L’état d’urgence a été déclaré en raison de la pandémie de COVID-19. Les autorités ont continué de restreindre le droit à la liberté d’expression et d’intimider les journalistes. Les violences intercommunautaires ont fait des dizaines de morts. Les femmes étaient toujours exposées à un niveau élevé de violences fondées sur le genre.
Contexte de la situation des droits humains en Papouasie-Nouvelle-Guinée
Le gouvernement a déclaré l’état d’urgence après le premier cas confirmé de COVID-19 dans le pays en mars, avant de remplacer ce régime en juin par la Loi nationale de 2020 relative à la pandémie. Ce texte, qui est venu nourrir des préoccupations déjà existantes en matière de contrôle parlementaire, devait rester en vigueur jusqu’à ce que le Premier ministre déclare la fin de la pandémie ou de l’urgence sanitaire. Au début de la pandémie, le pays a fermé ses frontières aux personnes venant de tous les pays d’Asie, sans se limiter à ceux où des cas de COVID-19 avaient été confirmés. De ce fait, des étudiant·e·s papouans-néo-guinéens se sont retrouvés bloqués aux Philippines. La réglementation relative à l’état d’urgence a octroyé de vastes prérogatives aux pouvoirs publics pour restreindre le droit de circuler librement et la liberté d’expression et pour imposer des mises en quarantaine. Selon certaines informations, la police a fait usage d’une force excessive pour faire respecter ces restrictions.
Seul un tiers environ de la population avait accès à l’électricité et 41 % à de l’eau potable. Les restrictions et les confinements liés à la pandémie de COVID-19 ont entravé l’approvisionnement en vivres et ont provoqué une augmentation des prix des denrées alimentaires.
À la fin de l’année, le Parlement n’avait pas encore promulgué de loi visant à concrétiser le résultat du référendum organisé en 2019, lors duquel les votant·e·s s’étaient majoritairement prononcés en faveur de l’indépendance de Bougainville à l’égard de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Bougainville était toujours gouvernée comme une région autonome.
Liberté d’expression et de réunion
En avril, le ministre de la Police a critiqué deux journalistes et demandé leur licenciement parce que les deux hommes avaient publié un article sur les dépenses publiques de fonds destinés à la lutte contre le COVID-19. Les dispositions relatives à l’état d’urgence, qui prévoyaient des amendes et des peines de prison pour des actes définis en termes vagues, tels que la diffusion d’« informations trompeuses », pouvaient restreindre de manière excessive le droit à la liberté d’expression1.
Personnes réfugiées ou demandeuses d’asile
En mars, seuls quatre réfugiés et demandeurs d’asile se trouvaient toujours sur l’île de Manus, les autres ayant été envoyés dans la capitale, Port Moresby. Les 18 hommes, sur 53, qui étaient toujours enfermés au centre de détention de Bomana au début de l’année ont été libérés le 23 janvier, alors que des informations sur leurs conditions de détention déplorables venaient d’être rendues publiques.
Violences fondées sur le genre
Femmes et filles
Les femmes et les filles ont continué d’être la cible de violences sexuelles et d’autres violences fondées sur le genre, tandis que les ressources affectées à la résolution de ce problème étaient insuffisantes. Les femmes et les enfants étaient exposés à des violences physiques et sexuelles de la part de partenaires intimes, de membres de leur famille ou d’autres personnes de leur entourage, parfois en raison d’accusations de sorcellerie. Les femmes et les filles ne bénéficiaient que d’un accès limité aux services de santé sexuelle et reproductive et l’avortement était toujours interdit.
Travailleuses et travailleurs du sexe
Le travail du sexe et les relations entre adultes consentants de même sexe demeuraient illégaux. En septembre, l’agression d’une travailleuse du sexe de Port Moresby, victime d’un viol en réunion et rouée de coups, a déclenché des appels en faveur d’une protection des travailleuses et travailleurs du sexe contre la violence.
Droit à la santé
Dans le cadre des mesures qu’il a prises pour lutter contre la pandémie de COVID-19, le gouvernement n’a guère aidé les personnes travaillant dans le secteur informel ; les femmes ont été particulièrement touchées.
Le taux de pauvreté élevé et la présence d’autres maladies chroniques, associés à un accès limité aux soins de santé, ont aggravé la situation des personnes ayant contracté le COVID-19.
Personnel soignant
En mars, 600 infirmières et infirmiers ont entamé une grève pour protester contre le manque de sécurité et d’hygiène auquel ils étaient confrontés dans leur travail. Au 21 décembre, la Papouasie-Nouvelle-Guinée avait recensé 761 cas de COVID-19 et huit décès confirmés. Les provinces les plus touchées étaient la province de l’Ouest (à la frontière avec l’Indonésie) et la province centrale (autour de Port Moresby). Au moins un professionnel de la santé est décédé et des foyers se sont rapidement déclarés dans des hôpitaux et dans un centre de dépistage. Des membres du personnel soignant ont déploré le manque d’équipements de protection individuelle adaptés.
Échecs dans la prévention des violences communautaires
Dix personnes, dont trois enfants, ont été tuées à Porgera en mars, après l’homicide d’un policier en janvier. La police craignait qu’il s’agisse de représailles en lien avec des homicides commis en 2019. En juillet, 24 personnes de la province de Hela, dont deux femmes enceintes, ont été tuées au cours de violents affrontements entre communautés locales qui ont duré trois jours. Il était difficile de déterminer à quoi étaient dues ces attaques, mais les déficiences du maintien de l’ordre ont contribué à l’augmentation de la violence intercommunautaire.
Dégradations de l’environnement
En septembre, plus de 150 habitant·e·s de Bougainville ont déposé plainte en Australie contre la compagnie minière australienne Rio Tinto afin de demander des réparations pour des dégradations de l’environnement qui auraient été provoquées par l’exploitation de la mine de cuivre et d’or de Panguna entre 1972 et 1989.
1Pacific countries must not use COVID-19 to regress on human rights (ASA 05/2144/2020)