Sierra Leone - Rapport annuel 2021

carte Sierra Leone rapport annuel amnesty

République de Sierra Leone
Chef de l’État et du gouvernement : Julius Maada Bio

Le chef de l’État a promulgué la loi abolissant la peine de mort. La police a fait usage d’une force excessive, notamment contre des manifestant·e·s. L’État n’a pas protégé les droits des personnes LGBTI. Les violences sexuelles et liées au genre sont restées très fréquentes. La population sierra-léonaise a dénoncé le manque d’hygiène dans les hôpitaux, et le pays a enregistré des taux élevés de mortalité maternelle et infantile.

Contexte

En janvier, 246 personnes incarcérées, dont le membre de l’opposition Alfred Paolo Conteh, ont été libérées à la faveur d’une grâce présidentielle. Les restrictions visant à contrôler la pandémie de COVID-19 ont été renforcées. La Sierra Leone a accepté 216 des 274 recommandations formulées dans le cadre de l’EPU de l’ONU.

Peine de mort

Le 23 juillet, le Parlement a voté à l’unanimité l’abolition de la peine capitale pour tous les crimes et adopté la loi afférente, qui a été promulguée par le chef de l’État le 8 octobre.

Recours excessif à la force

Le 12 avril, des étudiant·e·s de l’Institute of Public Administration and Management (Institut de l’administration et de la gestion publiques) ont participé à une manifestation contre la publication par cet établissement d’une liste incomplète des diplômé·e·s omettant des centaines de noms. La police a dispersé violemment la manifestation. Elle a roué de coups une femme et lui a arraché sa chemise.

Trois jours plus tard, un policier a tué par balle un jeune homme à Hastings sur fond de litige foncier privé. Une enquête interne a conduit à la révocation de cinq agent·e·s des forces de police, et le policier ayant tiré a été arrêté et inculpé de meurtre.

Des recommandations visant à renforcer le Bureau indépendant des plaintes contre la police ont été soumises au ministère de l’Intérieur pour servir de base à une proposition de loi du Parlement portant sur les violences policières.

Liberté d’expression

Lors de l’EPU, le gouvernement a accepté une recommandation l’invitant à promulguer une loi visant à protéger les défenseur·e·s des droits humains. À la fin de l’année, le processus législatif à cette fin n’avait pas encore été entamé.

Droits des lesbiennes, des gays et des personnes bisexuelles, transgenres ou intersexes

Les relations sexuelles consenties entre hommes étaient toujours réprimées pénalement au titre de la Loi relative aux crimes et aux délits contre les personnes, et passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité. Les personnes LGBTI étaient toujours en butte à la discrimination et à la condamnation sociale, et l’État a rejeté toutes les recommandations qui lui ont été adressées lors de l’EPU l’exhortant à protéger leurs droits et leur dignité.

Droits des femmes et des filles

Le mariage précoce et forcé et les mutilations génitales féminines ont continué d’être largement pratiqués. D’après un rapport de l’ONG Save the Children publié en mars, la Sierra Leone figurait au 18e rang des pays du monde présentant les taux les plus élevés de mariage d’enfants. Ce rapport indiquait en outre qu’à la puberté, les jeunes filles entraient souvent dans des sociétés secrètes comme la « Bondo Society », où les mutilations génitales faisaient partie des rites d’initiation.

L’ONG Rainbo Initiative, une organisation nationale luttant contre les violences à caractère sexuel, a enregistré 1 691 cas de violences sexuelles et liées au genre, dirigées principalement contre des femmes, dont 1 522 agressions sexuelles et 169 agressions physiques, dans les villes de Freetown, Bo, Makeni et Kenema et dans le district de Kono, entre janvier et juin. En juillet, la ministre du Genre et de l’Enfance a réaffirmé l’intention du gouvernement de mettre fin à ces violences à l’horizon 2030.

En octobre, le gouvernement a soumis au Parlement un projet de loi sur l’autonomisation des femmes qui visait à accroître l’accès des femmes aux services financiers et à réserver aux femmes 30 % des sièges au Parlement et des postes ministériels.

Droit à la santé

Les taux de mortalité maternelle et infantile sont restés élevés. La population sierra-léonaise a dénoncé sur les réseaux sociaux le manque d’hygiène dans deux des principaux hôpitaux publics de Freetown : l’hôpital Connaught (le principal hôpital de recours) et la maternité Princess Christian. Le 13 avril, de jeunes médecins ont annoncé un mouvement de grève ; ils réclamaient, entre autres, l’assainissement de l’environnement de travail à l’hôpital Connaught et l’alimentation en eau courante de la maternité Princess Christian.

Le pays étant doté d’un nombre limité d’usines de production d’oxygène, les hôpitaux ont eu du mal à faire face à la troisième vague de COVID-19. Fin septembre, au moins 396 505 adultes avaient reçu une première dose de vaccin contre le COVID-19, et plus de 89 902 en avaient reçu une deuxième dose.

`Les services de santé mentale n’ont pas été à même de répondre aux besoins des personnes traumatisées par le récent conflit et à ceux des victimes d’Ebola vivant avec les séquelles du virus. Cette carence s’expliquait par un manque d’investissement de la part de l’État et des bailleurs de fonds, et un manque de personnel qualifié en santé mentale, entre autres facteurs. Le pays ne comptait que deux psychiatres locaux et un psychiatre invité pour l’ensemble de la population.

Dégradations de l’environnement

En juillet, le rapport de la commission spéciale chargée par le Parlement d’enquêter sur la contamination présumée du fleuve Taia/Jong a révélé que la pollution de l’eau résultait des activités minières de grande ampleur menées le long de la rivière Pampana et de ses affluents, dans le district de Tonkolili, et de la rivière Hugy, dans la chefferie de Valunia du district de Bo, ces cours d’eau se déversant dans le fleuve Taia/Jong. Le rapport a également révélé que ces activités minières nuisaient aux activités agricoles, à la pêche et à l’approvisionnement en eau potable. Dix-sept personnes sont mortes de maladies d’origine hydrique. La commission a donc recommandé la suspension de toutes les activités minières artisanales et illégales dans la région.

Sierra Leone. « On nous oublie » : les effets durables de la guerre et d’Ébola sur la santé mentale en Sierra Leone (AFR 51/4095/2021), 25 mai

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