Des milliers de personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint le couvre-feu décrété en mars par le gouvernement dans le but d’enrayer la propagation de la pandémie de COVID-19. Le personnel soignant a travaillé dans des conditions difficiles pendant la pandémie, souvent sans équipements de protection individuelle et parfois même sans contrat de travail ni salaire. Les attaques visant des défenseur·e·s des droits humains ont augmenté et le Congrès a adopté une loi qui mettait en péril le droit de défendre les droits humains.
Droit de circuler librement
En réaction à la pandémie de COVID-19, le gouvernement a décrété l’« état de calamité » le 4 mars et fermé les frontières et imposé un couvre-feu à partir du 16 mars. D’après les autorités, plus de 40 000 personnes ont été arrêtées pour avoir enfreint le couvre-feu dans les six mois qui ont suivi son entrée en vigueur. Selon les médias, des personnes qui n’avaient pas d’autre choix que de continuer à travailler dans l’économie informelle auraient été placées en détention. Le 17 juin, pendant le couvre-feu, la police aurait également perpétré une exécution extrajudiciaire à Guatemala, la capitale.
Droit à la santé – personnel soignant
Pendant la pandémie, le personnel soignant a travaillé dans des conditions précaires et dénoncé à plusieurs reprises le manque d’équipements de protection individuelle dans les hôpitaux. Début mai, un groupe de médecins de l’hôpital temporaire mis en place dans le Parque de la Industria de la ville de Guatemala pour prendre en charge les personnes atteintes de COVID-19 a déclaré travailler sans contrat ni salaire depuis le début de la pandémie.
Droit à l’alimentation et à l’eau
Les mesures de confinement ont aggravé la situation économique précaire de nombreux foyers au Guatemala, où le taux de malnutrition infantile chronique était déjà parmi les plus élevés de la région. Des drapeaux blancs sont apparus aux fenêtres des logements, indiquant que les personnes qui les occupaient n’avaient pas à manger, et de longues files d’attente se sont formées devant les initiatives solidaires de distribution alimentaire, comme la Marmite communautaire à Guatemala. Le procureur des droits humains et les médias ont signalé que les habitants de plusieurs quartiers et certaines communautés n’avaient pas accès à l’eau et ne pouvaient donc pas adopter les mesures d’hygiène adéquates pendant la pandémie de COVID-19. Les conséquences dévastatrices des ouragans Eta et Iota, qui ont frappé plus de deux millions de personnes en novembre, faisaient craindre une aggravation des crises alimentaire et sanitaire.
Droits des personnes migrantes
Selon les chiffres disponibles en novembre, plus de 41 000 Guatémaltèques qui avaient gagné le Mexique et les États-Unis pour fuir la violence, la pauvreté et les inégalités ont été renvoyés dans leur pays au cours de l’année. Les premiers centres d’accueil temporaires mis en place pour recevoir ces personnes et leur faire passer des tests de dépistage du COVID-19 ne respectaient pas toujours les conditions minimales requises en matière d’hébergement.
Défenseures et défenseurs des droits humains
Selon l’organisation locale Unité de protection des défenseures et défenseurs des droits humains au Guatemala (UDEFEGUA), les attaques contre les défenseur·e·s des droits humains ont augmenté en 2020 par rapport aux années précédentes, avec un total de 1004 agressions enregistrées au 15 décembre. Les personnes qui travaillaient sur les droits relatifs à la terre, au territoire et à l’environnement étaient particulièrement exposées.
Ces personnes, ainsi que les femmes agissant en faveur des droits en matière de sexualité et de procréation et les personnes luttant contre l’impunité et la corruption, étaient également la cible de plaintes et de poursuites pénales infondées dans le cadre d’une utilisation abusive du système pénal visant à les harceler et à les punir pour leurs activités. Le procureur des droits humains a fait l’objet de plusieurs plaintes et demandes de révocation en raison de ses activités.
En septembre, une cour d’appel a alourdi la peine d’emprisonnement du prisonnier d’opinion Bernardo Caal Xol, incarcéré depuis janvier 2018 pour avoir défendu les droits des communautés indigènes concernées par la construction du barrage hydroélectrique OXEC.
La grande majorité des agressions commises contre des personnes luttant pour les droits humains demeuraient en général impunies. À la fin de l’année, le Guatemala n’avait toujours pas adopté la politique de protection des défenseur·e·s des droits humains requise en 2014 par la Cour interaméricaine des droits de l’homme.
Malgré les nombreuses préoccupations soulevées par les organes de protection des droits humains des Nations unies et des organisations internationales et locales, le Congrès a modifié la loi sur les ONG en février. Le Décret 4-2020 a ajouté à cette loi des conditions concernant le fonctionnement des ONG et pourrait conduire à leur fermeture arbitraire. L’application de ce décret a cependant été suspendue dans l’attente de l’examen d’un recours déposé devant la Cour constitutionnelle.
Recours excessif à la force
Le 21 novembre, la police nationale civile a eu recours à une force excessive pour réprimer une manifestation dans la ville de Guatemala. Les forces de l’ordre ont utilisé sans nécessité et sans distinction du gaz lacrymogène et des canons à eau contre les manifestant·e·s et les passant·e·s et ont procédé à une dizaine d’arrestations violentes, notamment de journalistes.
Impunité
L’avenir de la lutte contre l’impunité dans les affaires de corruption et d’atteintes aux droits humains restait menacé. À plusieurs reprises, des procureur·e·s, des juges et des magistrat·e·s ayant travaillé sur des affaires emblématiques de la lutte contre l’impunité ont fait l’objet de plaintes et d’intenses campagnes de dénigrement dans les médias visant à les discréditer.
Cette lutte contre l’impunité était également au cœur des problèmes de sélection de nouveaux magistrats et magistrates pour la Cour suprême et les cours d’appel. Cette sélection, qui était attendue depuis 2019, a été de nouveau reportée à cause d’un nouveau scandale de corruption et de retards dans le vote du Congrès.
Violences faites aux femmes et aux filles
Des organisations ont dénoncé le fait que, malgré le niveau élevé de violence que subissaient les femmes et les filles, les hébergements temporaires connus sous le nom de Centres de soutien intégral pour les femmes victimes de violences (CAIMUS) étaient insuffisamment financés. Ces organisations se sont en outre mobilisées contre l’intention du gouvernement de fermer le Secrétariat présidentiel de la femme (SEPREM) et de le remplacer par une commission moins influente.
L’enquête sur la mort de 41 jeunes filles en mars 2017 dans un incendie au foyer d’accueil Virgen de la Asunción, géré par l’État, était toujours en cours. À la fin de l’année, aucune des personnes inculpées ou présumées responsables n’avait été reconnue coupable.