Des cas de recours excessif à la force ont été signalés. Les prisons étaient toujours surpeuplées. Les femmes ont continué de subir des discriminations et des violences liées au genre. Les attaques contre les personnes LGBTI se sont intensifiées. Des mesures ont été prises pour commencer la vaccination anti-COVID-19 des personnes à risque et des travailleuses et travailleurs essentiels. Des personnes se sont retrouvées sans abri à la suite d’expulsions forcées.
Contexte
Le président Nana Akufo-Addo a prêté serment pour un second mandat en janvier. Au mois de mai, plusieurs déclinaisons du hashtag #FixTheCountry (Réparez le pays) ont commencé à être utilisées sur les réseaux sociaux par de jeunes Ghanéen·ne·s appelant à des réformes sociales et économiques.
Recours excessif et inutile à la force
Les forces de sécurité ont eu recours à une force excessive et inutile à plusieurs reprises.
Plusieurs médias ont indiqué que des agents de la Sécurité nationale s’en étaient pris au journaliste Peter Tabiri le 7 mai alors qu’il couvrait une descente de police dans un casino. Les agents lui auraient donné des coups de pied, l’auraient giflé et l’auraient aspergé d’eau, le blessant à l’oreille droite.
Le 11 mai, des agents de la Sécurité nationale ont arrêté et semble-t-il agressé le reporter Caleb Kudah, de Citi FM, parce qu’il filmait des véhicules financés par l’État qui étaient à l’abandon dans les locaux de la Sécurité nationale. Ils ont ensuite mené une opération au siège de Citi FM et arrêté Zoe Abu-Baidoo, une collègue de Caleb Kudah. Les deux journalistes ont été libérés sans inculpation.
Des membres de la police et des forces armées ont tué par balle deux manifestants et en ont blessé quatre autres lors d’une manifestation le 29 juin dans le district d’Ejura Sekyedumase (région Ashanti). Une commission ministérielle composée de trois membres a été chargée de mener une enquête sur ces faits. Elle a remis son rapport au gouvernement en juillet.
Le 1er juillet, à Wa, dans la région du Haut Ghana occidental, des militaires se sont livrés à un déchaînement de violence, frappant des gens à cause d’un vol présumé de téléphone. Le haut-commandement de l’armée a chargé une commission de quatre membres d’enquêter sur cette affaire. Trois militaires de la caserne de Wa ont été rétrogradés et huit autres sont passés en conseil de discipline et ont été incarcérés 30 jours.
Arrestations et détentions arbitraires
Le 14 janvier, un policier a arrêté Selorm Gborbidzi, reporter du journal The Finder, basé à Accra, parce qu’il avait commencé à filmer une altercation entre ce policier et le conducteur d’un véhicule utilitaire. Le journaliste a été relâché au bout de quatre heures et inculpé d’entrave à la justice, outrage à agent et capture illégale d’images vidéo d’un fonctionnaire de police dans l’exercice de ses fonctions.
Conditions de détention inhumaines
Les prisons étaient toujours surpeuplées. Selon la direction générale des services pénitentiaires, au 24 juin, la population carcérale totale s’élevait à 13 200 personnes pour une capacité maximale autorisée de 9 945 places. Les personnes incarcérées étaient insuffisamment nourries en raison de la faible somme allouée à l’alimentation, qui s’élevait à 1,80 cédis ghanéens (0,30 dollar des États-Unis) par jour et par détenu·e.
Droits des femmes et des filles
Le projet de loi sur la discrimination positive n’avait toujours pas été adopté à la fin de l’année.
En mars, le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) au Ghana a lancé, en partenariat avec le gouvernement, le Centre d’aide Orange et l’application mobile Boame, destinés à faciliter le signalement des violences liées au genre.
Les « camps de sorcières » sont restés ouverts alors que le gouvernement s’était engagé à les fermer. Des femmes âgées accusées de sorcellerie risquaient d’être bannies et enfermées dans ces camps. Le 23 juillet, un an après le lynchage d’une femme âgée par un groupe d’hommes et de femmes, un événement commémoratif a été organisé pour appeler le Parlement à réprimer pénalement le fait de qualifier des personnes de sorcières. En décembre, plusieurs médias ont relaté une information selon laquelle des jeunes avaient frappé à mort une femme âgée qu’ils soupçonnaient d’être une sorcière à Nalerigu, dans la province du Nord-Est.
Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes
La discrimination visant les personnes LGBTI s’est intensifiée. En février, des fonctionnaires de police ont perquisitionné et fermé les locaux, récemment inaugurés, de LGBT+ Rights Ghana, une association à but non lucratif. Le 20 mai, la police a arrêté 21 militantes et militants LGBTI, leur reprochant de s’être réunis illégalement lors d’un atelier de formation. Ces personnes ont été libérées sous caution en juin et les charges retenues contre elles ont été abandonnées le 5 août.
Une proposition de loi relative à la « promotion des droits sexuels appropriés et des valeurs familiales ghanéennes » a été soumise au Parlement en juin. Ce texte criminalisait encore davantage les personnes LGBTI et prévoyait des peines d’emprisonnement pour quiconque exprimerait son soutien ou sa « sympathie » envers une personne LGBTI. Il encourageait en outre les thérapies de conversion et la « réattribution sexuelle » pour les enfants.
Droit à la santé
Le 1er février, l’Association médicale du Ghana a fait état d’une augmentation du nombre de cas de COVID-19 chez les médecins, et a indiqué que deux d’entre eux étaient morts de cette maladie en janvier.
La vaccination anti-COVID-19 a débuté en mars pour les personnes à risque et les travailleuses et travailleurs essentiels, et des drones ont été utilisés pour livrer des vaccins en zone rurale. Le 7 mai, le vice-président, Mahamudu Bawumia, a déclaré que 2 161 fonctionnaires de l’administration pénitentiaire et 1 136 détenu·e·s souffrant de pathologies chroniques avaient été vaccinés. À la mi-décembre, moins de 10 % de la population disposait d’un schéma vaccinal complet.
Expulsions forcées
La campagne Let’s Make Accra Work (Pour un bon fonctionnement de l’Accra) lancée par le ministre régional du Grand Accra prévoyait notamment la démolition des constructions illégales. Dans le cadre de cette campagne, le 5 juillet, les autorités ont détruit les habitations de personnes qui vivaient dans le secteur de Railway Quarters, le long de Graphic Road, à Accra, les laissant sans-abri. D’anciens habitant·e·s ont déclaré dans les médias qu’ils n’avaient pas été prévenus en bonne et due forme de ces démolitions. Le même mois, quelque 3 000 personnes travaillant dans les métiers du bois à Kaase-Angola, dans la municipalité d’Asokwa, qui menaient leurs activités dans ce secteur depuis plusieurs décennies, ont été priées de libérer les lieux, le gouvernement ayant semble-t-il vendu les terrains concernés à une entreprise privée. Ces personnes ont dénoncé le fait que cette expulsion allait les priver d’un lieu de travail adéquat et donc porter atteinte à leurs moyens de subsistance.
Dégradations de l’environnement
En février, trois grandes entreprises internationales du secteur industriel se sont déclarées préoccupées par les répercussions de l’extraction de la bauxite sur la population et la vie sauvage dans la forêt d’Atewa, et ont déclaré qu’elles n’utiliseraient pas cette chaîne d’approvisionnement.
Le ministre de la Défense a annoncé en mai que 561 soldats avaient été déployés sur les rivières Birim, Offin et Oda, dans la région de l’Est et la région Ashanti, lors d’une opération de quatre jours baptisée Operation Halt, destinée à lutter contre l’exploitation minière illégale qui polluait les cours d’eau. Le 27 mai, le gouvernement a annoncé un nouveau déploiement de 401 soldats pour mettre fin aux activités illégales sur le fleuve Ankobra.