Pendant la pandémie de COVID-19, les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive pour faire respecter les confinements et assurer le maintien de l’ordre lors des manifestations. Le personnel de santé a attiré l’attention sur les risques sanitaires liés au manque d’équipements de protection individuelle dans les hôpitaux. Le Honduras restait l’un des pays les plus meurtriers pour les personnes qui défendaient les droits humains.
Contexte de la situation des droits humains au Honduras
Le niveau de violence demeurait élevé et l’impunité généralisée, de même que la pauvreté et les inégalités. En novembre, les inondations et les glissements de terrain dévastateurs provoqués par les ouragans Eta et Iota ont fait au moins 94 morts et touché près de quatre millions de personnes, soulevant de graves préoccupations en ce qui concerne les droits à l’alimentation, à l’eau et aux moyens de subsistance de groupes déjà marginalisés.
Recours excessif à la force
La police et l’armée ont fait usage d’une force excessive pour faire respecter les couvre-feux et les confinements nationaux et locaux adoptés en réponse à la pandémie de COVID-19, ainsi que pour réprimer les manifestations déclenchées par le manque d’aide alimentaire de l’État et le chômage. Des organisations de la société civile ont fait état de blessures et de détentions arbitraires (notamment de journalistes qui couvraient les manifestations), et d’au moins une possible exécution extrajudiciaire.
Droit à la santé
Personnel soignant
La pandémie a empiré les conditions de travail déjà précaires du personnel soignant, sur fond d’allégations de corruption et de protestations relatives à la gestion inadéquate des fonds d’urgence pour l’achat de médicaments et de matériel. Le personnel soignant a attiré l’attention à maintes reprises sur le manque d’équipements de protection individuelle.
Dans plusieurs hôpitaux, il a été demandé aux professionnel·le·s de santé de signer des accords de confidentialité qui leur interdisaient de s’exprimer publiquement sur leurs préoccupations.
Droits des personnes migrantes ou réfugiées
En janvier et en octobre, des milliers de Honduriens et de Honduriennes ont rejoint des « caravanes » afin de quitter le pays, fuyant la violence et la pauvreté. Dans la grande majorité des cas, ces personnes ont été renvoyées ou expulsées au Honduras depuis le Mexique, les États-Unis et le Guatemala, souvent en violation de leurs droits.
Défenseures et défenseurs des droits humains
Cette année encore, les défenseur·e·s des droits humains, en particulier des droits liés au territoire, à l’environnement et à l’accès à la terre, ont fait face à de multiples violences. Ces attaques sont pour la plupart restées impunies.
Le procès d’un homme d’affaires arrêté en 2018 et accusé d’avoir une responsabilité dans l’assassinat de la dirigeante indigène Berta Cáceres n’avait toujours pas commencé à la fin de l’année. Le Conseil civique d’organisations populaires et indigènes du Honduras (COPINH) n’a eu de cesse de dénoncer les retards et les irrégularités de la procédure dans cette affaire. L’enquête sur les autres personnes soupçonnées d’avoir planifié et ordonné cet homicide n’a pas progressé.
Cinq hommes de la communauté garifuna d’El Triunfo de la Cruz, dont quatre militants de l’Organisation fraternelle noire du Honduras (OFRANEH), auraient été victimes de disparition forcée. Ils ont été enlevés le 18 juillet par des individus non identifiés, vêtus comme des policiers. À la fin de l’année, on ignorait tout du sort de ces cinq hommes et de l’endroit où ils se trouvaient.
En outre, les défenseur·e·s des droits humains ont continué de faire l’objet de procédures judiciaires infondées visant à les intimider, à les harceler et à entraver leur travail en faveur des droits humains. Des membres du Comité municipal de défense des biens publics et communs (CMDBCP) ont notamment été visés par de telles procédures.
Un nouveau Code pénal est entré en vigueur en juin. Il contenait des dispositions parfois ambiguës ou contraires au principe de légalité, et susceptibles d’être interprétées de manière arbitraire en vue de restreindre l’exercice de la liberté de réunion et d’association et de renforcer la répression pénale contre les défenseur·e·s des droits humains.
Violences fondées sur le genre
Les femmes et les filles étaient confrontées à un niveau élevé de violences liées au genre. L’observatoire sur la violence de l’université nationale du Honduras a dénombré 224 féminicides entre janvier et décembre. D’après l’ONG Mouvement des femmes pour la paix « Visitación Padilla », le 911, dispositif national d’appel d’urgence, a enregistré plus de 65 000 appels concernant des violences conjugales et intrafamiliales entre janvier et octobre.
L’organisation Cattrachas a déploré au moins 19 morts violentes de personnes LGBTI, et a dénoncé l’impunité généralisée dont jouissaient les auteurs de ces crimes.