Malawi - Rapport annuel 2020

carte Malawi rapport annuel amnesty

République du Malawi
Chef de l’État et du gouvernement : Lazarus McCarthy Chakwera (a remplacé Arthur Peter Mutharika en juin)

Des défenseur·e·s des droits humains ont fait l’objet de manœuvres d’intimidation, de harcèlement et d’arrestations arbitraires. L’indépendance du système judiciaire a continué de faire l’objet d’attaques de la part du pouvoir exécutif. Les prisons étaient surpeuplées et les conditions de détention déplorables. Cette année encore, des personnes atteintes d’albinisme ont été agressées.

Contexte de la situation des droits humains au Malawi

En février, à la suite de manifestations de grande ampleur contre l’élection présidentielle controversée de 2019, la Cour constitutionnelle a annulé les résultats de ce scrutin à l’issue duquel le président sortant, Arthur Peter Mutharika, avait été réélu, et elle a appelé à la tenue d’une nouvelle élection dans les 150 jours, ainsi qu’à une réforme de la Loi relative à la Commission électorale. L’élection a eu lieu en juin et un nouveau président a été élu.

En mars, le gouvernement a déclaré l’état de catastrophe naturelle face à la pandémie de COVID-19.

Liberté d’expression

Défenseures et défenseurs des droits humains

Des défenseur·e·s des droits humains ont fait l’objet d’actes d’intimidation, de harcèlement, d’attaques et d’arrestations tandis que les autorités organisaient une répression contre l’opposition à l’approche de l’élection de juin.

Entre mars et juin, dans des déclarations publiques, le président et des représentants haut placés du parti au pouvoir ont émis des menaces contre des défenseur·e·s des droits humains et des militant·e·s.

Timothy Mtambo, Gift Trapence et MacDonald Sembereka, membres de la Coalition des défenseurs des droits humains, ont été arrêtés en mars pour avoir appelé la population à manifester devant la résidence du président pour le pousser à accepter la proposition de loi portant réforme de la législation électorale. Inculpés au titre du Code pénal d’« incitation à contrevenir à la loi », entre autres, ils ont été placés en détention à la prison de Maula, située à Lilongwé, la capitale. La police les a libérés quatre jours plus tard en leur imposant des conditions de liberté sous caution très strictes.

Autorités judiciaires

En juin, deux semaines avant l’élection, le bureau du président a publié un avis visant Andrew Nyirenda, président de la Cour suprême d’appel, et Edward Twea, un autre juge, et les plaçant en congé forcé en attendant leur départ à la retraite, avec effet immédiat. Cette mesure était irrégulière, étant donné que le bureau du président n’a pas le pouvoir de prendre une telle décision, et a été largement considérée comme une sanction envers les deux hommes pour avoir pris part à la décision d’annuler en février l’élection de 2019.

Droit à la santé

En août, le président a gracié 499 détenu·e·s afin de limiter la surpopulation dans les lieux de détention et réduire les risques de propagation du COVID-19. Les prisons restaient néanmoins surpeuplées, ce qui présentait un risque pour la santé des personnes détenues. Plus de 107 détenu·e·s et 27 membres du personnel pénitentiaire avaient contracté le COVID-19 en août, ce qui représentait 3 % du nombre de cas total dans le pays. Les lieux de détention étaient dans un état déplorable et les quantités de nourriture et d’eau, ainsi que l’accès aux traitements médicaux, étaient insuffisants dans tout le pays.

Discrimination – les personnes atteintes d’albinisme

Entre janvier et octobre, au moins trois tentatives d’enlèvement ont visé des personnes atteintes d’albinisme. En janvier, la tombe d’un enfant albinos de deux ans a été profanée à Mulanje. En février, à Mzimba, Tafwauli Ngona, âgée de 92 ans, a été agressée par un homme non identifié, qui lui a coupé deux orteils.

Le procès de 12 personnes qui comparaissaient dans l’affaire du meurtre de MacDonald Masambuka, dont le corps avait été retrouvé abandonné dans un champ en 2018, s’est poursuivi. Un ancien conseiller présidentiel et plusieurs hommes politiques étaient impliqués dans cet homicide, mais ils n’ont pas été inculpés.

Homicides illégaux

En juillet, la responsable de la police de la région du Centre et 11 autres policiers et policières ont été arrêtés en lien avec la mort de Buleya Lule. Cet homme était décédé en 2019 alors qu’il se trouvait en garde à vue dans un poste de police de la zone 3 de Lilongwé. Selon un rapport d’autopsie, il serait mort après avoir reçu des décharges électriques. Il était détenu dans le cadre de l’enquête sur l’enlèvement et le meurtre à Dedza d’un adolescent de 14 ans atteint d’albinisme.

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