauté albanaise de Macédoine. On ignore tout du sort de cet homme et de l’endroit où il se trouve.

Le gouvernement a commencé à coopérer avec la Commission internationale pour les personnes disparues afin de localiser et d’identifier les dépouilles des Albanais victimes d’une disparition forcée sous les gouvernements communistes qui se sont succédé entre 1944 et 1991. Cependant, aucune nouvelle exhumation n’avait été menée à la fin de l’année. Selon les estimations, 6 000 victimes de disparition forcée n’avaient pas encore été retrouvées.

Droits en matière de logement – expulsions forcées

En juin, les autorités locales de Tirana ont menacé d’expulser de force plus de 80 familles, principalement roms et « égyptiennes », vivant dans les environs de Bregu i Lumit, une zone risquant d’être inondée par la rivière Tirana. Les autorités n’ont pas accordé un préavis suffisant aux personnes concernées, n’ont pas mené de véritable consultation et n’ont pas fourni de solution de relogement. Les expulsions ont été temporairement suspendues à la fin du mois de septembre, à la suite de l’intervention de militants en faveur du droit au logement et du médiateur de la République d’Albanie. Dans le cadre d’un « plan d’intervention » proposé par le maire de Tirana, les familles se sont vu proposer différentes possibilités concernant leur expulsion et leur relogement. À la fin de l’année, on ignorait si toutes les familles pourraient être relogées et si les solutions de relogement étaient adaptées et durables.

Système judiciaire

En juin, un juge a suspendu le chef de la police nationale pour abus de pouvoir et participation à l’installation de dispositifs d’écoute électronique dans des postes de police. En réponse, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur ont accusé le juge de servir les intérêts de l’opposition et de porter atteinte à l’indépendance de la justice. À la fin de l’année, le chef de la police nationale était toujours en détention dans l’attente de son procès.

En juillet, une réforme de la justice a été adoptée par le Parlement. Des dizaines d’articles de la Constitution ont été modifiés dans le cadre de cette réforme et de nouvelles lois ont été adoptées afin d’assurer l’indépendance et l’impartialité de la justice et d’empêcher toute intervention politique et toute corruption.

Réfugiés et demandeurs d’asile

Plus de 1 000 demandes d’asile ont été déposées auprès des autorités après que la fermeture des frontières en Grèce et en Macédoine a poussé de nombreuses personnes à rechercher une protection en Albanie. Certains réfugiés et migrants arrivant de Grèce ont été sommairement renvoyés.

Selon les estimations, 20 000 Albanais ont demandé l’asile dans des pays de l’Union européenne, principalement en Allemagne, mais la vaste majorité d’entre eux ne l’ont pas obtenu. En juillet, le Parlement européen a proposé une liste des « pays d’origine sûrs » commune à toute l’UE pour le traitement des demandes d’asile. L’Albanie figurait sur cette liste, ce qui a soulevé des inquiétudes quant au traitement équitable et individuel des demandes d’asile déposées par des Albanais.

Torture et autres mauvais traitements

Prisons

En mars, le Comité européen pour la prévention de la torture (CPT) a fait part de ses préoccupations quant aux conditions de détention en Albanie. Le CPT a recueilli les témoignages de nombreux détenus, dont des mineurs, faisant état de mauvais traitements infligés par des policiers qui, dans certains cas, équivalaient à des actes de torture. Il a également indiqué que les conditions de détention restaient mauvaises dans plusieurs lieux de détention du pays et que les progrès étaient insuffisants en ce qui concerne les soins médicaux, les activités et les soins spécialisés dont peuvent bénéficier les détenus.

Droits des enfants

En mai, un scandale national a éclaté lorsque le procureur de district a révélé l’ampleur des atteintes commises dans une affaire de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des enfants, notamment des violences sexuelles infligées à des fillettes, dans un orphelinat de la ville de Shkodër. Cinq personnes ont été arrêtées, dont l’ancienne directrice de l’orphelinat.

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