Un an après l’investiture du président Díaz-Canel, les autorités continuaient d’employer des mécanismes de contrôle imposés de longue date pour réduire au silence les voix critiques. Les autorités cubaines procédaient toujours à des arrestations arbitraires et à l’emprisonnement de journalistes et d’artistes indépendants, ainsi que de membres de l’opposition politique. Au cours de l’année, Amnesty International a nommé six prisonniers d’opinion, ce qui représentait seulement une fraction des personnes susceptibles d’être détenues pour le simple fait d’avoir exprimé pacifiquement leurs opinions ou leurs croyances. L’île est restée pour l’essentiel fermée aux observateurs indépendants des droits humains.
Contexte de la situation des droits humains à Cuba
La nouvelle administration de Cuba n’a pas ratifié les principaux traités internationaux relatifs aux droits humains, et a refusé de renforcer l’indépendance du pouvoir judiciaire ou d’adapter le droit pénal cubain afin de le rendre conforme au droit international relatif aux droits humains et aux normes s’y rapportant.
En février, Cuba a adopté une nouvelle constitution qui, entre autres, engage le pays à faire face au changement climatique. Après avoir présenté un texte initial reconnaissant les unions entre personnes du même sexe, la clause correspondante a été retirée du texte adopté suite à l’opposition de représentants religieux.
En mai, le gouvernement a annulé la marche des fiertés contre l’homophobie, et a arrêté les militant.e.s qui ont participé à une marche alternative, selon les médias.
Le gouvernement des États-Unis a poursuivi son retour à la rhétorique de la guerre froide et a renforcé l’embargo en vigueur depuis des décennies qui porte atteinte aux droits économiques et sociaux à Cuba.
SURVEILLANCE INTERNATIONALE
Cuba demeurait le seul pays des Amériques où Amnesty International et d’autres organisations et mécanismes indépendants de défense des droits humains n’étaient pas autorisés à se rendre pour observer la situation des droits humains.
REPRESSION DES DISSIDENTS
La nouvelle administration cubaine continuait d’utiliser divers mécanismes de contrôle pour réprimer les voix critiques et dissidentes.
En février, selon l’Observatoire ouvert des interférences réseau (OONI), les autorités cubaines ont bloqué plusieurs sites Internet de médias indépendants au moment du referendum constitutionnel et ont commencé à utiliser des techniques de censure en ligne plus élaborées.
En septembre, selon les médias, Twitter a suspendu temporairement les comptes de plusieurs représentants de l’État, notamment de l’ancien président Raúl Castro, et les comptes d’autres médias détenus par l’État. Alors que les autorités cubaines ont accusé Twitter de censure, Twitter a rappelé ses règles qui interdisent l’amplification ou la perturbation des conversations (en ligne) au moyen de comptes multiples. Cette mesure est intervenue alors que des blogueurs et des médias cubains indépendants dénonçaient l’utilisation par les autorités cubaines de faux comptes et de « bots » (robots) pour contrôler les débats en ligne.
Si les médias indépendants continuaient de fonctionner, les personnes travaillant pour des sources d’information alternatives en ligne étaient exposées au harcèlement et à la détention arbitraire. En octobre, plus d’une dizaine de sites Internet de médias indépendants cubains ont publié une déclaration demandant la fin d’une « vague de répression » contre la presse indépendante.
En parallèle, au cours de l’année, les autorités ont harcelé et arrêté des artistes indépendants s’opposant au décret 349, une loi dystopique votée en avril 2018 qui oblige les artistes à demander une autorisation préalable pour réaliser leur travail.
En octobre, José Daniel Ferrer García, dirigeant de l’Union patriotique de Cuba (UNPACU), un groupement d’opposition politique non reconnu , a été arrêté et était toujours en prison à la fin de l’année, ce qui a suscité des critiques au niveau international.
PRISONNIERS D’OPINION
Un peu plus d’un an après l’investiture du président Miguel Díaz-Canel, l’ONG Cuban Prisoners Defenders, qui a des liens avec l’UNPACU, a déclaré qu’au moins 71 personnes étaient emprisonnées suite à des accusations à caractère politique.
En août, après avoir étudié quelques-unes de ces affaires, Amnesty International a reconnu cinq personnes en tant que prisonnières d’opinion, car détenues uniquement pour leur participation à des groupements politiques d’opposition non reconnus par les autorités. Elles ont toutes été accusées d’infractions qui ne sont pas reconnues par le droit international, telles que l’ « outrage » ou la « dangerosité », ou qui sont utilisées depuis des décennies à Cuba pour réduire au silence les voix critiques.
En septembre, Roberto Quiñones Haces, journaliste pour le journal indépendant Cubanet, a été inculpé pour résistance et désobéissance et condamné à un an de prison. Il s’agissait d’un prisonnier d’opinion détenu pour le simple fait d’avoir exercé son droit à la liberté d’expression . Le Comité pour la protection des journalistes et l’organisation de défense des droits humains Article 19 ont également condamné son emprisonnement.
DROITS ECONOMIQUES, SOCIAUX ET CULTURELS
Avec la répression en toile de fond et dans le contexte du nouveau renforcement de l’embargo économique des États-Unis imposé par l’administration de Donald Trump, ainsi que de la réduction de l’aide financière apportée par le Venezuela, principal allié de Cuba, les difficultés économiques de l’île se sont accentuées, selon les médias.
À la fin de l’année, les Cubains souffraient d’une pénurie de denrées alimentaires, de médicaments et de pétrole. De nombreux commentateurs ont comparé la situation à la crise économique appelée « período especial » (période spéciale) dans les années 1990, qui avait coïncidé avec l’effondrement de l’ancienne Union soviétique.