Rapport annuel 2018

Liberia

République du Liberia
Cheffe de l’État et du gouvernement : Ellen Johnson-Sirleaf

La violence domestique et les violences sexuelles contre les femmes et les filles demeuraient très répandues. L’impunité pour les violations des droits humains persistait. Les conditions carcérales n’étaient pas conformes aux normes internationales. Par ailleurs, la période de détention provisoire était souvent très longue.

CONTEXTE

Des élections législatives et le premier tour de l’élection présidentielle se sont tenus en octobre. George Weah, du Congrès pour le changement démocratique (CDC), a été élu président le 26 décembre et devait prendre ses fonctions en janvier 2018.
Dénoncée en 2016 par le rapporteur spécial sur le droit à l’éducation, la pratique consistant à confier à une société privée la gestion de certaines écoles publiques restreignait l’accès des enfants à une éducation satisfaisante.

IMPUNITÉ

La plupart des recommandations formulées en 2009 par la Commission vérité et réconciliation n’avaient pas été mises en oeuvre – notamment la création d’un tribunal pénal chargé de juger les crimes de droit international, ainsi que les mesures en vue d’amener les responsables de crimes à rendre compte de leurs actes et d’accorder des réparations aux victimes. Cette commission avait été mise en place pour s’occuper des atteintes aux droits humains commises durant les 14 années de la guerre civile qui s’est achevée en 2003.
Personne n’a fait l’objet de poursuites pénales pour des violations des droits humains commises durant ce conflit. Mohammed Jabbateh a toutefois été déclaré coupable de parjure et d’infraction à la législation sur l’immigration aux États-Unis en raison de son implication dans des crimes de guerre présumés. Les investigations se poursuivaient par ailleurs en Suisse et en Belgique sur les crimes de guerre présumés commis par les commandants de groupes rebelles Alieu Kosiah et Martina Johnson, arrêtés dans ces deux pays respectifs en 2014.

DÉTENTION

Les prisons étaient toujours surpeuplées, en partie parce que des centaines de personnes étaient maintenues en détention provisoire durant de longues périodes. Les détenus n’avaient pas suffisamment accès à des soins médicaux et à des activités récréatives. En juin, une détenue est tombée enceinte à la prison centrale de Tubmanburg après avoir été contrainte à des relations sexuelles par un prisonnier. Cette agression avait été facilitée par des agents de l’administration pénitentiaire, qui l’ont ensuite obligée à subir un avortement. Une enquête a été conduite et plusieurs agents ont été démis de leurs fonctions ; à la connaissance d’Amnesty International, aucun d’eux n’a toutefois fait l’objet de poursuites pénales.

LIBERTÉ D’EXPRESSION

Un projet de loi de dépénalisation des délits de presse, portant notamment sur la diffamation, a été déposé à la Chambre des représentants. Le texte n’avait pas été adopté à la fin de l’année.

DROIT À L’ÉDUCATION

En août, 174 organisations nationales et internationales ont demandé aux investisseurs de cesser de soutenir Bridge International Academies, une société privée qui gère 25 écoles au Liberia et dans d’autres pays africains. La Coalition pour la transparence et la responsabilité dans l’éducation avait dénoncé en mars certaines pratiques de cette entreprise, telles que la limitation du nombre d’élèves par classe dans les écoles de l’État – ce qui privait un certain nombre d’enfants de la possibilité d’être scolarisés dans une école de proximité. La gestion de ces écoles avait été confiée à Bridge International Academies en 2016.

DROITS DES FEMMES

La violence domestique, le viol et d’autres formes de violences sexuelles contre les femmes et les filles, y compris des pratiques comme les mutilations génitales féminines et les mariages précoces, demeuraient très répandus. L’impunité était toujours de mise dans la plupart des cas de viol ou d’autres formes de violences sexuelles. Un projet de loi sur la violence domestique a été adopté par le Parlement en juillet, mais n’avait pas encore été promulgué par la présidence à la fin de l’année. Le gouvernement, les Nations unies et les partenaires du développement ont continué d’investir dans des services spécifiquement chargés des violences liées au genre, mis en place au sein de postes de police et de ministères pour enquêter sur les violences sexuelles, ainsi que dans un tribunal spécialisé installé dans le comté de Montserrado, dans le nord-ouest du pays. Gérés par les pouvoirs publics, 12 centres polyvalents répartis dans sept comtés dispensaient des services médicaux et de soutien aux victimes de violences sexuelles.
Dans la plupart des cas, les victimes de viol ne pouvaient toujours pas bénéficier d’un avortement accessible et abordable, bien que la loi prévoie la possibilité d’avorter pour les victimes de violences sexuelles ayant déposé plainte à la police, sous réserve d’une autorisation délivrée par deux professionnels de la santé. Les avortements pratiqués dans de mauvaises conditions contribuaient toujours à faire du Liberia l’un des pays d’Afrique où le taux de décès et de complications liés à la maternité était le plus élevé.

DROITS DES LESBIENNES, DES GAYS ET DES PERSONNES BISEXUELLES, TRANSGENRES OU INTERSEXUÉES

Les personnes LGBTI étaient en butte à des discriminations, des actes de harcèlement et des menaces. Les relations homosexuelles entre adultes consentants demeuraient illégales au regard de la législation pénale. Un homme arrêté en juin 2012 parce qu’il était soupçonné de « sodomie volontaire » était toujours détenu à la prison centrale de Monrovia à la fin de l’année.

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